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Cet ouvrage sera disponible par souscription avec pré-édition sur CD-ROM courant 2002
Préface
Comme lécrivait Marcuse en 1964, dans « Industrialisation et capitalisme » : « Peut-être le concept de la raison technique est-il lui-même idéologique. Ce nest pas seulement son utilisation, cest bien la technique elle-même qui est déjà domination sur la nature et, sur les hommes, une domination méthodique, scientifique, calculée et calculante. Ce nest pas après coup seulement, et de lextérieur, que sont imposés à la technique certaines finalités et certains intérêts appartenant en propre à la domination. Ces finalités et ces intérêts entrent déjà dans la constitution de lappareil technique lui-même. La technique, cest demblée tout un projet socio-historique : en elle se projette ce quune société, et les intérêts qui la dominent, intentionnent de faire des hommes et des choses. Cette finalité de la domination lui est consubstantielle et appartient dans cette mesure à la forme même de la raison technique ».
Marcuse, dans sa conception de la technique, a donc défini ce que Daniel Depris démontre dans ses ouvrages. Cette technique, support du progrès et du confort, nest-elle pas en train de créer une domination ? Celle des intérêts financiers sur la santé de lhomme en créant des nuisances insidieuses et progressives qui risquent, à terme, de devenir des dangers pour lhumanité. Domination de la technique créant le progrès qui amène sans doute plus de facilité que de bonheur mais dont la contrepartie sera la création de pathologies redoutables à effets irréversibles si lon ne prend pas certaines mesures.
Peut-on actuellement cesser dutiliser lénergie électrique, séclairer à loa chandelle, ne plus avoir dinformations rapides par la radio et la télévision : en un mot, nier les avantages de la civilisation ? Evidemment, non. Mais lon se doit de prendre des mesures rapidement, sinon la note sera lourde à payer. Nous arrivons au point de non-retour. Dans le n° 16 des CHE de lOMS (1981), on peut lire : « Les expositions résultant des sources artificielles dondes électromagnétiques et de micro-ondes peuvent être supérieures de plusieurs ordres de grandeur à lexposition résultant des radiations naturelles et lhomme, en tant quespèce, NA AUCUNE POSSIBILITE DE SADAPTER au niveau des fréquences radioélectriques et hyperfréquences observées dans le milieu ambiant (Presman 1968) ».
Daniel Depris, qui est un des pionniers de létude des nuisances électromagnétiques, préconise des mesures efficaces qui permettraient de maintenir le progrès à un niveau important sans pour cela revenir en arrière. Cependant, il prend soin de prévenir de la gravité de la situation et des conséquences qui interviendraient inévitablement si les nuisances continuaient à croître au rythme actuel. Il est certain que le coût sera important mais un choix est à faire entre lattentisme dangereux ou lobligation, pour les compagnies productrices dénergie électrique alternative, dinvestir pour éviter cette pollution non perceptible.
On ne peut quapprécier le travail effectué par Daniel Depris et admirer son courage et sa détermination à faire triompher ses idées, but quil sest fixé dès les années 60.
De plus en plus de scientifiques et de médecins commencent à prendre conscience de ce problème, se rapprochant ainsi des thèse de Depris lequel, dans les années 70 et 80, était un peu « la voix qui prêche dans le désert ».
David va-t-il bousculer les Goliath de la finance et des intérêts catégoriels ? Nous ne pouvons que lespérer. Ce serait, pour Daniel Depris, la juste récompense de ses efforts et de son obstination.
Docteur Louis Gougeon
Médecin-chef Honoraire
de la Caisse Primaire
dAssurance-Maladie
de lAveyron.
INTRODUCTION Le présent ouvrage a vu le jour en 1995, au moment où je m’apprêtais à publier les premiers volumes d’une série d’études consacrées aux nuisances physiques qui sont de nature à perturber notre environnement, notre lieu de travail, notre habitat et, par delà, notre santé et celle de nos familles. Un tel travail s’insère dans le cadre général de la " molysmologie " (*), discipline scientifique de synthèse qui étudie les pollutions ainsi que les rapports qui existent entre les dites pollutions et les technologies. En tant qu’expert européen, et en ma qualité de président de l’Association pour l’Utilisation Rationnelle des Ondes Radio-Electriques (A.U.R.O.R.E.), j’avais rédigé, dès 1981, un premier rapport qui s’intitulait " Ces ondes qui nous feront mourir un jour… ", document qui fut diffusé à plus de 1.000 exemplaires entre 1981 et 1989. Il ne présente plus aujourd’hui qu’un intérêt historique mais il prouve que, dès le tout début des années 80, j’avais alerté l’opinion publique, la presse, les médias et les autorités compétentes à propos des risques que représentaient, sur le plan de la santé publique et de la sécurité professionnelle, toute une série de technologies liées à l’électricité (courants alternatifs) et aux rayonnements électromagnétiques. De ce rapport découlèrent les premiers articles de presse (dès novembre 1981), les premières questions posées par des parlementaires (dès avril 1982) et ma première apparition sur un plateau de télévision (22 mars 1982). Et le 12 juillet 1985, le parlement belge adoptera la première législation européenne établissant officiellement la nocivité intrinsèque des rayonnements non ionisants. Toutefois, dans le courant des années 90, il devint évident qu’il fallait revoir la conception de l’information dans ce domaine. Je me mis donc à réécrire plusieurs ouvrages traitant, sélectivement, des différentes formes de nuisances physiques – pollutions hertziennes, pollutions imputables aux basses et très basses fréquences, nuisances " optiques ", pollutions par les infrasons et les ultrasons – mais aussi des techniques qui permettent de réduire ou d’éliminer ces nuisances comme, par exemple, l’enfouissement correct des réseaux électriques. J’allais devoir mettre sur papier une masse d’informations tout-à-fait considérable, informations découlant de connaissances scientifiques et techniques accumulées depuis des décennies mais également de mon expérience professionnelle, laquelle recouvre la période allant de 1965 à nos jours. Il s’agissait là d’un gros, très gros travail, qui allait commencer à se concrétiser avec la parution, en mai 1998, de mon livre consacré aux réseaux électriques souterrains, immergés et sous-marins. Il est apparu cependant très vite que des dispositions avaient été prises pour tenter d’empêcher la publication et la diffusion de mes ouvrages. (*) Molysmologie : terme scientifique assez récent ( il est apparu dans le courant des années 70) qui découle du grec " molusmos " qui signifie " tache " ou " souillure ". La molysmologie est donc la science qui étudie les pollutions mais aussi la manière dont elles sont produites par l’activité humaine. Les molysmologues sont donc des chercheurs qui s’efforcent d’avoir une vision globale du problème en intégrant un maximum de données scientifiques et technologiques dans leur réflexion. Ils cherchent à déterminer le rôle que les technologies jouent dans l’apparition et e développement des pollutions mais aussi la façon d’utiliser les technologies existantes ou à venir pour réduire ou supprimer les nuisances. La molysmologie est donc une science plus globale que l’écologie, d’autant que le terme " écologie " est beaucoup trop galvaudé, notamment sur le plan politique, par toutes sortes de plaisantins, de fumistes, de charlatans et d’escrocs. Les agents du département " presse et édition " des " Renseignements Généraux " me suivaient à la trace chez les éditeurs et quand, au bout de quatre longues années de recherche, je parvins enfin à me faire éditer par une petite maison toulousaine spécialisée dans les ouvrages techniques très pointus (éditions Teknéa), les sbires d’EDF tentèrent encore une manœuvre de dernière minute pour empêcher la diffusion de mon ouvrage (voir le site Internet du CEPHES qui reproduit un article relatif à cette affaire qui se déroula dans le cadre du salon des auteurs et éditeurs de la région Midi-Pyrénées). Il était évident que le même scénario allait se reproduire avec tous mes livres en préparation et je décidais de changer radicalement de stratégie en optant pour l’édition électronique et informatique. C’ est ainsi que " Les ondes de la mort " fut mon