Analyse du document : N° 3477.- Rapport de M. Christian Kert, au nom de l' office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques, sur l'apport de nouvelles technologies dans l'enfouissement des lignes électriques à haute et très haute tension.

Les mensonges du député Kert

Pour répondre à certaines questions qui nous ont été posées à propos du rapport parlementaire relatif à " L’apport des nouvelles technologies dans l’enfouissement des lignes électriques à haute et très haute tension " (rapport n° 3477 de l’Assemblée nationale et n°154 du Sénat français) – dit " rapport Kert " (enregistré le 19 décembre 2001), la présidence du CEPHES a tenu à apporter les précisions qui s’imposent.

Le texte qui va suivre est une synthèse de l’analyse qui a été faite du rapport Kert par Daniel DEPRIS, président du CEPHES, expert international et auteur de l’ouvrage intitulé « Les réseaux électriques souterrains, immergés et sous-marins » (Ed. Technéa – 1998).

Cet ouvrage a porté un coup fatal aux manœuvres de désinformation orchestrée depuis plus de 20 ans par les manipulateurs professionnels à la solde d’EDF (et aujourd’hui de RTE). Depuis sa publication (qu’EDF et le ministère français de l’Industrie ont voulu empêcher en usant de manœuvres pour le moins « indélicates »), il n’est plus possible de mentir aussi effrontément et surtout de prétendre qu’il est « impossible techniquement d’enfouir la haute et la très haute tension »(*).

(*) C’est ce qu’affirmait, sans rire, le dénommé Gilles Ménage sur l’antenne de TF1 (émission « Les rendez-vous de l’entreprise ») en 1994. Il avait dit textuellement ecouter « …la haute et la très haute tension, ça ne s’enfouit pas, ce n’est pas possible techniquement » (.mp3 - 1 min. 17 sec. - 152 Ko) et, ce, en sa qualité de président du conseil d’administration d’EDF. Ménage était donc un fieffé menteur ou un parfait imbécile. A vous de choisir !

EDF et RTE ont donc dû revoir leur copie mais continuent néanmoins à colporter des bobards et des contrevérités flagrantes par le biais de la presse, des médias ou d’Internet (voir, sur notre site, l’analyse des pages Internet d’EDF et de RTE). Ces deux entreprises font aussi appel à la « collaboration » de parlementaires inintelligents ou peu scrupuleux afin de leur faire répercuter toute une série d’éléments de désinformation. Ce travail est organisé et contrôlé au sein même du parlement français par un groupe de lobbyistes que les plus avisés de leurs collègues ont surnommé les « apparentés EDF ».



Voici donc, page par page, les principales remarques formulées par Daniel DEPRIS à propos du rapport Kert.



Ceci étant dit, son successeur (l’actuel président Roussely) a, lui aussi, énoncé des âneries monumentales à la suite des tempêtes de décembre 1999. Et, dans sa foulée, quelques « perroquets pas savants » comme le ministre Gayssot et le sénateur Charasse.

En ce qui concerne la presse, nous avons notamment relevé quelques exemples flagrants de désinformation dans « Le Nouvel Observateur » et dans « Marianne » tandis que la palme des mensonges télévisuels revient sans conteste à la rédaction du JT de TF1 (voir documents diffusés à titre de preuves sur notre site Internet).

Le fait qu’une information soit publiée dans la presse, diffusée par la télévision ou publiée dans un rapport parlementaire n’est donc, en aucune façon, une preuve d’authenticité, loin s’en faut.





  1. Couverture et page de garde : le titre même du rapport est de nature à semer la confusion dans les esprits. En effet, le fait de parler de « nouvelles technologies » pourrait laisser croire que l’enfouissement des réseaux électriques est quelque chose de nouveau et de « pas très au point ». C’est effectivement ce qu’EDF et RTE essayent de faire croire aux personnes non initiées. J’ai parfaitement démontré, dans mon ouvrage et sur le site Internet du CEPHES, que c’est totalement faux et que l’on a commencé à enfouir les réseaux électriques dès la fin du XIXe siècle (vers 1890). Lors de l’exposition internationale de Paris, en 1900, une firme câblière française présentait déjà un câble pouvant supporter une tension de 30.000 volts. En 1920, on fabriquait des câbles pour des tensions allant jusqu’à 90.000 volts et les premiers câbles THT 220.000 volts ont été posés sous les pavés de Paris en 1935. Le palier de 380-400 kV a été atteint au début des années 40 par les ingénieurs allemands.

    Actuellement, le record est détenu par le câble à huile fluide développé par Pirelli pour les tensions UHT (Ultra Hautes Tensions) de plus de un million de volts (+ de 1.000 kV). Ce câble a été homologué en Italie en 1985. C’est au cours de cette même année 1985 qu’EDF a homologué le câble 400 kV à isolation synthétique (polyéthylène extrudé) fabriqué à par la firme française Silec. Un câble 500 kV à isolation papier-huile avait cependant été produit dès les années 50 par les Câbles de Lyon cependant que le groupe Pirelli avait développé un câble du même type capable de supporter 600 kV (années 60).



  2. Page 4:



    On peut lire « …on a déjà réalisé des tronçons jusqu’à 15 km pour les lignes de 225.000 volts… ».

    Si le député Christian Kert avait été bien informé, il saurait que la toute première liaison THT/220 kV française – la liaison St Denis/Clichy-sous-Bois réalisée en 1935 – avait déjà une longueur de 18,5 km. Sa phrase laisse croire que l’on ne peut pas faire mieux que 15 km en 225 kV (et mieux que 30 km en 63/90 kV), ce qui est évidemment faux.

    A la même page, on peut aussi lire que « …pour obtenir l’équivalent d’une ligne aérienne 400.000 volts, plusieurs câbles en parallèle sont nécessaires, soit la largeur, non plus d'une véritable « autoroute électrique » de 20 mètres de large comme prétendues par certains hauts responsables d’EDF mais d’une route départementale de 10 mètres et dont le coût serait 8 à 10 fois supérieur à celui d’une ligne aérienne… ».

    le député Christian Kert donne l’impression de s’en prendre aux « hauts responsables d’EDF » mais, en réalité, il est aussi menteur qu’eux. Il se contente seulement de mentir de façon moins flagrante. Ce qu’il énonce est, en effet, totalement inexact, tant en ce qui concerne la « route départementale de 10 mètres de large » que les coûts prétendument 8 à 10 fois plus élevés.

    Je tiens à répéter une fois encore (ça devient lassant à la longue) qu’il existe un très grand nombre de techniques différentes pour l’enfouissement des réseaux THT, EHT et UHT. Selon la technologie considérée, la largeur de la tranchée sera comprise entre 2 mètres et plus de 10 mètres. Mais pour impressionner les personnes mal informées (ou désinformées), les ingénieurs du duo EDF/RTE (et leurs alliés) ne font mention que de la solution impliquant la mise en parallèle de plusieurs circuits réalisés avec des câbles à isolation sèche de 1600 mm² de section conductrice. C’est évidemment la plus mauvaise des solutions. Elle implique une emprise considérable (env. 12 mètres pour quatre circuits triphasés en parallèle) et son coût est anormalement élevé.

    Le recours à des câbles de plus forte section (jusqu à 3.000 mm²) permet de réduire le nombre des circuits (don la largeur de la tranchée) et les coûts (notamment ceux du génie civil, du tirage des câbles, des jonctions à réaliser,…). La solution « CIG » (canalisation à isolation gazeuse), avec ses canalisations tripolaires d’environ 1m,50 de diamètre, ne nécessite qu’une tranchée de 2 mètres de large. En outre, cette solution permet de s’affranchir des problèmes posés par la production d’énergie réactive (propre aux câbles à isolant solide). Avec les CIG, on peut concevoir des liaisons THT ou EHT très longues sans avoir à compenser le courant réactif. Le surcoût à l’investissement n’est alors que de l’ordre de 5 par rapport aux lignes aériennes classiques (ce ratio moyen de 5 est confirmé par plusieurs articles publiés dans des revues techniques, voir notre site Internet).

    J’ai aussi maintes fois démontré que l’avènement des câbles supraconducteurs permettra, dans un très proche avenir, de ne plus monter en tension au-delà de 300 kV (limite supérieure de la classe THT qui va de 150 à 300 kV). En effet, une liaison supraconductrice de 225 kV aurait la même capacité de transport que deux lignes 400 kV aériennes à deux circuits. Et elle prendrait place dans un caniveau classique, d’environ 60 cm de large (lui-même installé dans une tranchée de moins de 1 mètre de largeur).



  3. Page 5 :



    Ce que dit le député Christian Kert à propos des effets sur la santé est totalement faux. C’est de la manipulation à l’état pur.

    On observera, en outre, qu’il n’appartient pas à l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (dont dépend le député Christian Kert) d’émettre des avis en matière de santé publique. A chacun son travail et les vaches seront bien gardées, d’autant que ledit « office » ne semble déjà pas des plus compétents dans le domaine qui est censé être le sien !

    La phrase selon laquelle « …Il est cependant nécessaire de s’inquiéter des phénomènes électromagnétiques éventuellement perceptibles en surface pour des lignes enfouies… » est particulièrement malhonnête. Elle tend, en effet à laisser supposer que les réseaux souterrains pourraient générer, en surface, des nuisances plus importantes que les lignes aériennes (voir plus loin).

