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Le 17 mars 2009.

Détection des infrasons : quelques précisions relatives à la méthodologie…

De plus en plus nombreuses sont les personnes qui s’inquiètent de la présence d’infrasons (IS) dans leur environnement et des conséquences qui peuvent en découler pour leur qualité de vie. C’est notamment le cas pour les personnes qui vivent à proximité de champs d’éoliennes car les aérogénérateurs peuvent produire des niveaux plus ou moins élevés d’IS selon leur modèle ou leur implantation. Cela provient de la vitesse de rotation très faible des pales et de la grande dimension de ces hélices.

Le matériel adapté à la mesure des Infrasons et des ultrasons est très spécifique et coûteux. Comme nous l’avons indiqué dans d’autres communiqués, il s’agit de sonomètres spéciaux équipés de filtres IS/US dont la mise en œuvre est très délicate compte tenu de la nature particulière des infrasons.

Nous avons aussi indiqué que l’on pouvait détecter les infrasons en générant un signal sonore fixe qui sera modulé par l’infrason si celui-ci est présent dans le local où s’effectue la détection. Mais ici encore, des précautions particulières s’imposent si l’on veut procéder à une détection valable. Nous avons constaté qu’un signal de 1.000 Hz enregistré sur cassette ou sur CD pouvait être mal restitué par un lecteur manquant de stabilité, ce qui peut induire en erreur.

Nous nous en tenons donc à notre propre système de détection qui repose sur un générateur de qualité professionnelle qui fournit un signal parfaitement stable. Il peut s’agir d’un générateur BF de bonne qualité que l’on raccorde à un amplificateur BF muni de hauts parleurs ou, comme le fait D. Depris (président du CEPHES, métrologiste et expert), d’un générateur HF-VHF avec source 1.000 Hz incorporée. Ce type de matériel était utilisé par les techniciens radio-TV pour le réglage des postes de radiodiffusion et des téléviseurs. C’est un peu lourd et encombrant (surtout les modèles un peu anciens) mais il fournit un signal très stable et permet une écoute directe sur n’importe quel radio ou chaîne Hi-Fi de bonne qualité (avec un bon niveau d’amplification pour bien couvrir les bruits ambiants).

Le générateur VHF étant réglé sur une fréquence libre, on injecte le signal 1.000 Hz qui servira de son fixe de référence. Si un infrason relativement puissant perturbe l’environnement, il modulera le signal de référence selon sa propre fréquence et c’est cette modulation particulière qui permettra la détection. On peut alors circuler dans un local ou dans un environnement déterminé à la recherche des ventres et des nœuds déterminés par la longueur d’onde des éventuels infrasons, laquelle sera de l’ordre du mètre ou de la dizaine de mètres (en sachant que la vitesse de propagation est de l’ordre de 330 mètres dans l’air ambiant à 20°C). Il convient cependant de tenir compte de la puissance réduite du générateur VHF et de ne pas trop s’en éloigner avec le récepteur (même en branchant une antenne ad hoc à la sortie RF).

Générateur de laboratoire permettant de produire un signal RF stable modulé sous 1.000 Hz.

Générateur de laboratoire permettant de produire un signal RF stable modulé sous 1.000 Hz. De la taille d’une petite valise, ce générateur doit être alimenté en 220 V, ce qui n’est pas trop gênant pour un matériel qui est essentiellement utilisé pour la détection dans des locaux. On le complète par un récepteur à transistor capable de recevoir les signaux RF jusqu’à 110 MHz et par un bon casque d’écoute (Collection D. Depris – 2009).

La détection des infrasons, si elle n’est pas d’une très grande complexité, exige donc une parfaite connaissance de la nature spécifique des sons non audibles (infrasons et ultrasons). Elle est surtout conditionnée par la stabilité du signal de référence. On peut, avec le matériel de base décrit ci-dessus, détecter des IS dont le niveau dépasse les 80-85 dB, c’est-à-dire, le seuil à partir duquel les IS peuvent générer des effets nocifs. Cependant, pour identifier et quantifier valablement les IS, il est nécessaire de procéder à des mesures dignes de ce nom. Des mesures qui peuvent être assez coûteuses compte tenu du prix élevé des sonomètres IS/US qu’il faut louer auprès des firmes spécialisées (ce matériel étant difficile à amortir en cas d’achat) et des frais annexes (comme les frais de déplacement).

Dans l’ouvrage qu’il a consacré aux infrasons, Daniel Depris a abordé la problématique de la mesure des sons graves et des infrasons de manière plus détaillée. Cet ouvrage, dont la première édition remonte à 1994, est actuellement en cours de réédition. Il sera disponible en version numérique (sur CD-Rom) et en version papier. Cet ouvrage comporte une importante bibliographie de référence (80 références pour les années comprises entre 1965 et 1995).

matériel utilisé jusque dans le courant des années 80 pour la mesure des phénomènes acoustiques

Type de matériel utilisé jusque dans le courant des années 80 pour la mesure des phénomènes acoustiques. Le volt-mètre de la marque Sennheiser est ici associé à son filtre. On pouvait lui adjoindre divers accessoires et le raccorder à un oscilloscope pour visualiser les signaux.

Ce matériel de laboratoire est toujours en parfait état de fonctionnement (collection D. Depris - 2009).

Spécificités
d’un filtre IS/US pour la mesure spécifique des
infrasons et des ultrasons

Spécificités d’un filtre IS/US pour la mesure spécifique des infrasons et des ultrasons. En position « infra », ce filtre ne laisse passer que les fréquences inférieures à 50 Hz et devient à peu près linéaire en dessous de 20 Hz. Il est destiné à être monté sur un sonomètre spécial, doté d’un micro ayant une bonne courbe de réponse dans les fréquences basses et très basses. Le même filtre permet aussi une mesure sélective des ultrasons jusqu’à 200 kHz (200.000 Hz).