premier ouvrage a avoir été conçu pour la diffusion sur CD-Rom. Il fut complété par mon rapport de 130 pages relatif aux relais hertziens de radiotéléphonie, lequel est, lui-aussi, disponible sur CD-Rom. Le présent travail est donc le troisième de cette série " numérique " qui présente l’avantage de pouvoir être éditée avec beaucoup de souplesse et même, le cas échéant, de pouvoir être diffusée sur Internet, en tout ou en partie. En procédant de cette manière, le " système " n’a plus la possibilité de bloquer l’information par les moyens habituels et notamment par les pressions sur les éditeurs, les imprimeurs, les diffuseurs et la presse. C’est le grand mérite d’Internet que d’avoir permis aux " insoumis du système " de pouvoir s’exprimer à grande échelle avec des moyens dont le coût demeure raisonnable. Mais je dois quand même une fière chandelle à mon " web master " qui m’a assisté dans ce travail qui, pour être mené à bien, exige quand même une parfaite connaissance de la procédure informatique. Grâce à lui, le CEPHES a pu se doter d’un site attrayant. J’aurais difficilement pu parvenir moi-même à un tel résultat. Mais, mais comme dit le vieil adage " A chacun son métier et les vaches seront bien gardées " ! J’avais commencé à rédiger le présent ouvrage à la fin de 1994 et il en existait une première mouture dès 1995. Je me suis cependant retrouvé dans l’obligation de remettre mon travail sur le métier afin de l’intégrer dans notre nouvelle vision de la diffusion de l’information. La seule chose qui n’a pas changé, c’est ma manière de m’exprimer. Comme le faisait assez justement remarquer un journaliste toulousain en 1997j, ma façon de m’exprimer, de dire les choses et d’exposer les faits, contraste avec le " charabia policé " de la plupart des " experts " ou des individus qui se présentent comme tels. Je n’ai, en effet, jamais adhéré à l’idée hypocrite selon laquelle un " expert " devrait être obligatoirement un personnage " politiquement asexué " et conditionné par je ne sais quel " devoir de réserve ". Car si, à la limite, cette façon de voir les choses peuvent (éventuellement) s’appliquer aux experts payés par l’Etat – donc soumis aux règles qui leurs sont imposées par les pouvoirs publics qui les paient – l’expert authentiquement indépendant n’a de comptes à rendre qu’à ceux et à celles qui font appel à leurs services. En ce la, l’expert technique, scientifique ou médical est strictement comparable à un avocat. Il est le " conseil " de ses clients dans le domaine qui est le sien et il n’a de comptes à rendre ni à l’Etat, ni à son administration. Or, dans le cas qui est le mien, je considère – comme de nombreux avocats - que l’action politique (au sens noble du terme) est le prolongement naturel de mon travail. C’est, dans bien des cas, la seule et unique façon de lui donner un sens pratique. Ceci étant dit, il n’est pas toujours indispensable d’amener un dossier sur la place publique et, chaque fois, que cela s’avère possible, j’essaye de traiter les affaires "à l’amiable ". le problème, c’est qu’avec des interlocuteurs comme EDF et certains organismes officiels, les règlement amiables sont rarement envisageables. En France, ils représentent moins de 5 % des dossiers que j’ai été amené à traiter depuis les années 80. La situation " de conflit " étant celle que l’on rencontre le plus fréquemment, je n’ai donc jamais, depuis une vingtaine d’années, d’affirmer que nous disposons d’assez d’éléments décisifs pour que soient mis en œuvre les processus législatifs et réglementaires qui s’imposent. J’ai d’ailleurs rédigé mon premier projet de loi en 1981. C’est ce projet qui a débouché sur l’adoption de la loi-cadre belge du 12 juillet 1985. Ayant " balayé devant ma porte ", je me suis ensuite investi dans le combat au niveau européen, la seule qui soit susceptible de déboucher sur des disposition transnationales véritablement adaptées à la lutte contre les nuisances physiques de l’environnement, des nuisances qui ne s’encombrent guère des frontières et autres barrières matérielles. Et depuis 1986, année d’adoption des trois principes de base du droit européen en matière d’environnement et de santé, je m’efforce de faire appliquer ces trois principes qui constituent l’essentiel de l’article 130 R du Traité de l’Union (principe de précaution, principe de la correction à la source et principe du pollueur-payeur). C’est un combat difficile, ardu, car les grands lobbies ne cessent de mener des combats d’arrière-garde en vue d’empêcher la stricte application du droit européen (*). C’est donc en menant un combat incessant de contre-lobbying que nous parviendrons à mettre un terme plus ou moins définitif à une politique conditionnée par les mensonges éhontés que colportent les agents des groupements industriels, commerciaux et financiers mais aussi les porte-parole des pouvoirs publics et des partis politiques. Tout récemment encore, le 22 mars 2002, j’ai quitté une prétendue " réunion d’information " après avoir entendu les âneries monumentales qu’un député UDF- membre de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques – énonçait le plus sérieusement du monde. J’aurais pu l’interpeller publiquement mais comment aurais-je pu, en quelques minutes, faire la démonstration précise de tout ce que son discours avait de dangereusement mensonger ? Lui, en sa qualité d’ " élu ", il avait eu droit à près d’une heure pour présenter le travail, grossièrement manipulé, de son " office ". Et moi, je n’aurais disposé que de quatre ou cinq minutes, alors même que je connaissais bien mieux le sujet que ce " bavard parlementaire " ! Quand les dés sont truqués, il vaut mieux quitter la table de jeu ! J’ai donc laissé le député Kert à ses mensonges en me promettant, cependant, de ne pas oublier de le faire figurer en bonne place dans la liste des élus qui se sont rendus complices des lobbies, soit par spéculation, soit par incompétence. (*) Notons, en passant, que les dirigeants politiques français – qui aiment tellement de gargariser à propos des " droits de l’homme et du citoyen " - sont pourtant parmi ceux qui sont le plus enclins à faire passer les intérêts financiers, industriels et commerciaux avant les droits fondamentaux de la population. Les exemples sont légions et de nombreuses " affaires " plus ou moins récentes prouvent que l’Etats français ne se réfère au " principe de précaution " que quand ça l’arrange. Il s’applique, tout au contraire, à contourner ce même principe lorsqu’il s’agit de préserver certains intérêts sectoriels ou strictement privés. Il n’est pas inintéressant de rappeler qu’en matière de droits de l’homme, la France a le triste privilège de figurer parmi les trois pays européens (sur les 21 qui siègent au Conseil de l’Europe) qui ont été les plus souvent condamnés par la Cour européenne pour infraction aux dispositions de la Convention européenne régissant les droits inaliénables des individus ! Au pays de Voltaire, de Rousseau et de Jaurès, ça fait plutôt " mauvais genre ", non ? En fait, le niveau national n’a plus guère d’intérêt sur le plan des grandes luttes à mener. C’est en agissant au niveau européen, c’est en se servant habilement du droit communautaire, que l’on parviendra à faire condamner les Etats-membres qui continuent à se moquer ouvertement des traités dont ils sont signataires et des directives votées par leurs représentants au parlement de Strasbourg et de Bruxelles. Aujourd’hui, le pouvoir véritable n’appartient plus aux " élus de la nation ". Dépassés par des avancées scientifiques et technologiques qu’ils sont incapables de comprendre et de maîtriser, ils sont devenus les jouets des " technocrates " et des " communicants " qui travaillent pour le compte des lobbies. Dans de telles conditions, la " démocratie " n’est plus qu’une illusion et il n’y a plus guère que quelques magistrats courageux et intègres pour faire respecter les droits élémentaires des citoyens. Avec une poignée d’associations sérieuses, et en passant outre des partis politiques et des associations-bidon qui mangent au râtelier de l’Etat et des lobbies (comme les " verts " français ou les " Amis de la terre "), il faut rendre coup pour coup et se servir de tous les moyens de la procédure, depuis la procédure pénale jusqu’à la Cour de justice européenne. Et pendant que les pseudo-experts et le charlatans ne pensent qu’à leurs intérêts personnels (ils n’ont donc aucun intérêt à faire