    A ce sujet, je rappellerai que les seules liaisons souterraines qui soient susceptibles de générer des inductions magnétiques importantes sont les liaisons dites « de distribution », autrement dit de type HTA (moyennes tensions) ou BT (basses tensions), lesquelles fonctionnent souvent en régime déséquilibré (par le fait d’un déséquilibre de transit sur les trois phases). Une même liaison BT ou HTA peut, en effet, alimenter des clients appelant du courant triphasé et d’autres, alimentés en monophasé.

    Dans le cas des ouvrages « de transport » (objet du rapport Kert), le transit est nécessairement équilibré (même ampérage pour chaque phase). Si les câbles sont correctement posés (pose en trèfle jointif), les trois champs magnétiques tendent à s’annuler réciproquement et la valeur de l’induction résultante est très faible. Les seuls ouvrages souterrains de transport qui puissent poser problème sont ceux qui impliquent une pose « en nappe » et c’est la raison pour laquelle j’ai toujours préconisé de ne plus poser les câbles de cette manière et de toujours adopter la disposition « en trèfle jointif ». Enfin, il n’est pas inutile de rappeler que l’induction électrique (champ E) – qui peut être très élevée avec les lignes aériennes (jusqu’à 20 kV/m et plus sous certaines lignes 400 kV) – est TOUJOURS nulle avec les câbles isolés (souterrains et immergés).

    En 11 lignes, le député Christian Kert a réussi un remarquable exercice de manipulation, laissant entendre que les lignes aériennes seraient inoffensives et les liaisons souterraines dangereuses. Il a bien appris sa leçon chez les menteurs professionnels du lobby électronucléaire. Mais ce n’est pas joli-joli de la part d’un « élu du peuple » censé défendre les intérêts des citoyens !



  4. Page 7 :



    On retrouve à nouveau une mention qui tend à laisser croire que les techniques d’enfouissement n’ont progressé que récemment. C’est du bourrage de crâne ou du lavage de cerveau. Voir ce qui est dit au point 1.



  5. Page 8 :



    En écrivant, sans nuances aucunes, que « …il y a un écart de coût au détriment des circuits souterrains.. », le député Christian Kert adopte le même mode de raisonnement, spécieux et malhonnête, que les « communicants » d’EDF et de RTE.

    Car, non seulement cet écart est bien plus faible qu’on ne le prétend mais il ne concerne que les coûts à l’investissement. Si l’on effectue des calculs complets et honnêtes sur la durée de vie comptable d’un ouvrage de transport (env. 40 ans), le calcul est TOUJOURS favorable au souterrain lequel est donc GLOBALEMENT MOINS COUTEUX que l’aérien.

    Un peu plus bas, on retrouve une mention qui parle d’un « effort important de recherche et de développement sur l’enfouissement », toujours pour laisser sous-entendre que les technologies ne sont pas au point.

    Il y a plus d’un siècle que les firmes câblières étudient et développent toutes les technologies envisageables. S’il y a un effort à faire, c’est bien plus du côté des exploitants (les clients des câbliers et utilisateurs des câbles) que du côté des fabricants !

    Il est d’ailleurs étonnant de constater que la France - qui possède les meilleurs fabricants dans le domaine des câbles destinés aux réseaux HT, THT et EHT (les groupes Pirelli, Sagem et Nexans) – est aussi le pays qui utilise le moins les câbles fabriqués par ces entreprises. Vous avez dit bizarre ?



  6. Page 9 :



    le député Christian Kert tente de donner un peu de crédit en s’appuyant sur un rapport du « Conseil général des Mines » dont il extrait un tableau qui provient, notons-le au passage, du syndicat professionnel des industriels du câbles (Sycabel).

    Ce tableau est incorrect sur plusieurs points, notamment parce qu’il utilise une classification qui varie d’un pays à un autre. C’est ainsi que des ouvrages classifiés « moyenne tension » dans certains pays sont considérés comme des ouvrages « haute tension » dans d’autres, ce qui tend à fausser les statistiques. En outre, le tableau de la page 8 ne concerne que les ouvrages BT et MT(HTA) alors même que le rapport est censé (d’après son titre) s’intéresser à la haute et la très haute tension. C’est un « mélange des genres » qui ne facilite pas la lecture pour les « non initiés ».

    Il faut aussi savoir interpréter les données si l’on veut avoir les idées claires. C’est ainsi que, pour la France, 29 % d’enfouissement des ouvrages BT+MT/HTA signifie qu’il reste encore plus de 850.000 km de lignes à déposer et à enterrer pour parvenir au même niveau de sécurisation de la distribution que les Pays-Bas. A la vitesse où EDF opère, cela prendra un peu plus d’un siècle !



  7. Page 10 :



    Je ne vois pas très bien où le député Christian Kert veut en venir en parlant des pays « pour lesquels des virages technologiques comme l’abandon de l’isolation papier n’ont pas encore été faits définitivement » ?

    Je ne connais plus aucun pays, en Europe occidentale, qui pose encore des câbles à isolation papier (papier imprégné d’huile), sauf cas exceptionnels ! En France, il y a belle lurette que l’on n’utilise plus, en BT et MT, que des câbles à isolation synthétique. Idem en 63,90 et 225 kV. Il n’y a guère que pour les tensions EHT et UHT que les câbles à huile fluide (dérivant d’un brevet italien de 1919) présentent encore un intérêt technologique.

    Je sais que les « X Mines » adorent les tableaux, les graphiques et les phrases qui ne veulent rien dire, mais quand même !



    Toujours à la page 10, on observera, à propos du coût des liaisons MT/HTA souterraines, que leur coût kilométrique moyen est de l’ordre de 200 FF/m (env. 30 ? le mètre linéaire), matériel et installation confondus. C’est à peu près le même prix que pour une ligne aérienne mais les coûts d’exploitation sont considérablement plus faibles en souterrain (ou immergé). On ne devrait donc plus construire de lignes BT ou MT aériennes depuis plus de 20 ans !

    Ce sont d’ailleurs les lignes aériennes BT et MT qui sont à l’origine de la plupart des coupures de courant lorsque surviennent des conditions climatiques défavorables (tempêtes, neige collante,…). Elle sont aussi très sensibles à divers incidents courants (chutes de branches, électrocution d’un oiseau,…) qui génèrent des micro-coupures extrêmement gênantes pour certains clients (informatique, robotique,…).



  8. Page 12 :



    Il faut attendre la page 12 pour que le député Christian Kert daigne revenir à l’objet de son rapport : la haute et la très haute tension.

    Relevons, au passage, que le tableau situé au bas de cette page est exprimé en « pour mille » et non en « pour cent » comme les autres tableaux. Il est, en outre, farci d’erreurs. On observe, par exemple qu’il ne mentionne que 2,5 km pour les ouvrages souterrains 400 kV en France. Or, la somme totale des longueurs de circuits installés dans cette classe de tension est actuellement supérieure à 25 km. Aurait-on, par quelque « hasard », mis fort opportunément une virgule là où il n’en fallait pas ?

    Notons au passage que c’est un « petit pays » à faible densité de population qui a fait le plus gros effort d’enfouissement en clase HTB (50 à 150 kV). Avec 21% d’enfouissement, le Danemark prouve que cette technologie n’est pas réservée aux pays industriels à très forte densité de population. D’autant que le Danemark est aussi le meilleur élève de la classe en THT (150 à 300 kV).



  9. Page 13 :



    Le tableau relatif aux « coûts kilométriques » est sans le moindre intérêt pratique.

    Le paragraphe relatif aux « comparaisons » et aux coûts d’exploitation est tellement « nébuleux » qu’il en devient franchement incompréhensible, même pour un spécialiste. C’est un véritable charabia parlementaire assorti de chiffres inexacts !





  10. Page 14 :



    Le député Christian Kert – qui est un homme « politiquement correct » - se garde bien de dire que si les ouvrages souterrains coûtent si cher en France, c’est dû, en grande partie, à des pratiques commercialement malhonnêtes et même franchement illicites.

    Il faut notamment mentionner les pratiques relevant de la surfacturation systématique. Cette pratique illicite – et punissable par la loi – est facilitée par le non-respect quasiment systématique de la législation européenne régissant les marchés publics. En France, les marchés publics ayant trait aux ouvrages électriques ne bénéficient d’aucune transparence réelle, surtout dans le domaine de la haute et de la très haute tension où ces marchés sont monopolisés par un très petit nombre d’entreprises (parfois même par une seule comme dans les DOM-TOM). Dans le cas particulier des câbles pour réseaux souterrains, immergés et sous-marins, il n’y a jamais eu d’appels d’offres. Les marchés sont répartis « à l’amiable » entre les trois fournisseurs « hexagonaux », ce qui permet de surfacturer allègrement avec la complicité active des services de l’Etat et des ministères de tutelle !

    On peut, par exemple, facturer au « prix de liste » (celui qui figure dans les listes jointes aux catalogues des câbliers) sans préciser que, dans le domaine des câbles de puissance, il est usuel de pratiquer des remises allant de 30 à 60 %. Ladite « remise » peut alors être affectée au comblement des pertes commerciales imputables aux ventes à l’étranger (dumping sur les gros contrats internationaux) ou à des destinations plus « occultes ».

    Si des mesures radicales étaient prises pour mettre fin à ces pratiques, le coût des ouvrages souterrains serait bien moins élevé et encore plus compétitif par rapport à celui des lignes aériennes.