évoluer les choses et ils ne sa manifestent jamais lorsqu’il s’agit de se battre concrètement aux côtés des citoyens), il est impératif que les militants sincères demeurent plus que jamais décidés à lutter contre la mauvaise foi et l’arrogances des groupements d’intérêts, contre la cupidité des organismes sectoriels et contre la " complaisance " (pour ne pas dire la " collusion ") dont les ministères et les administrations font preuve vis-à-vis des " pollueurs " qui, par pur mercantilisme, n’hésitent pas à mettre la santé et la vie d’autrui en danger. Il ne faut pas craindre de dénoncer TOUS les coupables et de citer des noms. Que cesse le jeu hypocrite qui permet (à la rigueur) de dénoncer les problèmes mais qui interdit de désigner ceux et celles qui sont à l’origine de ces problèmes. Car si l’on ne désigne pas nommément les " responsables-coupables ", on ne peut jamais assainir valablement et durablement la situation. A quoi sert de dire que c’est la DGS (Direction Générale de la Santé) qui est responsable des graves dérives qui affectent le système français de santé publique si l'on ne peut pas nommer ceux et celles qui, au sein de cette DGS et de ses subdivisions (comme le CSHPF), organisent et couvrent les magouilles ayant pour objet de privilégier les intérêts économiques et financiers au détriment de la santé de la population ? A quoi sert de dire que de graves dysfonctionnements affectent le fonctionnement des organes directeurs d’EDF si l’on n’a pas le droit d’accuser nommément les membres du conseil d’administration ou les cadres de la direction-générale. Sur ce plan-là, la France se comporte le plus souvent comme une nation de " faux-culs " qui, sous prétexte d’éviter les " attaques personnelles ", maintient des centaines de ripoux et d’incapables à la tête de ses institutions ! C’est un comportement très " jacobin ", qui a affecté le fonctionnement des tous les régimes républicains, de la révolution de 1789 à nos jours. Et je n’ose même pas évoquer le rôle insidieux que les " cénacles occultes " ont pu jouer – et jouent encore – dans la vie politique française ! Les militants sincères et désintéresses sont peu nombreux et leurs moyens sont presque toujours dérisoires si on les compare avec ceux dont disposent les lobbies et les structures étatiques. Ils doivent donc s’efforcer de compenser leurs indéniables insuffisances par une efficacité sans cesse accrue. Car ils peuvent, s’ils le veulent vraiment, être le petit grain de sable qui sera capable, à lui seul, d’enrayer les mécanismes les plus complexes et les structures les plus puissantes, ces structures réputées " inébranlables " qui ne sont souvent que des colosses aux pieds d’argile. Mais pour y arriver, il faut connaître l’adversaire mieux que soi-même. Il faut aussi savoir se servir des armes de cet adversaire, afin de pouvoir les retourner contre lui. C’est ainsi que pour combattre le très puissant lobby de l’électricité, il faut , non seulement être parfaitement au fait de la technologie et des nuisances qu’elle engendre, mais il faut aussi avoir une connaissance " intime " des compagnies d’électricité et autres structures du lobby. Il faut pouvoir déjouer les pièges qui menacent ceux et celles qui s’opposent à ces structures, si possible en renvoyant la balle (ou la bombe !) dans leur camp.
Lebreton citait, par ailleurs, cette question qui revient sans cessa dans la bouche de la plupart des opposants : " Pourquoi ne passez-vous pas en souterrain ? ". Excellente question. Merci de l’avoir posée.
(*) Le CTE a pour objet, du moins en théorie, d’éclairer le ministre de l’Industrie et ses collaborateurs en ce qui concerne les aspects techniques des dossiers relatifs à la politique de l’électricité. Dans la pratique, le ministre se fiche éperdument des avis du CTE ou de l’office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et techniques. Le ministre étant bien évidemment incompétent dans les domaines dont il est supposé être le " responsable " vis-à-vis des citoyens, il a pour habitude de déléguer ses pouvoirs à des " conseillers " qui prennent leurs instructions auprès des lobbies et qui, bien souvent, sont directement issus de ces groupements industriels et financiers. En France, c’est le CEA et EDF qui font la loi au sein du ministère de l’Industrie et du gouvernement. Le cas le plus flagrant est celui d’Edith Cresson – ancienne appointée du groupe électronucléaire " Jeumont-Schneider " - qui fut nommée premier ministre en remplacement de Michel Rocard jugé " trop peu manipulable " par les dirigeants des grands lobbies. Son " cabinet " était un vrai repaire de brigands. Il en fut de même lorsqu’après avoir été limogée pour cause d’incompétence notoire, elle fut recasée par Mitterrand comme commissaire européen.
Le CTE, tout comme l’OPECST, ne sont que des leurres - des instances consultatives sans le moindre poids - qui permettent au système en place de laisser croire qu’il subsiste un minimum de " démocratie " dans le fonctionnement des pouvoirs publics. Il existe, en France, des dizaines d’instances de ce type qui coûtent cher à la collectivité mais ne servent strictement à rien.
Cette question pertinente – que tous les décideurs politiques et administratifs auraient dû poser depuis longtemps aux dirigeants des compagnies d’électricité – je n’ai cessé de la poser depuis près de vingt-cinq ans. Et c’est pour permettre aux citoyens, et à leurs représentants, d’y répondre eux-mêmes que j’ai rédigé un livre traitant spécifiquement des réseaux électriques " non aériens ", un ouvrage dont les dirigeants du lobby de l’électricité ont tenté, par toutes sortes de moyens (y compris des moyens fort peu avouables), d’empêcher la publication. Car ils veulent éviter que les citoyens et les élus puissent se rendre compte de l’énormité des mensonges qui ont été répandus au sein de l’opinion publique avec la complicité active d’une poignée de " ripoux " appartenant au monde de la politique, de la presse et des médias.
Mon livre est paru en mai 1998 et malgré les tentatives visant à freiner sa distribution, il a pu produire assez rapidement des effets positifs. C’est ainsi que, dans le rapport Kert de décembre 2001, on ne retrouve plus qu’une petite partie des mensonges techniques grossiers qui constituaient encore le " credo officiel " il y a de cela moins de cinq ans. Ne subsistent que ceux qui sont destinés à couvrir les bobards que François Roussely (président du CA d’EDF) et ses complices (Gayssot, Charasse,…) ont encore eu le culot de diffuser dans la presse et sur les chaînes de radio et de télévision à la suite des tempêtes de décembre 1999. C’est ainsi que le rapport Kert contient encore des éléments de désinformation en ce qui concerne, par exemple, l’encombrement au sol des liaisons souterraines THT-EHT (225 et 380/400 kV). Il est aussi pour le moins " opaque " dès qu’il s’agit d’aborder le problème des coûts comparés entre les technologies aériennes et non aériennes.
En France, les marchés publics relatifs aux ouvrages électriques (production, transformation, transport et distribution) ont toujours réussi à échapper au contrôle des instances publiques, même depuis la mise en application d’une directive européenne qui impose l’ouverture de ces marchés à la libre concurrence. Dans le cas des ouvrages nommés ci-dessus, il n’y a pas d’appels d’offres ou, si ces appels existent, ils sont truqués d’une manière ou d’une autre. Il en résulte une totale opacité qui favorise les malversations en tous genres et notamment les manœuvres de surfacturation. C’est ainsi que, dès le milieu des années 80, la Commission de la concurrence avait déjà épinglé la société Framatome (groupe Jeumont-Schneider/ Creusot-Loire) pour surfacturation au détriment d’EDF dans la construction des centrales nucléaires françaises. A cette époque, on avait estimé que ces surfacturations représentaient, au bas mot, 15 % du coût des prestations de Framatome. Vu l’importance du parc nucléaire français, cela représentait des sommes véritablement "colossales ". Mais aucun dirigeant politique français ne jugea nécessaire de faire inculper le vaniteux patron du groupe, un certain Didier Pineau-Valencienne qu’un juge belge invitera, poliment mais fermement, à visiter la prison de Forest quelques années plus tard. A ce jour, Framatome n’a jamais remboursé les dizaines de milliards qui ont été détournés par ses anciens dirigeants au profit de la " maison-mère ".
Le système est le même dans tous le secteur du génie électrique. Dans le domaine des " câbles de puissance ", il est encore facilité par le fait qu’il n’existe, en France, que trois producteurs de câbles HT-THT-EHT. Et depuis bien longtemps, les marchés sont répartis " à l’amiable " entre ces trois fournisseurs (Sagem-Silec, Alcatel-Nexans et Pirelli), toujours sans appel d’offres. M. Guy Terramorsi, qui fut l’excellent directeur de la recherche et du développement de la filiale française des Câbles Pirelli, m’a d’ailleurs affirmé que les câbliers français n’avaient pas la maîtrises des prix, lesquels étaient déterminés par EDF et le ministère de l’Industrie. Ce système, totalement illégal, permet de surfacturer au détriment d’EDF (mais avec l’accord de cette entreprise) cependant que les ventes réalisées à l’étranger sont entachées de dumping. C’est ainsi que des câbles 225 ou 400 kV sont vendus moins chers à la Chine ou à l’Indonésie (ou ailleurs) qu’à EDF ! Il permet aussi, par le biais des " commissions " de favoriser toutes sortes d’évaporation de capitaux vers les caisses des partis politiques ou des comptes strictement privés.
Les rapports de coûts qui ont été avancés par le député Kert sont donc tout aussi irrecevables que ceux qui émanent d’EDF ou de son ministère de tutelle. Ils peuvent paraître un peu plus " honnêtes " mais ils sont quand même faux puisqu’ils ne sont pas fondés sur des calculs complets – intégrant l’ensemble des paramètres d’amortissement – et qu’ils ne tiennent pas compte de ce qui vient d’être dit à propos des fraudes et des malversations financières. Mais fallait-il vraiment s’attendre à ce qu’un " office parlementaire ", composé de 12 " honorables députés " et de 12 non moins " honorables sénateurs ", mette allègrement les pieds dans le plat ? Comment pourrait-on s’imaginer qu’au pays du " politiquement correct " - et à quelques mois d’un double enjeu électoral – des parlementaires puissent dénoncer un système qui existe depuis plus d’un demi-siècle, un système qui a été couvert par tous les partis politiques qui se sont partagés le pouvoir depuis la fin de la seconde guerre mondiale ? Car s’il fallait un jour amener cette affaire sur la place publique, il faudrait faire citer à la barre – non comme témoins mais comme prévenus – tous les ministres de l’Industrie, tous les présidents d’EDF, tous les directeurs-généraux d’EDF, tous les dirigeants des entreprises qui fournissent du matériel ou des prestations à EDF ainsi qu’un nombre incalculable de fonctionnaires. Des centaines de " voyous en col blanc " se retrouveraient accusés de forfaiture, de malversations, de dissimulation de fraude, de faux en écritures, etc…, etc… A côté d’une tel déballage, l’affaire ELF pourrait apparaître comme une plaisanterie !
Non, vraiment, il fallait être bien naïf pour s’imaginer que des parlementaires en poste pouvaient être assez honnêtes et courageux pour dénoncer publiquement un tel scandale. Il fallait donc cautionner des chiffres dont tous les vrais spécialistes savent qu’ils sont faux ! Même certains dirigeants associatifs savent que ces chiffres sont faux. Mais pour demeurer " politiquement corrects ", ils s’abstiennent d’aborder ce " sujet qui fâche ". C’est ainsi que, lors de l’élaboration du rapport qui m’avait été commandé par l’association " Quercy Blanc Environnement " pour le compte du Conseil-général du Tarn-et-Garonne, de plusieurs communautés de communes (Montaigu-de-Quercy, Montcuq,…) et du syndicat de défense des vins AOC Cahors (ce rapport peut être consulté sur Internet), les deux " superviseurs " de cette association (MM. Dauvois et de Portes) m’obligèrent à supprimer le sous-chapitre qui abordait le problème, pourtant essentiel, des surfacturations et autres anomalies affectant les marchés publics dans le secteur du génie électrique. Selon leurs arguments, il fallait éviter de " choquer " certains commanditaires du rapport.
Evidemment, quand je suis amené à travailler pour tel ou tel commanditaire, je me retrouve souvent dans l’obligation de mettre de l’eau dans mon vin. Leurs exigences n’affectent pas la rigueur scientifique et technique de mon travail mais elles peuvent m’amener à édulcorer mes propos et, dans certains cas, à mettre certains aspects du problème " entre parenthèses ". Il n’y a que dans mes livres, dans mes articles – et dans les communiqués que je rédige pour le compte du CEPHES – que je suis entièrement libre de dire ce que je pense. A ce propos, je m’élève, une fois encore, contre la notion de " politiquement correct ", une notion typiquement française et spécifiquement hypocrite. Pour moi, l’homme public – et j’en suis un – se doit d’être " correct tout court " vis-à-vis d’autrui et de lui-même. Il n’a pas à faire preuve d’une forme particulière de " correction " vis-à-vis de l’establishment politique. Je suis même assez fier d’être considéré par d’aucuns comme " politiquement incorrect ". Cela prouve que je fais bien mon travail et pour moi c’est l’essentiel.
Mais pour en revenir au rapport Kert, il me faut aussi insister sur le fait que ce document est gravement mensonger sur le plan des effets que les champs électromagnétiques à très basse fréquence peuvent produire chez les humains et les animaux. Ici encore, l’office parlementaire cherche à accréditer la politique de désinformation qui est menée par le lobby industriel avec la complicité de l’administration sanitaire et du ministère de la santé.
C’est pour ces différentes raisons que j’ai quitté ostensiblement la salle pendant l’exposé de Christian Kert, le 22 mars 2002 à Montcuq (Lot). Si je l’avais interpellé comme il le méritait, on n’aurait pas manqué de me faire passer pour un " fouteur de merde ". Et de toute façon, je pense que le député Kert ne mérite même pas que l’on lui fasse l’honneur d’une interpellation publique. Il est sans doute plus stupide que malhonnête et, dans mon pays, la sagesse populaire enseigne qu’il faut toujours laisser les imbéciles pour ce qu’ils sont. Il ne fallait pas, non plus, que ma présence puisse être considérée comme une forme d’approbation. En me levant et en quittant la salle au vu et au su de tous le monde, j’ai manifesté ma désapprobation de la façon la plus digne qui soit, sans agresser personne, sans gêner le déroulement de cette petite " fête républicaine ". De toute façons, je n’aurais pas pu m’exprimer valablement en quelques minutes et il valait mieux que je communique à ma manière, sous la forme d’une " lettre ouverte " de sept pages regroupant l’ensemble de mes remarques et de mes récriminations.
De toutes façons, le rapport Kert, tout comme celui du sénateur Sérusclat, ne servira sans doute pas à grand chose. J’ai déjà dit ce que je pensais des instances de " concertation " et des " offices " en tous genres qui ne sont, pour moi, que des leurres destinés à berner les citoyens. Et tandis que les pouvoirs publics " encommissionnent " les problèmes, en graissant la patte à tout un petit monde de pseudo-experts, les véritables décideurs manipulent ministères et administrations de manière à imposer leur politique. Ces véritables décideurs, ce sont les technocrates à la solde des lobbies. Leur politique, c’est la politique du profit à court terme, c’est la politique du capitalisme sauvage.