    Il faut aussi dénoncer le combat de lobbying que mènent les industriels français qui travaillent dans le domaine des réseaux aériens, lesquels refusent de se reconvertir (même à moyen et long termes) au profit des technologies non aériennes. Ils préfèrent se complaire dans un chantage à l’emploi pour le moins honteux plutôt que de se soumettre aux lois naturelles de l’évolution sociale et technologique. Il est vrai que, derrière ces industriels, on trouve des groupes bancaires (comme Paribas derrière le groupe Eiffage et sa filiale Norélec) qui ne raisonnent qu’en termes de profits à très court terme, forme de raisonnement qui est incompatible avec la gestion des réseaux électriques (qui ne peut se concevoir qu’à moyen et long termes).

    C’est là un volet politiquement très important du problème et l’on peut s’étonner du fait que le député Christian Kert ne s’y soit pas intéressé. Incompétence ou manque de courage politique ? Ou les deux à la fois peut-être ?

    J’ajouterai que j’ai eu l’occasion de saisir le Parlement européen à propos de ce problème. A l’époque, ledit parlement était présidé par Mme Nicole FONTAINE qui m’a répondu (par lettre reproduite en annexe à la fin de la présente étude) qu’il s’agissait là d’un domaine qui était de la compétence nationale (ce qui est faux puisqu’il y a infraction aux directives européennes relatives aux marchés publics). Aujourd’hui, la même Nicole FONTAINE est ministre de l’Industrie dans le gouvernement RAFFARIN et c’est à elle qu’il appartient de mettre de l’ordre dans les ténébreuses combines du lobby électronucléaire français. Je renvoie donc la balle dans son camp. Mes respects, madame le ministre !



  11. Page 19 :



    Le paragraphe 1.2.1 pourrait laisser croire qu’il n’y a plus de câbles à isolation papier en France. C’est faux. Pas mal de liaisons MT, HT ou THT sont encore équipées de câbles imprégnés datant parfois des années 30 ou 40. Mais il est vrai que depuis les années 70, les câbles à isolation synthétique ont remplacé les anciens câbles papier-huile pour les nouvelles liaisons HTB/THT ou pour la rénovation des lignes anciennes.

    En ce qui concerne les ouvrages THT, le député Christian Kert parle ici de liaisons de 10 à 20 km alors qu’il parlait de 15 km maximum à la page 4. Il aurait intérêt à se décider !

    En outre, il parle de Paris (où l’on trouve 95 % des liaisons 225 kV existant en France), de Lyon et de Marseille mais oublie Toulouse. Les Toulousains apprécieront !

    En fin de page, le député Christian Kert s’en prend à nouveau aux dirigeants d’EDF et à leur « tunnel sous la Manche » mais renouvelle son erreur grossière en parlant d’une « route départementale » (voir point 2 ci-dessus).



  12. Page 17 :



    D’emblée, le rapporteur émet des idées totalement fausses en prétendant que les ouvrages sous-marins qui alimentent des îles ou « servent à réaliser des interconnexions » sont des liaisons à courant continu !

    A croire qu’il n’a jamais entendu parler des nombreuses liaisons sous-marines à courant alternatif, comme la liaison 525 kV du détroit de Vancouver ou celle à 400 kV du détroit de Messine. Il s’est pourtant rendu au Canada et en Italie au frais des contribuables ?

    Une telle erreur prouve que le député Christian Kert n’a pas pris la peine de vérifier les bobards qu’il a pu collecter chez EDF/RTE et ailleurs. On ne peut pas lui reprocher de n’être pas un spécialiste des câbles mais on peut, par contre, le blâmer pour n’avoir pas fait son travail sérieusement et honnêtement !

    Plus on avance dans l’analyse de son « rapport parlementaire » et plus on se demande s’il ne s’agit pas d’une « blague marseillaise » (le député Christian Kert étant député des Bouches du Rhône malgré son nom à consonance germanique) !

    Il ne cesse de se répéter, de redire les mêmes âneries de pages en pages et de chapitres en chapitres. C’est fatigant à la fin !

    C’est ainsi qu’il revient avec sa rengaine selon laquelle « … l’enfouissement de la Très Haute Tension dans le monde est encore au stade expérimental … ». En passant il se contredit puisqu’il a admis, par ailleurs, que l’on trouve plus de 800 km (en réalité pas loin de 1.000 km à ce jour) de liaisons « Très Haute Tension » (classe THT 150-300 kV) en France. Et au Danemark, 21 % des ouvrages THT sont souterrains ou immergés ! C’est cela qu’il appelle un « stade expérimental » ?

    Quant à ses ratios de surcoûts, j’ai déjà démontré qu’il ne fallait pas en tenir compte car ils sont faux.



    En bas de page, on lit : « …Le courant continu a été utilisé pour les liaisons sous-marines… » ce qui aboutit, une fois encore, à laisser croire que le courant continu ne peut être utilisé qu’en technologie sous-marine. Faux, mon capitaine !

    S’il est vrai que le transport en courant continu (HTCC en français, DCHV en anglais) se prête bien à certaines réalisation sous-marines de grande longueur (comme la liaison Suède-Finlande) ou présentant des caractéristiques particulières (France-Angleterre, réseaux non directement compatibles), il faut savoir que l’on utilise aussi le courant continu en technologie terrestre (lignes aériennes ou liaisons souterraines de très grande longueur). Il existe aussi des stations de conversion « alternatit-continu-alternatif », dites « dis à dos », en différents points d’interconnexion entre réseaux non directement compatibles (notamment entre les réseaux de l’Europe de l’Ouest et des anciens pays de l’Est où l’on peut craindre des problèmes de stabilité en fréquence).

    le député Christian Kert évoque vaguement cet aspect à la page 18 mais il parle à tort et à travers de « fréquences différentes », notamment pour la France et l’Angleterre. Or, ce n’est pas le cas. La fréquence est la même dans ces deux pays mais c’est l’agencement des réseaux triphasés qui diffère et empêche une interconnexion directe.

    On constate donc que, globalement, le rapporteur ne connaît pas son sujet. Il n’a fait que recopier ce qu’on lui a dit, sans rien vérifier et en commettant de très nombreuses erreurs qui feraient rigoler tous les vrais spécialistes (heureusement pour le député Christian Kert, il y en a très peu de par le monde).

    On notera que le député Christian Kert s’éternise sur les câbles sous-marins à courant continu jusqu’à la page 26, alors même que cette technologie est plutôt exceptionnelle par rapport aux liaisons, beaucoup plus courantes, à courant alternatif. Le sous-chapitre 2.1.2.3 (page 26) fait par ailleurs mention de la liaison sous-marine d’Honsu-Shikoku à 500 kV dont je crois me souvenir qu’elle est en courant alternatif et non en continu.



  13. Page 26 :



    Présenter les câbles à isolation synthétique comme faisant partie des « technologies expérimentales » est une imposture et une malhonnêteté.

    Les premiers isolants synthétiques ont été testés vers 1933 mais n’ont pu être mis en œuvre qu’après la guerre. Les premiers câbles « secs » sont donc apparus au tout début des années 50, d’abord pour les réseaux de distribution (BT et MT). Très rapidement, des câbles HT furent fabriqués avec des isolants synthétiques (fin des années 50) et à la fin des années 60, on disposait aussi de câbles secs pour la classe THT.

    En 400 kV, le premier câble français homologué par EDF fut celui qui était fabriqué, depuis 1984, par la câblerie Silec (aujourd’hui Sagem) de Montereau. Il fut homologué en 1985. Aujourd’hui, il est proposé pour des tensions jusqu’à 500 kV. Au Japon, le groupe Hitachi fabrique des câbles à isolation synthétique pouvant supporter 550 kV en tension alternative.



  14. Page 28 :



    On commencera par noter que le problème des stations dites « de compensation » (de l’énergie réactive) n’est pas propre aux câbles à isolation synthétique. Il est identique avec tous les câbles à isolation solide (dont les anciens câbles papier-huile). En 400 kV, la surface au sol occupée par une unité de compensation est légèrement supérieure à un quart d’hectare. Mais l’emprise totale, pour l’ensemble de la station est généralement de l’ordre de 1 hectare. Le problème de la surface occupée diffère donc selon que la compensation se fait aux extrémités (l’unité de compensation étant incorporée au poste de transformation) ou « en ligne » (unité constituant une petite station indépendante).

    La vue en coupe figurant sur cette page est celle d’un câble isolé au polyéthylène réticulé (PRC) mais, pour les ouvrages THT et EHT, on utilise des câbles de type PeBd ou Pe Hd (polyéthylène basse ou haute densité). Le PeHd est plus cher mais de meilleure qualité que le PeBd.



  15. Page 29 :



    Les « extrémités », tout comme les « jonctions », sont aujourd’hui de type préfabriqué en usine. Elles ne sont pas « confectionnées sur place » (on ne fait pas de « confection » dans le domaine de l’électrotechnique de puissance) comme le dit le député Christian Kert mais simplement « montées sur place ». Les jonctions sont de gros connecteurs qui relient les longueurs de câbles entre-elles tandis que les extrémités sont des isolateurs-connecteurs assurant la liaison entre la tête de câble et les autres éléments du réseau.

    On se demande d’ailleurs pourquoi le député Christian Kert est allé chercher sa « documentation » au Québec alors même qu’il pouvait trouver les mêmes renseignements (en plus clair et plus détaillé) dans un livre disponible dans n’importe quelle librairie française ? Etait-ce pour pouvoir se faire offrir un petit voyage au Canada sur le compte du contribuable ?



  16. Page 31 :



    le député Christian Kert écrit : «…Quand il n’y a pas de terrain disponible ou lorsque les coûts d’acquisition du terrain sont prohibitifs, plusieurs pays, dont la France et le Japon, utilisent actuellement une nouvelle technique. Cette technique consiste à intégrer les extrémités des câbles dans les pylônes… ». Une fois encore, le député UDF essaye de faire croire qu’il s’agit là d’une « nouveauté technique » alors qu’il s’agit d’un procédé utilisé depuis plus de 50 ans pour toutes les tensions allant de la BT aux THT. Il n’y a guère que pour les ouvrages EHT et UHT qu’il n’est pas possible d’intégrer les isolateurs d’extrémités dans les pylônes (ils sont trop grands et trop lourds).



  17. Pages 31-32 :



    En France, il est d’usage de poser les câbles HTB, THT et EHT dans des canalisations de protection, y compris dans les campagnes. Pour les ouvrages HT, ce type de pose est parfois remplacé par l’enrobage sous mortier maigre. Ces deux solutions augmentent considérablement la protection et réduisent les risques d’agression externe lors de travaux de terrassement. Le problème se pose différemment au Canada où les ouvrages traversent souvent des contrées à très faible densité de population où de tels risques sont à peu près inexistants.



    En ce qui concerne la compensation de l’énergie réactive, il faut préciser qu’elle ne s’impose qu’avec les câbles classiques à isolation solide (isolant papier-huile ou isolant synthétique). En outre, les chiffres donnés par le député Christian Kert sont arbitraires et quelques peu fantaisistes.

    La compensation des ouvrages HTB (50 à 150 kV) ne concerne que les lignes de grande longueur (plus de 100 km) qui ne se rencontrent guère en Europe occidentale. Elle peut parfaitement n’intervenir que tous les 40 à 50 km (et non tous les 21 km comme indiqué par le député Christian Kert). De même, en classe THT (150 à 300 kV), la compensation ne s’imposera que si la longueur de l’ouvrage dépasse la trentaine de kilomètres. Ainsi pour une liaison 225 kV de 40 km de long, on installera une station de compensation en milieu de liaison ou une station à chaque extrémité. En classe EHT (300 à 600 kV), la compensation se fera « en ligne » (tous les 15 à 20 km environ) ou aux extrémités (comme c’est le cas pour la liaison sous-marine 525 kV du détroit de Vancouver). Dans le cas de la compensation par les extrémités, les bobines de réactance sont intégrées dans le poste terminal, avec les transformateurs et autres appareils.

    On constate, par ailleurs, que les Canadiens parlent d’une superficie de 1.300 m² pour une station de compensation 315 kV tandis qu’EDF-RTE annoncent 2.800 m² pour une station de type 380-400 kV. Peut-être ces messieurs finiront-ils un jour par se mettre d’accord ?



  18. Page 33 à 45 : 



    Comme le dit le député Christian Kert, les ouvrages souterrains de Berlin et de Copenhague doivent être regardés comme des réalisations « de prestige » et non comme des ouvrages « ordinaires ». Ce ne sont donc pas des exemples significatifs de ce que sont la plupart des ouvrages souterrains. Le cas de Berlin diffère d’ailleurs de celui de la plupart des grandes métropoles en ce sens qu’on a cru utile d’amener l’alimentation EHT (380 kV) au centre même de la ville. Si nous prenons l’exemple de Paris, nous observons que l’alimentation EHT 400 kV s’arrête à l’extérieur de la ville et que l’alimentation du centre urbain est en 225 et 63 kV (100% souterrain). Les caractéristiques propres à l’alimentation de Berlin ont été à l’origine du choix de la pose « en tunnel », solution de luxe qui ne s’impose que dans les grands centres urbains. Les Japonais ont opté pour la même solution à Tokyo car les problèmes posés par l’alimentation électrique de la capitale nippone sont assez semblables à ceux que l’on rencontre à Berlin.

    le député Christian Kert eut été mieux inspiré en parlant des réalisations françaises. S’éterniser sur l’ouvrage berlinois est sans intérêt pour les parlementaires français qui auraient certainement préféré trouver, dans ce rapport, des renseignements relatifs à l’alimentation électrique souterraine de Paris et des grandes villes de France. Fort heureusement, les élus intéressés pourront toujours s’adresser au CEPHES s’ils veulent disposer d’informations sérieuses.



    La même remarque vaut pour les réalisations danoises mais il est quand même intéressant de savoir qu’au Danemark on a enfoui plus de 12 % des ouvrages dont la tension est supérieure à 132 kV et 40 % % des ouvrages dont la tension est comprise entre 30 et 60 kV. Pour les basses et moyennes tensions (HTA), l’enfouissement est supérieur à 70 % (pour seulement 30% en France).

    Il est, par ailleurs, étonnant de constater que le député Christian Kert – qui a tant voyagé sur le compte des contribuables français – n’a pas fait mention de la liaison supraconductrice (HTS) qui a été installée par les ingénieurs d’une compagnie danoise qui alimente Copenhague en électricité. Il s’agit d’une liaison 30 kV-2.000 A alimentant une sous-station qui dessert 50.000 consommateurs pour une puissance maximale de 104 MVA.

    Cette belle réalisation - la seconde dans le monde après la liaison HTS de Détroit (USA) – est décrite dans la communication 21-205 du Cigré (*) 2002. Mais, de toute évidence, le député Christian Kert n’a pas cru utile de consulter les communications des congrès Cigré et Jicable. Il a préféré, de toute évidence, écouter les balivernes des désinformateurs professionnels et les ragots colportés dans les cocktails des ambassades.

    A la page 41, on lit – à propos des projets britanniques – que le Pr S. Swingler aurait dit que les câbles à isolation synthétique extrudée seraient « très sensibles aux défauts », ce qui est aberrant puisque ces câbles sont, tout au contraire, bien plus fiables que les câbles à isolation papier-huile. Ou bien le Pr Swinger devient gâteux, ou bien le député Christian Kert a compris de travers !



    La désinformation continue à propos des réalisations canadiennes.

    C’est ainsi que l’on nous dit qu’à Montréal, une liaison souterraine coûte 30 fois plus cher qu’une ligne aérienne. Or, il n’y a pas de raisons particulières qui puissent justifier un tel ratio. La construction d’un ouvrage souterrain ne coûte pas plus cher à Montréal qu’à Paris ou Toulouse. Et le député Christian Kert en rajoute en affirmant qu’il n’existe pas, pour l’instant, de technologie souterraine capable de « faire transiter 5 à 700 kV » (sic). Nous supposons qu’il a voulu dire « 500 à 700 kV » et nous lui rappelons que la technologie CIG (isolation gazeuse), déjà ancienne dans son principe, permet de transporter des tensions UHT comprises entre 500 et 800 kV !

    Une fois encore, le député des Bouches-du-Rhône a été, de toute évidence, fort mal renseigné.

    On ignorera donc les bobards répercutés à la page 43 du rapport et qui concernent les liaisons à isolation synthétique (LIS) dont tout le monde sait (sauf le député Christian Kert et ses « informateurs ») qu’elles sont inadéquates en classe UHT. Mieux vaut se taire que de dire des conneries !



    On retiendra, par contre, que les Japonais ont, à leur actif, de très beaux ouvrages souterrains ou immergés en classe EHT et notamment en 500 et 550 kV. La liaison 500 kV de 40 km qui alimente Tokyo contredit d’ailleurs les affirmations selon lesquelles on ne pourrait pas concevoir une liaison souterraine EHT d’une telle longueur (voir mensonges habituels des « communicants » et dirigeants d’EDF-RTE). Et s’il a fallut près de 40 ans pour terminer cet ouvrage, c’est pour des raisons liées aux travaux de génie civil (compte tenu de la nature du sous-sol à Tokyo) et non pour des motifs purement électriques. On notera, par ailleurs, que les ingénieurs japonais ont eu l’intelligence de poser les câbles « en trèfle jointif » afin de réduire au maximum l’induction magnétique. Une pose « en nappe » aurait permis un transit de puissance un peu plus important mais aurait posé des problèmes en tous genres (y compris en matière de santé publique) et exigé une emprise au sol plus conséquente. L’exemple de Tokyo prouve qu’une liaison EHT/500 kV peut se concevoir dans une ville à très haute densité de population. Ici aussi, la solution de la pose en tunnel a été retenue pour des raisons pratiques.



    (*) On nomme « Cigré », la Conférence Internationale sur les Grands Réseaux Electriques. C’est là que sont abordés, par les ingénieurs compétents (pas par les « communicants »), les problèmes relatifs aux réseaux HTB, THT, EHT et UHT ainsi qu’aux interconnexions. Le « Jicable » est le congrès international traitant spécifiquement des problèmes inhérents aux réseaux souterrains, immergés et sous-marins. On ne parle pratiquement jamais de ces congrès internationaux dans la grande presse et les médias. Les centaines de communications techniques qui sont faites par les participants demeurent habituellement des documents « confidentiels », presque secrets.

    De même, le grand public n’a guère accès aux grands salons internationaux comme « ELEC » qui se déroule tous les deux ans à Paris Villepinte. Les dirigeants du secteur de l’électricité n’aiment pas que le « monsieur-tout-le-monde » mette son nez dans leurs affaires.