Même l’arrivée des " verts " dans le gouvernement français, en juin 1997, n’a contrarié personne. On savait, dans les " milieux bien informés ", que les apparatchiks qui s’étaient regroupés autour de Voynet et de Cochet (surnommés " les sous-marins du PS ") n’étaient pas du genre à " faire des vagues ". Bien au contraire, ils se voulaient " politiquement correct " de manière à pouvoir s’insérer au mieux dans le système dit " républicain " et y faire une confortable carrière. Très vite, les dirigeants des lobbies furent rassurés en découvrant les noms de leurs " copains des Mines " qui se trouvaient fort judicieusement nommés au sein du cabinet de la " ministre verte " (comme ils l’avaient été dans les cabinets précédents). Avec un ministère aussi bien noyauté, Voynet ne pouvait être qu’une superbe potiche politique et les dirigeants des lobbies pouvaient dormir sur leurs deux oreilles. Et pour rassurer tout ce beau monde, Voynet acheva de se vendre en apposant sa signature au bas d’un " pacte secret de gouvernement ", le 2 septembre 1997, au château de Champ-sur-Marne et en présence du secrétaire d’Etat à l’Industrie.
Et n’allez surtout pas croire que cette situation est récente. Le système républicain français a toujours été affecté par ce genre de dysfonctionnements. Il toujours souffert du carriérisme exacerbé de sa nomenklatura ainsi que du manque d’intégrité et de compétence de sa classe dirigeante.
L’histoire ne fait que se renouveler et, pour ceux et celles qui ne voudraient pas me croire, je recommande la lecture d’un petit livre qui a été édité en 1974. Il s’intitule " Aux portes de l’enfer atomique " et il a été écrit par Gabriel TAIX, un militant socialiste qui termina son parcours politique comme maire d’une petite commune du Sud-Ouest. Il s’était élevé au grade d’ingénieur et avait fait carrière dans le secteur de l’énergie. De 1946 à 1951, il fut appelé à travailler au sein du cabinet de deux ministres de l’Industrie (MM. Robert Lacoste et Jean-Marie Louvel). Il aura notamment pour mission de trouver des solutions permettant d’en finir avec les coupures d’électricité imputables aux dégâts subis par le parc de production et par les réseaux au cours de la guerre. Il sera le fondateur du " Comité consultatif de l’utilisation de l’énergie " et il sera désigné comme rapporteur de la Commission de l’Energie au Conseil économique. Taïx sera également administrateur d’EDF, d’Electricité et Gaz d’Algérie ainsi que des Houillères d’Aquitaine. Il siègera comme membre de la section permanente du Conseil supérieur de l’Electricité et du Gaz.
Taïx – qui a laissé le souvenir d’un brillant autodidacte – était un expert incontesté dans son domaine. IL fut donc cordialement détesté par les autocrates et les technocrates " bien pensants " qui lui reprochaient son franc-parler mais aussi, et surtout, le combat qu’il menait contre la médiocrité intellectuelle qui affectait, de façon endémique, les milieux politiques et administratifs français (*).
(*) Dans un pays comme la France, obnubilé par le mythe des " grandes écoles " et des " grands corps de l’Etat ", les autodidactes ont toujours été considérés comme des individus dangereux. En effet, par le fait même de leur démarche, ils échappent au subtil " modelage " que les " grandes écoles " font subir à leurs élèves, un modelage dont on sort rarement indemne. Ils échappent aussi au contrôle que les " grands corps " exercent sur la carrière de ceux qui en font partie.
Véritables " électrons libres ", les grands autodidactes sont généralement " blindés " contre les pressions que peuvent exercer les appareils d’Etat et les lobbies.
Dans le domaine de l’électricité, ce sont pourtant de purs autodidactes qui figurent parmi les principaux fondateurs de cette branche de la physique moderne. Je citerai notamment Sir Humphrey DAVY (1778-1829) - qui inventa notamment la toute première lampe électrique – et son disciple Michael FARADAY (1791-1867), celui-là même qui a donné son nom à l’unité d’inductance (le Farad).
Mais n’oublions pas André-Marie AMPERE (1775-1836), le " Grand Ampère ", ce génie des mathématiques, de la chimie, de la physique et de la philosophie des sciences qui ne fréquenta jamais la moindre école mais devint néanmoins l’un des plus grands savants de son époque. Il fut membre de l’Académie des Sciences, professeur à l’Ecole polytechnique et au Collège de France avant de terminer sa brillante carrière comme Inspecteur de l’enseignement universitaire.
Je n’oublierai pas, non plus, mon compatriote Zénobe GRAMME (1826-1901), ce modeste ouvrier menuisier (il fabriquait des rampes d’escalier) qui sera à l’origine des dynamos et des moteurs industriels modernes. Heinrich-Daniel RUHMKORFF(1803-1877), inventeur de la bobine qui porte son nom, n’était aussi, au départ de sa carrière, qu’un modeste ouvrier. Quant à Thomas-Alva EDISON (1847-1931), l’homme qui fit enregistrer plus de 1.000 brevets, il n’est nul besoin de le présenter. Dans le domaine de l’électricité, il développa la lampe à incandescence, imagina toute une série de dynamos industrielles et inventa la batterie fer-nickel (puis cadmium-nickel). Mais ce ne sont là que ses principales inventions parmi bien d’autres.
Que doit-on aux " X Mines " et aux " Supélec " ? Quelques avancées technologiques, certes, mais rien de bien révolutionnaire. On leur doit surtout " Phénix " et " Superphénix ", de magnifiques bourdes technologiques dont le coût total dépassera certainement la centaine de millions de francs français soit plus de 15 millions d’euros. A la condition, bien sûr, que ces " remarquables exemples du génie technocratique français " n’exposent pas avant d’avoir pu être totalement démantelés et neutralisés ! On leur doit aussi des réseaux électriques qui ont une fâcheuse propension à s’effondrer dès que le vent souffle à plus de 150 km/h ! Merci messieurs et merci à ceux qui furent vos " maîtres ". Vous avez bien mérité du " système ".
Dans son livre de 1974, Gabriel Taïx décrivait particulièrement bien les tares profondes qui entachaient – et entachent toujours – ces milieux dirigeants. Il écrivait notamment : …Le cancer du secteur politico-syndicaliste est bien le résultat de l’émergence du PCF dont l’opportunisme électoraliste actuel est d’autant plus dangereux que la démarche est camouflée par le parti socialiste qui a, à sa tête, un leader trahissant tout ce qu’il touche, n’ayant jamais eu dans son corps une molécule socialiste, saturé d’une ambition frénétique pour gagner le sommet le plus élevé du pouvoir…sans jamais envisager la même fin qu’Allende. N’allons pas plus avant de crainte d’être taxé d’une querelle de personnes, compte tenu des trahisons comptabilisées dans la Bataille de Bordeaux, en 1970… Ceci n’interdit pas de constater qu’il faut avoir l’estomac solide pour parcourir, ne serait-ce qu’un petit bout de chemin, avec des dirigeants communistes. L’expérience que j’en ai acquise est que leur idéologie, dépouillée de tout esprit généreux, les rend généralement méchants et hargneux. L’ " appareil " produit ce que l’esprit de vengeance a emmagasiné contre tous ceux qui pensent que la dignité humaine est inséparable de la liberté individuelle. Les montagnes de cadavres du stalinisme et de mao en portent témoignage… L’électoralisme exacerbé est une tare pour la démocratie. Sa prolifération éteint les vertus du parlementarisme et détruit la qualité des élus. Conserver un mandat à tout prix est le processus le plus certain pour parvenir à la médiocrité de pensée et de l’action…
Le matérialisme prend un aspect sordide et crasseux. " Sors-toi de là que je m’y mette " a provoqué une diarrhée syndicaliste qui pourrit la fonction publique… Les partis de gauche ont abandonné, pour parvenir plus facilement au pouvoir, l’essentiel de leur programme… Dans le moment présent, les hommes qui se réclament de la gauche pensent, dans leur for intérieur, que le pouvoir, quelle qu’en soit la finalité, offre beaucoup de satisfactions… Leur étiquette socialiste est usurpée puisqu’en France, il n’y a que 8.000 membres s’appuyant sur les fondations d’une idéologie socialiste orthodoxe. Ils sont inscrits au Registre international des Citoyens du Monde. Soyez tranquilles, ni Mitterrand, Ni Marchais, ni Defferre, ni Mauroy ne figurent sur ces listes. Lorsqu’on a souhaité leur adhésion, ils ont estimé que l’organisation patronnée par le maire d’Hiroshima était trop " futuriste " et " in fine farfelue "… Nous prétendons à la démocratie et l’ensemble de notre appareil de décision et de commandement est monopolisé par des féodalités intellectuelles dont les produits les plus en vue sortent de l’ENA, de l’X, des écoles spécialisés telles que les Ponts et Chaussées, Mines, Génie rural, Inspection des Finances, des concours universitaires pour la médecine, le droit, etc…, d’écoles protégées par des organismes consulaires. Très souvent, la cooptation est camouflée et légalisée par des concours " ad hoc ". Cette forme de sélection conduit pratiquement à mettre en place, à tous les grands postes de responsabilité, des élites préfabriquées désignées parmi le 1% des couches d’âge inférieures à 20 ans. C’est simultanément traumatisant et dédaigneux pour les 99 % qui ne sont pas découverts prématurément, et destructif pour le respect que l’on doit à la personne humaine…
En conclusion, la France se trompe. Elle aura des lendemains pénibles dus à ses prétentions excessives à la " grandeur " qui ne trouve pas de fondations dans la légèreté bien connue de nos compatriotes… ".