  19. Pages 45 à 48 :



    Les canalisations à isolation gazeuse (CIG) - étudiées depuis le début des années 60 - constituent, en fait, un compromis entre l’enfouissement et le recours à un isolant ayant des caractéristiques diélectriques proches de celles de l’air (qui est l’isolant des lignes aériennes). Mais il ne s’agit plus de « câbles » au sens strict du terme. On entre là dans un domaine qui s’apparente bien plus à la plomberie qu’à l’électricité, d’où le nom d’ « électroduc » qui est parfois donné aux liaisons CIG-LIG.

    Il en résulte que ces canalisations manquent de souplesse et sont plus complexes à poser que les câbles. Leur avantage essentiel réside dans leur capacité à supporter des tensions très élevées (jusqu’à 750-800 kV) sans nécessiter l’installation de stations compensation de l’énergie réactive.

    La réalisation japonaise est intéressante mais il semble bien qu’elle soit battue en longueur par un ouvrage CIG construit en Arabie (Arabie saoudite ou Qatar).

    La technologie CIG, bien qu’encore peu utilisée, est d’ores et déjà dépassée, notamment du fait du développement rapide des câbles supraconducteurs.



  20. Pages 49 à 54 :



    Les informations relatives aux câbles supraconducteurs sont globalement correctes, bien que parfois lacunaires. le député Christian Kert, qui est allé à Détroit, n’a pas cru utile de « rapporter » que le câble utilisé dans cette ville a été développé grâce à des investissements qui comportaient, notamment, des fonds émanant d’EDF (actionnaire de la firme américaine qui a fourni les rubans supraconducteurs). le député Christian Kert parle aussi de « projets danois » alors qu’ils sont déjà partiellement réalisés (voir ci-dessus) !



  21. Page 56-57 :



    le député Christian Kert nous parle des « effets d’échauffement » et d’un « emballement thermique » qui ferait fondre le câble alors même que ces problèmes sont parfaitement résolus depuis plus de 50 ans !

    Quant à la « bande de 10 mètres » qui serait « neutralisée » pour permettre les réparations éventuelles, on notera qu’elle ne s’impose que si les câbles sont posés ailleurs qu’en bordure des voies carrossables. Or, plus de 90 % des ouvrages souterrains sont précisément posés sous les trottoirs, les rues et les routes. Cette remarque ne vaut donc que pour moins de 10 % des ouvrages existants. J’ai par ailleurs très souvent insisté sur le fait que les défauts affectant les câbles eux-mêmes sont extrêmement rares. Le risque de devoir remplacer un tronçon de câble n’est guère supérieur à 1 défaut tous les 20 ans et pour 100 km de câbles posés (avec les câbles actuellement disponibles). Par contre, les incidents survenant sur les lignes aériennes sont nombreux et variés.



    Le reste est à l’avenant et sans intérêt réel (notamment ce qui est répété à propos des stations de compensation, voir plus haut).

    On relèvera juste que, pour un budget annuel de 3 milliards de francs français, EDF ne consacrera qu’un tout petit peu plus de 40 millions (250 MFF pour 8 ans) aux études et recherches relatives à l’enfouissement des réseaux. Le budget annuel de RTE est de 350 MFF mais, ici aussi, les sommes allouées aux technologies souterraines, immergées et sous-marines sont dérisoires. Cela démontre le mépris des dirigeants de ces deux entreprises vis-à-vis des revendications légitimes des défenseurs de la santé et de l’environnement, lesquels sont donc fondés à bloquer les projets de lignes HT, THT et EHT qui ne prennent pas leurs revendications en considération.

    Pour les « X-Mines », « Supélec » et autres « énarques », l’ intérêt des actionnaires des groupes industriels passe avant celui des citoyens « ordinaires ». 



  22. Pages 59 à 70 :



    Nous abordons ici le chapitre 3 du rapport Kert, celui qui concerne les coûts (voir ce qui a déjà été dit au point n°10 de la présente étude analytique).



    C’est sans nul doute le volet le plus délicat à aborder pour un parlementaire qui se voudrait honnête et objectif.

    Car, pour analyser correctement la problématique des coûts, il faut IMPERATIVEMENT tenir compte des méthodes illicites et fort peu honnêtes qui sévissent dans le secteur de l’énergie en général et de l’électricité en particulier.

    Depuis de très nombreuses années, j’ai dénoncé les pratiques relevant de la surfacturation et du détournement de fonds qui affectent, de façon quasi générale, les marchés relatifs aux ouvrages de transport et de distribution d’électricité. Plusieurs plaintes pénales ont été déposées (par moi et par d’autres) mais sans aucun succès à ce jour. Il semble bien que des directives ont été données aux parquets afin qu’aucune poursuite ne soit engagée dans ce domaine particulier.

    Dans certains cas précis, il peut pourtant être démontré que les sommes payées par les exploitants (les compagnies d’électricité qui font construire les ouvrages par leurs fournisseurs et sous-traitants habituels) étaient deux à quatre fois plus élevées que le coût réel de l’installation.

    En ce qui me concerne, j’établis donc mes calculs de comparaison sur la base des coûts réels et non sur celle des coûts manipulés. Et j’obtiens des résultats très différents de ceux qu’avancent EDF, RTE et des tas d’autres entreprises. Notons que les malversations sont commises avec la complicité active des « clients » (les sociétés exploitantes comme EDF et RTE) et des instances de tutelle (comme le ministère de l’Industrie et ses délégations régionales).



    Peut-on penser sérieusement qu’un parlementaire oserait soulever de telles questions?  Le courage n'a jamais été la vertu première des « hommes politiques » et rares, très rares, sont les élus de haut niveau qui se permettraient, dans un rapport à caractère officiel, de lever un lièvre qui risquerait de mener tous les ministres de l’Industrie de la Ve république (et un très grand nombre de chefs d’entreprise et de hauts fonctionnaires) devant les tribunaux correctionnels ! Et le député Christian Kert n’est manifestement pas un élu courageux !



    Je ne me lancerai donc pas dans une analyse détaillée du chapitre 3 du rapport Kert puisque ma façon d’analyser les choses ne correspondent pas à celle qu’il a cru bon de retenir (celle des compagnies d’électricité). La plupart des chiffres avancés par le député Christian Kert sont erronés ou carrément mensongers, d’autant que chaque ouvrage est un cas d’espèce et que les « ratios moyens » sont rarement significatifs.

    Je dirai simplement que, DANS LA TOUTE GRANDE MAJORITE DES CAS, les ouvrages souterrains, immergés et sous-marins sont PLUS RENTABLES, à moyen et long terme que les ouvrages aériens équivalents. Mais il faut, pour le démontrer valablement, intégrer TOUS les paramètres financiers, y compris les réductions en termes de pertes, le coût presque nul de la surveillance et de la maintenance (coûts très élevés pour les lignes aériennes), le très faible taux d’avaries (5 à 10 fois moins de pannes qu’en aérien), les « impondérables » (intempéries, glissements de terrain,…) et… les malversations qui ne semblent pas vouloir cesser, notamment en France !

    J’ai personnellement estimé que plus de 500 milliards de francs français avaient été dilapidés ou détournés au détriment d’EDF entre 1950 et 2000, soit une moyenne d’environ 10 milliards de FF par an pendant un demi-siècle. Et dire que l’on nous affirme que l’on ne peut pas tout enterrer parce que les crédits manquent !

    En fait, ce qui manque, ce ne sont pas les crédits. Ce sont les gestionnaires suffisamment compétent et intègres pour pouvoir les utiliser à bon escient ! ! !

    Il manque aussi, à la France, des parlementaires qui soient capables de faire leur métier honnêtement et correctement !

    Et au train où vont les choses, il y a fort peu de chances pour qu’un changement significatif de mentalité et de comportement puisse intervenir rapidement.





  23. Pages 71 à 75 :



    A propos de la justification des investissements, je ferai remarquer que si les réseaux français avaient été normalement enterrés (+ de 70 % pour les réseaux de distribution comme dans d’autres pays européens et + de 10 % pour les ouvrages HTB), les tempêtes de décembre 1999 n’auraient provoqué que des dommages mineurs. C’est d’ailleurs ce que j’ai eu l’occasion de dire dans le cadre de l’émission spéciale diffusée en décembre 2000 par l’équipe de France 3 (rédaction nationale).

    Les électriciens allemands qui sont venus aider leurs collègues d’EDF ont aussi pu constater – tout comme je l’ai fait depuis longtemps – l’état lamentable dans lequel se trouvent pas mal de lignes aériennes dans les régions rurales. Dans bon nombre de départements, on rencontre encore des lignes de transport dont la construction remonte à plus de 70 ans. Et bien souvent, ce sont les conducteurs qui empêchent les pylônes de tomber (et non l’inverse). Pour EDF et RTE, les régions rurales – à faible densité de population – ne sont pas économiquement et commercialement « rentables », d’où le fait que l’on ne s’intéresse guère à l’état des réseaux dans ces zones.



    Notons, au passage, qu’EDF n’a jamais été un « service public », au sens strict du terme. Son statut a toujours été celui d’un « établissement public à caractère industriel et commercial », ce qui est très différent. Et l’on y pratique une politique commerciale basée sur la notion de TRI (Taux de Rentabilité Immédiate) qui va à l’encontre du principe même du service public. L’économiste français Louis PUISEUX, qui fit partie des cadres de la direction-générale d’EDF, a d’ailleurs quitté cette entreprise en dénonçant les procédés commerciaux qui y étaient en vigueur. La même remarque vaut évidemment pour de dernier avatar d’EDF, à savoir RTE. Ces deux entreprises mènent une politique agressive d’investissements sur le plan international qui, à terme, risque fort de leur être fatale.



    Globalement, les réseaux français sont très médiocres (la France est dans le peloton de queue sur le plan européen en matière de qualité des réseaux électriques) avec des ouvrages vétustes ou mal entretenus, un taux d’enfouissement très faible et une mauvaise conception générale de la distribution en zones non urbaines (réseaux insuffisamment bouclés). Les effets des tempêtes de décembre 99 résultent de ces défauts qui auraient pu être corrigés depuis plusieurs décennies.

    Ici encore, il faut dénoncer les « combines » qui perdurent et qui concernent les marchés passés entre les exploitants français (EDF-RTE et quelques régies indépendantes) et le très puissant lobby financier qui contrôle les activités des entreprises sous-traitantes et des fournisseurs. Ce lobby persiste à privilégier les ouvrages aériens, archaïques et dangereux, qui génèrent de gros profits à très court terme et sont source des marchés « juteux » puisqu’ils nécessitent une maintenance régulière et doivent être plus fréquemment réparés que les liaisons non aériennes.

    Il opère notamment au travers de certains syndicats patronaux, comme Gimélec qui hurle à la perte d’emploi chaque fois que l’on propose de substituer un ouvrage souterrain à un ouvrage aérien. Et pourtant, ce chantage à l’emploi est totalement vide de sens puisque la plupart des entreprises qui travaillent dans le domaine de l’aérien pourraient se reconvertir dans des délais tout-à-fait raisonnables (le seul entretien des lignes existantes se poursuivrait encore pendant plus de 70 ans, même si l’on décidait aujourd’hui de ne plus construire que des ouvrages non aériens).

    Il s’agit donc d’un conflit d’actionnaires où l’on retrouve l’influence occulte et pernicieuse de certains groupes financiers (voir notamment ce qui est dit à propos de Paribas-Eiffage-Norélec, mais ce cas n’est pas unique, loin s’en faut). Ce conflit est favorisé par l’attitude des milieux politiques et notamment par le ministère de l’Industrie qui persiste à privilégier les intérêts du lobby de l’aérien.

    La technologie n’a rien à voir dans tout cela.



    Les arguments relatifs à la sécurité des biens et des personnes (pages 72 à 74) sont assez corrects mais le tableau de la page 75 relève du fantasme des électriciens d’Hydro-Québec et est sans le moindre intérêt pratique.



  24. Pages 76-77 :



    A en croire, le député Christian Kert, les sites à protéger se limiteraient à ceux de la région où il a été élu (PACA) et au parc régional de Brière. Il semble ignorer les problèmes qui se posent un peu partout en France. C’est ainsi que près de 40 projets HTB, THT et EHT sont bloqués par des opposants et parfois depuis très longtemps (depuis les années 80 pour la nouvelle ligne France-Espagne et 12 ans pour la ligne THT du Quercy). Dire que ce mouvement citoyen « a de grandes chances de faire des émules » est un doux euphémisme. le député Christian Kert est, une fois de plus, très en retard sur l’actualité !

    En France, les oppositions aux lignes aériennes d’EDF ont débuté aux environs de 1975 et se sont amplifiées et multipliées depuis la fin des années 80. C’est dans la région Midi-Pyrénées que l’on compte le plus de projets contestés.



  25. Pages 77 à 81 :



    J’ai déjà dit par ailleurs que les problèmes liés aux effets des champs électromagnétiques sur la santé n’étaient pas de la compétence de l’office parlementaire dont dépend le député Christian Kert. C’est un domaine qui relève de la commission de la santé publique, cette dernière n’ayant jamais cru utile de s’inquiéter de la chose. Quant aux « prises de position » du CSHPF j’ai démontré, documents à l’appui, qu’elles résultaient d’une manipulation des instances sanitaires françaises par les groupes de pression industriels (voir notre site Internet), d’EDF et du CEA.



    Il n’empêche que le député des Bouches-du-Rhône a quand même voulu ajouter son grain de sel en colportant les ragots concoctés par les « communicants » des compagnies d’électricité.

    Les arguments qu’il présente relèvent tout simplement de la malhonnêteté intellectuelle et de la manipulation grossière. Ce sont ceux d’EDF et consorts, pas ceux des véritables experts en santé publique.

    Je ne prendrai pas la peine de relever toutes les incongruités qui parsèment le sous-chapitre 4-5 du rapport Kert et je renvoie aux nombreux documents qui sont cités et reproduits dans la rubrique « archives » du site Internet du CEPHES.

    Je m’attarderai cependant sur le dessin que le député Christian Kert a fait reproduire à la page 79 et qui est tout particulièrement malhonnête. C’est celui que je reproduis moi-même ci-dessous.



    Ce dessin, dont on nous dit qu’il émane de l’OMS (pour faire « sérieux ») - alors qu’il ne comporte pas le numéro de référence propre à toutes les illustrations de l’OMS - est une très grossière manipulation qui ne peut toutefois apparaître clairement que si l’on est un expert en la matière.

    En effet, on nous présente, côte à côte, deux ouvrages censés transporter la même intensité électrique (1.000 A). Et l’on cherche à prouver de cette manière que la liaison souterraine génèrera une induction magnétique B plus importante que la ligne aérienne équivalente.

    Ce que le député Christian Kert ne nous dit pas (et pour cause), c’est que l’on a volontairement choisi de présenter la configuration la plus favorable à l’aérien (conducteurs disposés en triangle pour chacun des deux circuits) et celle qui est la plus défavorable au souterrain (deux circuits posés en nappe). D’autre part, les valeurs données pour l’ouvrage aérien sont fausses.



    Si, à l’inverse, nous choisissons la disposition en nappe pour l’aérien et la pose en triangle (trèfle jointif) pour le souterrain, les résultats ne seront plus du tout les mêmes. L’induction magnétique générée par un ouvrage électrique de distribution ou de transport (autrement dit par des fils, des conducteurs ou des câbles de grande longueur) est régie par des lois mathématiques précises qui ressortent du calcul vectoriel et qui tiennent compte de différents paramètres, parmi lesquels la configuration géométrique des conducteurs de phase. C’est un fait qui est, en principe, connu de tout électricien et pas seulement des ingénieurs en électrotechnique et des physiciens.



    Pour mémoire, on peut calculer aisément cette induction par la formule suivante :

    Nous voyons que le premier terme de cette formule très simple comporte deux variables, à savoir l’intenté « I » (en ampères) et la distance « D » (en mètres) qui est la distance séparant les conducteurs de phases du point pour lequel on désire connaître la valeur de l’induction « B ». Le second terme comporte aussi trois variables qui sont les trois distances « d » (en mètres) séparant les conducteurs de phases eux-mêmes.

    Or, il ne faut pas avoir fait polytechnique pour se rendre compte que, dans le cas d’une configuration en triangle, d1, d2 et d3 auront une valeur identique tandis que, dans le cas d’une configuration en nappe, d3 aura pour valeur d1+d2.



    Ainsi, si nous postulons que  « I » vaut 1.000 A et que « D » vaut 10 mètres, nous voyons que, pour une ligne aérienne EHT où « d » serait de 7 mètres, la valeur du second terme sera celle de la racine carrée de la somme des « d » divisée par 2 soit 8,573 pour une disposition en triangle et 12,124 pour une disposition en nappe. Et puisque la valeur du premier terme est 10 (1.000 divisé par 10²), la valeur de B à 10 mètres et pour 1.000 A sera de 85,73 µT dans le premier cas et de 121,24 µT dans le second. Il s’agit là de l’induction B par circuit et, dans le cas d’une ligne à deux circuits, il faudra tenir compte de l’interaction entre les deux champs pour obtenir la résultante globale (interaction variable selon configurations et distances entre les circuits). Or, le dessin du rapport Kert ne fait état que d’un champ B total de l’ordre de 9 µT à l’aplomb des conducteurs  et à 1,80m au-dessus du sol ?

    Si, à présent, nous considérons la liaison souterraine en admettant que les câbles ont un diamètre de 12 cm tandis que l’âme conductrice aurait un diamètre de 5 cm (valeurs moyennes pour un câble amené à transiter 1.000A), l’application de la même formule donnera une valeur B de l’ordre de 14,14 µT à 10 mètres d’une nappe horizontale (si la distance « d » entre conducteurs est de 1 mètres). Mais si nous posons les mêmes câbles en trèfle jointif, la distance « d » ne sera plus que de 0,07 m et l’induction B à 10 mètres tombera à 0,857 µT.



    On voit donc que le dessin reproduit par le député Christian Kert est honteusement et grossièrement manipulé.

    En effet, dans le cas de la ligne aérienne figurée sur ce dessin, l’ induction totale devrait être supérieure à 50 µT à 10 mètres des conducteurs (même en tenant compte d’une interaction favorable entre les champs générés par les deux circuits triphasés). Et pourtant, on essaye de nous faire croire qu’elle ne dépassera pas les 10 µT.

    Mieux, si les conducteurs étaient disposés en nappe (ce qui est le cas pour certaines lignes EDF), l’induction à 10 mètres dépasserait les 100 µT. Les valeurs seraient encore très élevées pour une distance « d » réduite à 6 mètres (plus de 40 et 80 µT selon configuration).