Ces phrases écrites il y a plus de 25 ans demeurent valables, mot pour mot, en cette année 2002 qui voit les pantins de la politique française se bousculer au grand guignol des élections présidentielles et législatives. Taïx ne s’était pas trompé lorsqu’il brossait le portrait, peu flatteur, de Mitterrand. Et si nous extrapolons ses remarques relatives aux dirigeants communistes, nous remarquons qu’elles s’appliquent tout aussi bien aux dirigeants actuels des " verts ", autrement dit à Voynet et à sa " bande ", ces pseudo-écologistes dont les méthodes néo-staliniennes ont été dénoncées par de nombreux militants " historiques " (et notamment par François Schäfer, ancien porte-parole de la " commission santé " des verts, démissionnaire en 1998). Rien à redire, non plus, à propos de l’électoralisme frénétique qui a toujours été le moteur (et la principale tare) de la politique française ainsi que de la façon, totalement anti-démocratique, selon laquelle les prétendues " élites républicaines ", présélectionnées et préfabriquées, entendent continuer à imposer " leur " loi à 99 % de la population.
Gabriel Taïx avait raison. Et c’est parce qu’il avait raison que les " appareils politiques " mirent tout en œuvre pour le faire taire et l’écarter des sphères décisionnelles. En cela il me rappelle un vieux militant socialiste belge, spécialiste de l’éducation ouvrière, que j’ai connu dans le courant des années 60. Il s’appelait René Renard et il avait toujours eu tort d’avoir raison contre tous les autres !
Ailleurs, dans son livre de 1974, Taïx parle de l’analphabétisme civique des " élites ". Et il écrit : " … Pris en bloc, MONSIEUR JE SAIS TOUT NE SAIT PAS GRAND CHOSE. Son érudition sectorielle le cloisonne hors de la prédominance de la technologie et, à plus forte raison, de ses manifestations avancées… L’illustration courante de ce qui précède est la réponse classique que la plupart des hommes politiques, parvenus par des voies souvent malsaines aux leviers de commande, qui répondent quasi-automatiquement : cela est du ressort de mes techniciens !… ". Et Taïx de proposer dessolutions réalistes qui, cependant firent " hurler " les " élites ", à savoir : " …Promouvoir une élite politique capable de s’adapter aux impératifs de la civilisation atomique. A cet effet, il faut créer des centres de recyclage dans lesquels TOUS les parlementaires devront faire un stage portant sur plusieurs centaines d’heures de cours et de conférences . Pour éviter le carriérisme politique dégradant, qui trop souvent est le moteur le plus puissant d’un électoralisme humiliant, il faut décider que le nombre de mandants parlementaires consécutifs ne devra pas excéder deux et que tout renouvellement ne sera rendu possible qu’après un intervalle de temps égal à la durée des mandats antérieurs. Il en résultera un renouvellement et un rajeunissement de nos Assemblées et surtout l’assainissement des mœurs électorales… ". Il proposait aussi d’autres mesures salutaires, comme la restructuration des collectivités locales en réduisant le nombre des communes (plus de 36.000 !). Il aurait pu, dans la foulée, proposer la suppression pure et simple du Sénat, cette " haute assemblée " totalement anachronique qui coûte très cher aux contribuables et dont la seule " utilité " (si l’on peut dire) consiste à freiner le processus démocratique en ralentissant dangereusement le fonctionnement d’une machine législative déjà peu efficace. Car pendant que les sénateurs (quasi-inamovibles vu la durée de leur mandat) " se hâtent lentement ", les puissances financières, industrielles et commerciales savent fort habilement profiter de ces lenteurs institutionnelles pour pratiquer la politique du " fait accompli ". Il en résulte que de très nombreuses lois s’avèrent inopérantes bien avant qu’elles aient pu être adoptées par les parlementaires. En Belgique, la suppression du Sénat fut l’un des points essentiels du programme du parti socialiste, de 1885 jusqu’à ce que ce même parti réussisse à faire entrer un certain nombre de ses apparatchiks au sein de cette " haute assemblée ". A partir de ce moment-là, la suppression du Sénat ne fut plus à l’ordre du jour. Vous avez dit bizarre ?
Quant à EDF, cette entreprise que Taïx connaissait d’autant mieux qu’il avait été membre de son conseil d’administration, il a dénoncé son " comportement arbitraire ", sa politique hostile à l’auto-production et sa propension malsaine au " gigantisme ". Et de dénoncer, au passage, le " publicité tapageuse " pour le chauffage électrique intégré, une publicité agressive qui sera à l’origine des graves déséquilibres qui affectent le parc français de production d’électricité et qui ne visait qu’à provoquer une croissance artificielle de la demande et, par voie de conséquence, de justifier la construction des centrales nucléaires prévues par le " plan Messmer " dont nous savons qu’il était très nettement surdimensionné.
L’argumentation de Gabriel Taïx est en tous points remarquable. Mais qui donc, en France, peut se vanter d’avoir lu les ouvrages de cet homme lucide et courageux, de ce socialiste sincère qui refusa de se soumettre à la dictature de la pensée unique et de la langue de bois, de ce militant honnête qui refusa de plier l’échine devant la pègre mitterrandienne ? En dehors de quelque vieux girondins - et des habitants du petit village dont il fut le maire pendant 18 ans – qui donc se souvient encore de son nom ? L’histoire est ainsi faite qu’elle retiendra le nom d’un personnage aussi retord et malsain que Mitterrand – cet ancien valet de Philippe Pétain qui deviendra le fossoyeur du socialisme français – mais qu’elle ne retiendra pas celui de Gabriel Taïx. C’est un peu pour cette raison que j’ai tenu à lui rendre, au passage, un hommage qu’il a amplement mérité.
Taïx a dit, bien avant moi, ce qu’il fallait dire à propos du système politico-syndicalo-administratif " la française ". Si j’avais été le seul à tenir de tels propos, on m’aurait, une fois encore, fait remarquer que je ne suis pas citoyen français.
A ce propos, je tiens quand même à préciser que ma famille est de pure souche française, ce qui n’est pas toujours le cas pour mes détracteurs. Les de Pry, Depris et Deprit (ces deux orthographes étant dues à des altérations du nom par des greffiers d’état-civil au XIXe siècle) sont originaires d’un canton de l’Entre-Sambre-et-Meuse, très exactement du village de Pry, près de Walcourt. Français par la volonté de Louis XIV, le canton de Walcourt ne fut détaché de la France qu’après la désastreuse campagne dite " des cent jours " (1815). Si ma famille cessa d’être française, c’est par la faute d’un dictateur d’origine italo-corse, un dangereux mégalomane nommé Buonaparte qui fit mourir plus de deux millions de pauvres bougres en un peu moins de dix ans.