    Dans le cas de la liaison souterraine, la valeur de B donnée par le dessin du rapport Kert est curieusement assez proche de la réalité si les câbles sont posés en nappe avec une distance entre phases de 1 mètre. Mais nous venons de voir que si l’on pose les câbles en trèfle jointif (ce qui est le cas le plus courant, voir ce qui est dit plus haut à ce propos), l’induction magnétique à 10 mètres et pour 1.000 A sera déjà inférieure à 1 µT. A 15 mètres, elle ne sera plus que de 0,38 µT et à 20 mètres elle sera de 0,21 µT.

    Ces calculs théoriques ont été maintes fois confirmés par des mesures faites « in situ » par moi-même (avec un mesureur de qualité professionnelle) dans l’environnement d’ouvrages aériens et souterrains.



    Le niveau de l’induction générée par une liaison souterraine sera donc considérablement moins élevé que pour la ligne aérienne transportant la même intensité de courant. Mais encore faut-il savoir calculer correctement et honnêtement !



    N’oublions pas non plus (comme le fait le député Christian Kert) que les lignes aériennes génèrent aussi une induction électrique (champ E) très élevée. Pour une ligne 400 kV, on peut mesurer plus de 20.000V/m (+ de 20 kV/m) à 1m,80 au-dessus du sol. Or, le champ E est aussi de nature à provoquer des troubles de la santé et des accidents graves (par choc électrique lors du contact avec des éléments métalliques mis sous tension par induction).

    Dans le cas des ouvrages souterrains ou immergés, l’induction électrique est TOUJOURS NULLE.



    Pour mémoire, des effets biologiques néfastes et significatifs ont été observés par de nombreuses équipes médicales lorsque la valeur de E dépasse les 500 V/m et lorsque la valeur de B est supérieure au seuil qui se situe à hauteur de 0,2-0,3 µT. La prétendue « recommandation » de l’IRPA, qui fixe le seuil de sécurité à 83 µT est sans aucune valeur et doit être regardée comme nulle et non avenue, tout comme les lois et réglementations qui en découleraient.

    Le bref exposé qui précède démontre qu’il ne faut accorder aucune espèce d’importance à ce que dit le député Christian Kert à propos des effets néfastes des champs induits par les ouvrages de transport et de distribution d’électricité. Il n’a fait que répéter, comme un perroquet (même pas savant), les âneries et les mensonges concoctés par les professionnels de la désinformation qui travaillent pour le compte des compagnies d’électricité et du lobby de l’aérien.



  26. Pages 83 à 89 :



    A partir du moment où il est établi que le rapport Kert est entaché d’anomalies graves, les « conclusions » que le rapporteur prétend tirer de ses écrits sont sans intérêt. Le rapport Kert est un rapport « de complaisance » et ses conclusions ne sont rien d’autres qu’ un subtil mélange de démagogie et de propos visant à semer le doute dans les esprits. Car si le député Christian Kert se déclare globalement « favorable » à une politique favorisant l’enfouissement des ouvrages électriques, il persiste à se comporter en « collabo » lorsqu’il s’agit de nier différentes réalités « gênantes » pour le pouvoir politique, qu’il s’agisse des coûts ou des effets sur la santé.

    De même, les « recommandations » du rapporteur sont sans doute intéressantes mais manquent singulièrement de pugnacité. Ce sont des recommandations « tièdes » et « politiquement correctes » qui ne peuvent que résoudre très partiellement les problèmes posés.

  27. Pages 91 à 93 :



    Le texte relatif à l’adoption du rapport par l’office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques ne présente aucun intérêt particulier. C’est du verbiage parlementaire qui a tout juste le mérite de reconnaître que la France est en retard par rapport à ses partenaires européens en matière d’enfouissement des réseaux électriques (c’est le moins que l’on puisse dire, en effet).

    Relevons par ailleurs que le sénateur Pierre Lafitte (vice-président de l’Office et président de séance) a souligné que des gains de coûts pouvaient être obtenus en enfouissant les ouvrages en bordure des autoroutes. C’est que j’ai préconisé depuis près de 20 ans sans que les pouvoir publics tiennent compte de cette proposition pourtant logique. En France, chacun entend toujours tirer la couverture à soi et chaque organisme concocte ses petits projets dans son coin en se préoccupant le moins du monde de ce que les autres peuvent projeter ou entreprendre.

    Si, comme je l’avais préconisé, on avait profité de la construction de l’autoroute A 20 – entre Montauban et Souillac via Cahors – pour moderniser et assainir les réseaux électriques, le conflit qui oppose EDF-RTE aux citoyens du Quercy serait aujourd’hui résolu ! Mais, selon la vieille habitude, le service des autoroutes du ministère de l’Equipement a travaillé dans son coin tandis qu’EDF persistait à défigurer le Quercy Blanc avec sa THT aérienne. Le vœu du sénateur Lafitte risque fort de demeurer un vœu pieu pendant pas mal de temps encore.



  28. Page 95 :



    L’empressement que le député Christian Kert met à remercier « chaleureusement » le directeur de la « communication » et des relations extérieures de RTE rend son rapport encore un peu plus suspect (mais il est vrai que le député Christian Kert est devenu un « spécialiste des problèmes de communication », voir à la fin de cette étude).



    On ne peut que déplorer l’omniprésence des « communicants » dans les relations que les élus entretiennent avec les grandes entreprises. N’ayant souvent qu’une formation technique et scientifique très sommaire (voire carrément nulle), ces « bavards professionnels » - qui ne sont rien d’autre que des propagandistes déguisés – entendent contrôler tout ce qui se dit au nom des entreprises et des organismes pour lesquels ils travaillent. Ce sont ces « communicants » qui élaborent les campagnes de désinformation et de mensonge en partant du principe que les élus et les citoyens sont des imbéciles à qui l’on peut raconter n’importe quoi, y compris les âneries les plus monumentales.

    De plus en plus souvent, les ingénieurs et les techniciens qualifiés se plaignent d’être « interdits de parole », voire espionnés par les « communicants » qui entendent parler à leur place, même s’ils ne savent pas de quoi ils parlent ! Des ingénieurs de haut niveau sont ainsi espionnés jusque dans leurs conversations téléphoniques et dans les relations qu’ils entretiennent avec des personnes extérieures à leur entreprise.

    Chez EDF et RTE, l’omniprésence des « communicants » - et les stupidités qu’ils colportent sous couvert d’ « information » - font énormément de tort à ces entreprises. A force de s’enfoncer dans le mensonge, les dirigeants d’EDF et de RTE ne savent plus comment se sortir de cette périlleuse situation et font appel à leurs derniers « alliés » (comme le député Christian Kert).

    Il est plus que temps de remettre les « communicants » à leur place et de rendre la parole à ceux qui disposent des connaissances et de la compétence nécessaire. Et beaucoup de conflits disparaîtront d’eux-mêmes lorsqu’une véritable transparence aura pu être instaurée dans les rapports entre les grandes entreprises, les citoyens et les élus de tous niveaux.

    Il conviendrait, par ailleurs, qu’une enquête soit ouverte à propos des activités plus que douteuses de certains services de la direction-générale d’EDF et tout particulièrement de cette sorte de « KGB édéèfien » qu’est le GRETS. Cette enquête révèlerait notamment les relations équivoques qui existent entre ce nid de vipère, certains services du ministère de l’Industrie (comme les DRIRE) et les « Renseignements généraux » de la police nationale française.



    Notons encore que le député Christian Kert a cru nécessaire de se rendre en Allemagne, au Danemark, en Grande-Bretagne, en Italie, au Canada et aux Etats-Unis pour s’ « informer » à propos d’une technologie pour laquelle la France a toujours été l’un des leaders mondiaux. Vous avez dit bizarre ?

    Il serait intéressant de savoir ce que ces « missions à l’étranger » ont pu coûter à la collectivité, d’autant que nous savons à présent que ces dépenses fastueuses n’ont servi à rien. Nous sommes là en présence d’un exemple typique de gabegie parlementaire, chose navrante au moment même où les gouvernants de toutes tendances se plaignent de manquer de moyens pour financer les besoins sociaux les plus élémentaires (comme la politique de santé publique, par exemple) !



  29. Pages à 104 :



    La liste des personnes « remerciées » est significative du fait que le rapporteur Christian Kert n’a guère « entendu » que des apparatchiks ou des personnes dont la liberté de parole est très limitée (comme les représentants des sociétés câblières qui sont tenus à une certaine « réserve » pour des raisons commerciales faciles à comprendre). Sans parler de celles qui n’ont pas la moindre compétence dans le domaine abordé.

    Il n’a, en tous cas, auditionné aucun expert authentiquement indépendant (autrement dit n’ayant à subir aucune pression commerciale, politique ou institutionnelle comme votre serviteur).



  30. Mes conclusions :



    Elles sont simples : le rapport Kert est un mauvais, un très mauvais rapport. Si je devais lui donner une note, elle ne serait pas supérieure à 5 sur 20.

    C’est aussi un rapport dangereux car il est terriblement ambigu. le député Christian Kert fait mine d’égratigner le duo EDF-RTE mais, en réalité, il cautionne la plupart des éléments de désinformation que colportent les « communicants » de ces deux entreprises françaises.

    Il faut donc être naïf ou faux cul (ou les deux à la fois) pour oser prétendre que le rapport Kert peut être utile à ceux et celles qui s’opposent à la politique menée par EDF-RTE en matière de réseaux.

    Un rapport parlementaire doit être agréé en entier ou rejeté en entier. On ne peut pas, comme certains le voudraient, en accepter quelques bribes tout en refusant le reste. Le rapport Kert doit donc être rejeté dans sa globalité, même si, de ci, de là, il contient quelques ébauches de vérité.

    En ce qui concerne la technologie des réseaux souterrains, immergés et sous-marins, on pourra se reporter à l’ouvrage que j’ai fait paraître aux éditions Teknéa en 1998 (voir rubrique « publications » du site Internet du CEPHES). Une première mise à jour de ce livre devrait être diffusée sur notre site avant la fin de cette année ou au début de 2003.



    Le député Christian Kert s’est fait une réputation d’homme affable et jovial mais aussi de « touche-à-tout » qui prétend se mêler de tout et de rien. S’il est honorable de s’intéresser à tout, encore faut-il le faire correctement et ne pas énoncer, le plus sérieusement du monde, des âneries monumentales.

    J’aime bien les personnages affables et « bon vivants » mais, à tout prendre et dans mon domaine professionnel, je préfère les individus compétents, même s’ils ont moins de charisme. Les pitres, c’est rigolo au cirque mais ça l’est moins en politique. Jack Lang était le bouffon de la gauche, le député Christian Kert est le gugusse de la droite. Ils ne me font rire ni l’un, ni l’autre. Ceci dit, si les Français veulent continuer à élire de clowns, c’est leur affaire, pas la mienne. Ils peuvent aussi continuer à offrir des gueuletons à ces pique-assiettes professionnels. Ca n’est pas non plus mon problème.



    Le rapport Kert ira rejoindre, dans les oubliettes institutionnelles, un autre rapport parlementaire rédigé, sur le même sujet, par le sénateur socialiste Frank SERUSCLAT. Ce document, datant de 1991, était aussi peu convaincant que celui du député Christian Kert et il n’a été d’aucun utilité pour personne. Il avait cependant le mérite (si l’on peut dire) d’avoir coûté beaucoup moins cher. Car le sénateur-maire de St Fons avait rédigé son rapport sans quitter la France et en se contentant de recopier bêtement les éléments de désinformation qui lui avaient été communiqués par EDF.

    Mais il est vrai que la région PACA, dont le député Christian Kert est l’élu, a la (triste) réputation d’être la terre de prédilection des rapports bidons en tous genres et des « études » aussi coûteuses qu’inutiles. N’a-t-on pas cité l’exemple d’une « étude » qui aurait coûté plus de 130.000 francs pour un texte de 13 pages farci d’erreurs et illustré par… une photocopie d’une carte Michelin ?

    J’ai par ailleurs été le seul expert à avoir « osé » demander que l’on divulgue le coût de la « contre-expertise » commandée au cabinet parisien « Explicit » par la Commission particulière du Débat Public dans le cadre de la procédure relative au projet de ligne 400 kV « Boutre-Carros ». Mais, bien entendu, ma demande fut rejetée et l’on ne saura sans doute jamais ce qu’a pu coûter cette pseudo-étude commandée auprès d’un cabinet prétendument « indépendant » mais dont le directeur, fort curieusement (et fort opportunément), était un ancien ingénieur du Commissariat à l’Energie Atomique spécialisé dans les surgénérateurs et très proche d’EDF !

    Et dire que l’on nous rabat les oreilles avec la prétendue « transparence »d’EDF-RTE et consorts. En réalité, nous nageons dans l’opacité le plus totale !



    J’en aurai terminé en précisant qu’après avoir lu le rapport Kert, juste après sa publication (en janvier 2002), j’avais adressé plusieurs longs courriers au député des Bouches-du-Rhône, lequel n’a même pas eu la politesse d’en accuser réception. Qu’il ne s’étonne pas, dès lors, que je me sois permis de quitter ostensiblement la salle pendant l’exposé qu’il avait été invité à faire dans le Lot, d’autant que, contrairement à ce qui avait été convenu préalablement (avec M. C. Farreny, président de Quercy Blanc Environnement), des manœuvres de dernière minute avaient été orchestrées afin de me priver des moyens qui devaient m’être accordés pour répondre à au député Christian Kert.

    Il n’est pas dans mes habitudes de parcourir 200 km pour aller faire la claque à un imbécile doublé d’un impoli. En outre, le député Christian Kert est un personnage beaucoup trop insignifiant pour que je lui fasse l’honneur d’une querelle en public. J’ai donc quitté la salle dès le début de son intervention, ce qui me paraissait être l’attitude la plus digne et la plus appropriée à la situation.

    Le présent document reprend, en les explicitant, les différentes objections que j’aurais dû formuler à Montcuq si le président de Quercy Blanc Environnement avait été un homme d’honneur, soucieux de respecter ses engagements vis-à-vis de celui qui est, depuis plus de 10 ans, l’expert attitré de son association. Il a préféré faire des ronds de jambe à des politiciens de troisième catégorie. C’est son droit de jouer les faux-cul mais c’est aussi le mien de rétablir la vérité et de persister dans mes opinions.

    Ce qui est fait à Toulouse et Charleroi en septembre 2002.



    Daniel DEPRIS

    Président du C.E.P.H.E.S.

    Consultant indépendant - Formateur

    Expert agréé depuis 1991

    par l’association Quercy

    Blanc Environnement.



    Ci-contre, photographie de Christian KERT. Membre de « Force Démocrate » (ex CDS), il est élu depuis 1988. Il est le député de la 11e circonscription des Bouches-du-Rhône.

    Professionnellement, il était cadre administratif pour le compte de l’OPAC (Office public d’aménagement et de construction Sud), un organisme qui n’a jamais brillé par sa transparence.

    C’est un pur produit de l’administration française. Il s’est d’abord fait remarquer par un rapport sur les séismes et les mouvements de terrain ainsi que les risques qui en découlent dans le secteur du BTP et de l’assurance. Il n’a, par contre, aucune compétence particulière en ce qui concerne les réseaux électriques. Il n’est pas plus compétent dans le domaine de la santé publique.

    Sur le plan parlementaire, le député Christian Kert est considéré comme un spécialiste des problèmes de communication. Il a notamment été le rapporteur du projet de loi de finances 1995 pour la communication. On ne s’étonnera donc pas des relations très étroites qu’il entretient avec les « communicants » des grandes entreprises et avec certains parlementaires très proches d’EDF (comme le député UDF J-C Lenoir, ancien directeur du service « relations avec les élus » de la direction-générale d’EDF).

    A l’assemblée nationale, le député Christian Kert est membre des groupes d’étude sur les séismes et les risques naturels. Il est aussi membre de plusieurs « groupes d’amitié » (Roumanie, Grèce et Tibet).

    Son secrétariat parlementaire est situé à Aix-en-Provence mais son efficacité est plus que réduite. Il est pratiquement impossible de joindre le député Christian Kert de quelque manière que ce soit, tant à l’Assemblée nationale que dans sa circonscription. Il ne répond ni aux courriers, ni aux appels téléphoniques. le député Christian Kert aime jouer à l’Arlésienne, proximité provençale oblige !

    Dans la plupart des grandes formations politiques, il y a toujours un ou deux élus qui jouent le rôle de « bouffon ». On leur permet des écarts que l’on n’admettrait pas chez les autres élus. Ce sont les rigolos et les francs-tireurs du Parlement. Christian Kert joue ce rôle au sein de Force Démocrate et de la droite parlementaire française. Mais il s’agit d’un rôle de composition, savamment dosé et régi par des impératifs politiques bien précis. C’ est ainsi que le député Christian Kert, tout en donnant l’impression de s’en prendre à EDF-RTE, a joué à fond le jeu des communicants de ces deux entreprises.

    Les gens de cirque savent d’ailleurs que le métier de clown est loin d’être facile. Bravo, monsieur le député Christian Kert, les imbéciles, les naïfs et les non initiés se sont laissés prendre à votre double jeu.

    Pas moi !



    DOCUMENTS ANNEXES



  31. Lettre de Mme Nicole FONTAINE, présidente du Parlement européen – 16 mars 2000. Voir ce qui est dit au point n°10.

    Cette lettre démontre que l’actuel ministre français de l’Industrie a été dûment informée des irrégularités commises par EDF-RTE en ce qui concerne les marchés passés avec leurs fournisseurs et sous-traitants. Elle insiste sur le fait que les « cas de gestion frauduleuse » relèvent de la compétence des juridictions pénales françaises, lesquelles refusent généralement d’agir à l’encontre des « intérêts de l’Etat » et des grandes entreprises nationalisées.

    Le dossier est cependant de la compétence politique du ministre de l’Industrie qui peut parfaitement saisir lui-même lesdites « juridictions ». Mais je doute fort que Mme Fontaine ait assez de courage politique pour oser demander l’ouverture d’une enquête relative aux malversations commises avec la complicité (active ou passive) de tous ses prédécesseurs. Comme la plupart des personnalités politiques, Mme Fontaine parle beaucoup mais agit peu, surtout lorsqu’il s’agit de jeter un grand coup de pied dans la fourmilière !

    Comme j’ai eu l’occasion de le déclarer sur l’antenne d’une chaîne de télévision, le courage n’a jamais été la vertu majeure des politicien(ne)s. Jaurès était un politicien courageux et il avait donné à la France et au monde la plus belle définition du courage qui se puisse concevoir. Mais nous savons tous qu’il a payé ce courage de sa vie.

    Le courage est la vertu des vrai(e)s humanistes, pas des carriéristes à la petite semaine.