Un jour, au cours d’une réunion d’instance de concertation (instance " EDF-région ") à Toulouse, je fus pris à parti par un petit roquet à la solde d’EDF et du ministère de l’Industrie. Il était supposé représenter le " Groupe des Régies du Sud-Ouest " et il ne daigna sortir de son mutisme habituel que pour se déclarer " outré " des remarques que j’avais pu formuler à propos des méthodes utilisées par le ministère de l’Industrie et ses services régionaux (DRIRE), ajoutant que, quand il allait à Bruxelles " représenter les intérêts français ", il ne se permettait pas d’ " insulter les gens ". Or, je n’avais insulté personne (les compte-rendu de réunion en témoignent) et, d’autre part, ce vaillant défenseur des intérêts français portait un nom à forte consonance germanique. Le plus Français des deux n’était sans doute pas celui qui se présentait en pourfendeur des " sales étrangers qui viennent, jusque dans nos réunions, ternir la réputation de la France " (taratata, sonnez trompettes de la renommée, vous êtes bien mal embouchées) ! ! !
Cette anecdote est en tous cas représentative de la mentalité de " caste " qui anime les membres de la nomenklatura française. En fait, ce que l’on me reprochait, ce n’était pas tant d’être un " Français de l’extrême-Nord " mais bien d’être un " électron libre ", un expert véritablement indépendant que les vieux systèmes républicains – corps et castes – étaient incapables de faire taire. On ne dira jamais à quel point ces systèmes de pouvoir peuvent produire des effets pervers dans tous les domaines de la vie publique. Qu’on le veuille ou non, la France n’a jamais été une véritable " démocratie ", pas plus sous le régime républicain que sous celui des différents systèmes monarchiques qui ont marqué son histoire. La France est une " ploutocratie " au sens véritable du terme, c’est-à-dire un type de régime politique où le pouvoir effectif est détenu par les groupes sociaux qui détiennent les richesses (ploutocratie, du grec " Ploutos ", dieu de la richesse). C’est aussi le cas pour les autres nations qui constituent l’Union européenne avec, cependant, des nuances d’un pays à un autre. La France est sans doute, avec la Grande-Bretagne, la nation la plus ploutocratique d’Europe. La France est un pays technologiquement avancé mais où le pouvoir effectif s’exerce encore, en ce début du troisième millénaire, selon des principes qui relèvent de la féodalité.
Dans " La république des fonctionnaires " (Albin Michel – 1988), Thierry Pfister a fort bien analysé les effets pervers qui découlent de l’usurpation du pouvoir par les cabinets ministériels, structures sans véritable existence juridique et auxquelles les textes n’ont accordé aucun pouvoir légal. Il a rappelé qu’à l’origine, les cabinets des ministres ne s’occupaient que des dossiers personnels de ceux-ci mais que, peu à peu, ils se sont constitués en " cellules de conseil " destinées à rappeler à l’administration les données psychologiques de la politique à mener. Les cabinets avaient donc pour vocation de travailler avec l’administration de l’Etat et non de se substituer à elle en effectuant des tâches qui incombent à l’administration. Mais Pfister n’a pu que constater, comme bien d’autres, que les cabinets ministériels ont fini – sans que l’on y prenne garde – par se comporter comme des sortes de " super-administrations ". Il écrivait, à juste raison, que : " … De structures de conseil politique et de supervision de l’administration, ils sont devenus un outil de mise sous tutelle des ministres par l’administration… ".
Ayant moi-même exercé les fonctions de conseiller privé du vice-président de la Chambre des représentants du Parlement belge, je ne peux que confirmer les affirmations de Pfister. J’ai côtoyé bien des " conseillers de cabinet " qui se comportaient comme de véritables " censeurs " et qui se permettaient de donner des ordres à ceux qui étaient supposés êtres leurs patrons. Ils n’avaient pas été mis en place pour aider le ministre mais bien pour le téléguider, pour le contrôler, pour le manipuler. Et pourtant, dans le cas de la Belgique, le " noyautage " des cabinets par la nomenklatura administrative est moins systématique qu’en France, pays où l’ENA (Ecole Nationale d’Administration, fondée par le général De Gaule) fournit, à elle seule, plus d’un tiers des 500 à 600 personnes qui constituent les cabinets " officiels " des différents ministres et secrétaires d’Etat. A ces " énarques ", s’ajoutent d’autres " élites républicaines " choisies pour leur docilité bien plus que pour leurs compétences. Le pouvoir de ces hommes et de ces femmes " de l’ombre " - que pratiquement personne ne connaît et qui échappent à toutes sanctions – peut être à ce point important qu’il leur arrive fréquemment de prendre des décisions lourdes de conséquence sans que le ministre en soit informé ! C’est ce qu’a clairement avoué Corinne Lepage, ancien ministre de l’environnement, dans le livre qu’elle a fait paraître en 1998. C’est aussi ce qu’a reconnu Edith Cresson devant les caméras d’une chaîne de télévision.
Dans son livre de 1988, Thierry Pfister écrivait déjà que : " …L’univers des cabinets ministériels a d’autant plus perdu sa vocation initiale que le personnel qu’il regroupe ne se sent plus lié à une personnalité. Seuls comptent les profits de carrière et les perspectives d’avancement. Les ministres peuvent passer, les membres des cabinets s’efforcent de rester. Et ils y parviennent… Cela signifie, concrètement, qu’alors qu’ils ne sont pourtant, en théorie, que les collaborateurs temporaires d’un ministre, plus de la moitié des membres des cabinets ministériels ne se sentent pas responsables de la politique mise en œuvre, ni engagés par elle…Même une avocate de la haute administration, comme Marie-Christine Kessler, admet - Le fait que beaucoup de hauts fonctionnaires voient leur collaboration à des cabinets en termes de participation technique, et non d’engagement politique, a fait d’eux des collaborateurs tièdes, peu inspirés, réagissant plus en fonction de leurs affinités de carrière que par rapport à la réalité d’un projet politique… ".
Pfister, qui était parfaitement au fait du fonctionnement des " cabinets ", décrivait également le mécanisme pernicieux qui découlait de la présence, au sein de ces structures, d’ " agents détachés " des grandes entreprises nationalisées ou privées. C’est notamment le cas au sein du cabinet du ministre de l’Industrie où l’on trouve un grand nombre d’agents d’EDF et du CEA ainsi que des ingénieurs issus de grands groupes industriels. Compte tenu du fait que ces " détachés " sont appelés à retourner dans leur entreprise d’origine, ils sont naturellement enclins à favoriser les intérêts de leurs véritables patrons bien plus que la politique voulue par le ministre qu’ils sont censés conseiller (*). Et Pfister de préciser que la " gangue " s’est à ce point refermée sur les ministres que, peu à peu, certains d’entre-eux ont tenté de se redonner un peu d’air en créant une sorte de " super cabinet ", c’est-à-dire un groupe de collaborateurs échappant à la structure et à la hiérarchie du cabinet officiel, des hommes et des femmes choisis directement par le ministre et non plus imposés par la machinerie de l’Etat.
Et Pfister de conclure en ces termes : " …Il est d’autant plus important de mettre un terme à cette dérive des cabinets ministériels que c’est au sein de ce petit peuple que s’est déjà en grande partie constituée la classe politique d’aujourd’hui et que se forme, plus sûrement encore, celle de demain… ". Or, le " demain " de 1988, c’est le " maintenant " de 2002 !
Ces quelques extraits d’un livre écrit par un journaliste (au Monde et au Nouvel Observateur) qui a connu les réalités concrètes des cabinets (il fut, pendant trois ans, conseiller du Premier ministre) sont significatifs d’un malaise fondamental, d’une tare profonde qui affecte les pseudo démocratie européennes. Car ce que décrit Pfister, ce n’est pas le fonctionnement d’une démocratie, même approximative. C’est celui d’une technocratie ou, plus exactement, d’une techno-ploutocratie. Derrière, les membres des cabinets et les hauts-fonctionnaires – qui ne sont jamais que les pions du système – on retrouve toujours les tenants du pouvoir financier, qu’il s’agisse des capitalistes " classiques " ou de cette autre catégorie de possédants – plus discrète mais pas moins dangereuse pour autant – que sont les bénéficiaires des très agressifs " fonds de pension ".
Dans un tel schéma de pouvoir, les parlementaires – comme la plupart des ministres – ne sont que des potiches sans aucun pouvoir réel. Le système les conserve pour pouvoir se donner une façade apparemment démocratique mais leur influence politique est à peu près nulle. Et de toute façon, le Parlement est lui-même
(*) Cette situation n’est pas propre aux seuls cabinets ministériels. On la retrouve dans presque toutes les instances politiques et notamment dans les conseils régionaux et généraux. Dans le cas de la région Midi-Pyrénées, la quasi-totalité des fonctionnaires affectés au département " énergie " sont des agents détachés d’EDF-GDF.
" infiltré " par des agents des lobbies. Dans le cas du secteur de l’énergie, ils sont réunis au sein d’un groupe que l’on a baptisé, par dérision, " groupe des apparentés EDF ". Leur " chef " actuel n’est autre que le député Lenoir, ancien directeur du département " Relations avec les élus " de la direction-générale d’EDF. Il a fini par se faire élire lui-même sur une liste UDF mais demeure, en fait, un agent d’EDF au sein du Parlement français. Parmi les principaux " alliés " d’EDF, on peut citer les députés Micaux, Borotra (ancien ministre de l’Industrie), Delattre, Verwaerde, Garrec, Guillet, Malvy (ancien secrétaire d’Etat à l’énergie) et Bataille ainsi que D. Strauss-Kahn, E. Cresson et D.Voynet.
L’exemple de Strauss-Kahn est typique. Après qu’il eut décidé de faire carrière au sein du PS plutôt qu’ailleurs, cet économiste-opportuniste parvient à se faire nommer " secrétaire aux études " dudit PS. Là, il est mis " au parfum " par quelques " anciens " dont Martin Malvy qui occupe le poste de secrétaire d’Etat à l’énergie. Malin, DSK comprend très vite que le ministère de l’Industrie est l’un des plus " intéressants " pour un avocat d’affaires qui veut se constituer un carnet de " bonnes adresses ". Il n’est pas foutu de faire la différence entre un volt et un ampère mais ça n’a pas la moindre importance. Les problèmes techniques, il les abandonnera aux " détachés " d’EDF et du CEA. Lui, ce qui l’intéresse c’est le côté " économique " - autrement dit " financier " - des dossiers relatifs à l’énergie. Il est d’ailleurs en excellents termes avec les " hommes de Davos ", ces " super capitalistes " qui savent si bien le flatter en luis réservant une place d’honneur à leur table. DSK sera donc une première fois ministre de l’Industrie et, quand son gouvernement tombe (en 1994), EDF lui propose un emploi de " consultant " pour un salaire de 200.000 francs par an. Consultant en quoi ? La direction d’EDF n’a jamais voulu répondre à cette question embarrassante. DSK non plus d’ailleurs. Une seule chose est certaine, il touchera cette somme jusqu’à ce qu’il redevienne ministre de l’Industrie, en juin 1997.
Selon la Cour des comptes, DSK aurait effectué des " missions à l’étranger " pour le compte d’EDF. Et selon certains journaux, il aurait surtout eu pour mission d’amadouer les " verts " allemands à propos de différents dossiers. Personnellement, les informations que j’ai pu recueillir à ce sujet m’incitent à penser qu’il a été chargé de préparer le terrain en vue de permettre aux électriciens allemands d’accroître, dans des proportions importantes, leurs importations d’électricité française d’origine nucléaire. Tout se passe, en effet, au moment même où l’Allemagne, sous la pression de ses " verts ", envisage de se désengager du nucléaire, de " son " nucléaire. Du coup, il était tentant pour EDF de chercher à augmenter son potentiel d’exportation vers l’Allemagne. Mais il fallait, pour cela " faire avaler la pilule " à ces Grünen dont la " base " aurait mal supporté qu’une réduction de la production nucléaire allemande soit compensée par une augmentation des prélèvements sur la production nucléaire française. C’est là que DSK – et sans doute la direction des " verts " français – eurent à jouer un rôle décisif. Et c’est sans doute ce qui a justifié le versement des 200.000 francs annuels.
Si j’ai cru utile de m’attarder aussi longuement sur ces aspects purement politiques, c’est parce qu’ils conditionnent tout ce qui va être analysé dans le présent ouvrage. Vouloir comprendre les tenants et aboutissants de la politique énergétique – et des conséquences sanitaires et environnementales qu’elle implique – sans s’imprégner des réalités du système politique, c’est être assuré de se perdre à coup sûr dans les dédales du dossier. Le fil politique est le fil directeur de mon ouvrage. C’est en quelque sorte mon " fil d’Ariane ". Grâce à lui, on comprend comment et pourquoi la politique de désinformation a été mise en œuvre. On comprend aussi pourquoi les gouvernements privilégient telle technologie qui rapporte gros à court terme plutôt que telle autre, respectueuse de l’environnement et de la santé mais qui n’est financièrement intéressante que sur le long terme. On comprend également les motifs inavouables qui incitent ces " messieurs-dames " à se couvrir les uns les autres.
Je vais m’efforcer de vous faire découvrir les nombreux aspects d’un dossier qui ne se résume pas à savoir si un pylône est beau ou pas beau ou si les dangers pour la santé commencent à 1 ou 2 milligauss. Derrière les réels problèmes de santé publique et de protection de l’environnement, il y a les éternelles " questions de fric ", celles qui pourrissent la vie des hommes et des femmes depuis qu’ils ont inventé la notion de " profit ". Les marchés publics et privés relatifs à l’énergie électrique sont énormes, ils se chiffrent en centaines de milliards d’euros pas an. Pour de nombreux groupes industriels, ainsi que pour un grand nombre de petites et moyennes entreprises, ce sont là des enjeux considérables. Ceux qui détiennent les marchés, donc les profits, ne veulent ni perdre ni partager le gâteau. C’est pour cela qu’ils ont placé leurs pions dans les administrations, les ministères, les partis politiques,… C’est pour cela qu’ils dépensent des millions en campagnes de désinformation. La santé et la sécurité des citoyens, ils s’en fichent comme de leur première sucette.
Si vous avez bien compris cela, vous pouvez aborder la lecture des pages qui vont suivre. Si vous n’avez pas compris – ou si vous ne voulez pas comprendre – n’allez pas plus loin. Ce livre n’a pas été écrit pour vous.
ELECTRICITE, ENVIRONNEMENT et SANTE, trois mots qui ont résonné des milliers de fois dans ma tête au cours de ma carrière. Trois notions qui paraissent incompatibles à d’aucuns et qui, cependant, pourraient s’accorder si l’on voulait la peine de recourir aux solutions techniques qui existent depuis longtemps déjà et de développer celles qui découlent des récentes avancées scientifiques (notamment dans le domaine de la supraconductivité).
Je n’ai jamais été un " intégriste vert ". Je suis opposé à toutes les formes d’intégrisme, y compris en matière d’écologie et de molysmologie. Mais je ne suis pas décidé, pour autant, à capituler devant les arguments des économistes à la petite semaine et autres tenants de la " real politique ". A cinquante-cinq ans, je n’ai plus grand-chose à perdre et je me battrai jusqu’à ma dernière cartouche pour que la vérité éclate au grand jour.
Je ne sais pas si j’y parviendrai mais, en tous cas, j’aurai essayé. Jusqu’au bout, j’aurai fait mienne la phrase célèbre de Jaurès : " Le vrai Courage, c’est de chercher la Vérité et de la dire ".
Qu’on se le dise.
Daniel DEPRIS
Mars 2002