001-09
Le 6 janvier 2009

Mentez, mentez il en restera toujours quelque chose.

Quand la télévision participe activement à la désinformation relative aux pollutions électro-magnétiques. Quand l'Académie de médecine cautionne les mensonges du duo EDF-RTE.

Ces derniers temps, on assiste à une recrudescence de la désinformation par le biais des grands médias, essentiellement la radio et la télévision.

A titre d'exemple, nous mentionnerons notamment le journal de 20 heures de TF1 en date du 17 décembre dernier. On a pu y entendre les habituels mensonges relatifs aux réseaux souterrains de transport d'électricité. C'est ainsi que le journaliste a osé réaffirmer que l'enfouissement des lignes à haute tension n'était pas possible à cause « de la déperdition dans le sous-sol ».

Il s'agit là d'un énorme mensonge car il n'y a pas de «déperdition de courant » dans le sol, pas plus en haute et très haute tension qu'en moyenne ou basse tension. On est là devant un argument de pure désinformation qui est colporté depuis plus de 20 ans par les « communicants » d'EDF (et à présent de sa filiale RTE) pour faire croire que l'enfouissement des ouvrages THT et EHT n'est pas possible (ce qui est faux et archi-faux comme nous n'avons cessé de le démontrer depuis des années).

Certains types d'ouvrages souterrains (mais pas tous) génèrent, certes, une certaine valeur de « courant réactif » (ou « capacitif ») qui tend à s'opposer au courant actif. Mais ce phénomène bien connu des électriciens ne doit, en aucun manière, être assimilé à une quelconque « fuite de courant » comme les communicants d'EDF-RTE tentent de le faire croire. En outre, tous les ingénieurs qualifiés savent que le courant réactif généré par les câbles classiques peut être « compensé » à l'aide de bobines de réactance. Rappelons également que la production de courant réactif est à peu près nulle avec les canalisations souterraines à isolation gazeuse (CIG-LIG).

Pour plus de détails, on se reportera à l'ouvrage que Daniel DEPRIS, président du CEPHES, a consacré aux réseaux électriques souterrains, immergés et sous-marins (voir la rubrique « Publications » de notre site Internet).

Notons encore que TF1, chaîne privée appartenant au groupe Bouygues, s'est fré-quemment fait remarquer par les mensonges « énormes » qu'elle colporte en ce qui concerne les technologies qui génèrent des nuisances électromagnétiques. C'est déjà TF1 qui avait diffusé, en 1994, les propos grossièrement mensongers de Gilles Ménage (qui était à cette époque président du CA d'EDF) (*). Ces propos, enre-gistrés par nous, sont disponibles sur notre site. Il existe des relations pour le moins équivoques entre EDF et TF1 et l'on sait qu'EDF fut l'un des sponsors de l'émission « Ushuaïa » que diffusait TF1. Ce qui avait permis à EDF de se servir de cette émission pour faire diffuser certains films d'entreprise et de propagande.

Autre exemple : une chaîne radio de la RTBF (Belgique) a fait état des éclairages à diodes à propos des illuminations de fin d'années en insistant sur la très faible consommation de ce matériel mais en précisant qu'il ne pouvait pas encore être utilisé pour l'éclairage domestique ce qui est totalement faux (voir nos nombreux communiqués relatifs aux éclairages à diodes).

Troisième exemple : Le 5 janvier écoulé, c'est la chaîne nationale « France 2 » qui va colporter des propos mensongers dans le cadre de son émission « Complément d'enquête » consacrée aux « nouvelles nuisances de l'environnement ». Il est honteux que des journalistes prétendument « professionnels » puissent aborder la problématique des nuisances électromagnétiques avec autant de légèreté et, pour tout dire, d'incompétence. Et ce, qu'il s'agisse des nuisances « hertziennes » ou de celles qui sont générées par les lignes électriques aériennes.

La malhonnêteté était particulièrement flagrante en ce qui concerne le sujet qui con-cernait les malheurs de la famille Marcouyoux (voir notre communiqué 041-08 du 3 décembre 2008). En effet, en guise d'avis « autorisé », France 2 fit entendre un individu qui se targue d'appartenir à l'Académie de Médecine mais dont on sait qu'il est, en fait, un agent très actif du « lobby des électriciens » (il est d'ailleurs membre du CA d'EDF). Ce personnage - à savoir le Dr A. Aurengo - a fait preuve d'une rare malhonnêteté intellectuelle en affirmant que la problématique des lignes électriques aériennes n'avait rien à voir avec la pollution électromagnétique et en parlant de « courants vagabonds » là où il s'agit bel et bien d'une pollution électromagnétique à très basse fréquence (en l'occurrence 50 Hz).

En effet, les « courants vagabonds » n'ont rien à voir avec les champs magnétique et électrique induits qui constituent la composante électromagnétique de la pollution générée par les ouvrages électriques aériens et les propos tenus sur l'antenne de France 2 doivent être regardés comme relevant de la désinformation et de la manipu-lation. C'est d'autant plus grave que ces propos étaient présentés comme s'ils étaient cautionnés par l'Académie de Médecine (qui avait prêté ses locaux à France 2 pour l'occasion). En tout état de cause, il conviendrait que des sanctions soient prises à l'encontre des responsables de l'émission concernée et de la direction de la chaîne.

A toutes fins utiles, nous rappellerons que les experts de l'OMS ont clairement classifié les champs 50-60 Hz parmi les nuisances électromagnétiques non ionisantes, au même titre que les radiofréquences et les hyperfréquences. C'est ainsi que dans les différents ouvrages que l'OMS a consacré à la protection contre les rayonnements non ionisants (le premier datant de 1985), un chapitre aborde les champs de type TBF-ELF, essentiellement ceux que génèrent les lignes électriques aériennes. Ces ouvrages sont peut - être inconnus des journalistes de la télévision française mais ils ne peuvent être inconnus des membres de l'Académie de Médecine (voir aussi notre communiqué 002-09). Ce qui confirme la volonté de manipulation des médias et de l'opinion publique. D'autant que, si nous nous référons à certains documents qui sont en notre possession, nous constatons que le Dr Aurengo fait bel et bien état de « champs électromagnétiques de très basse fréquence » (voir notamment le résumé de sa communication relative à la norme d'exposition dans le cadre de la Journée SEE/SFRP du 9 octobre 1996). Il en résulte que le Dr Aurengo persiste dans sa volonté de se comporter en menteur inféodé aux intérêts d'EDF et de RTE. Ce qui devrait suffire pour le faire exclure de l'Académie de médecine.

Par ailleurs, nous citerons les conclusions d'un rapport approuvé en date du 29 juin 1993 par l'Académie française de médecine. On peut y lire que « la réalité des associations qui ont été décrites entre champs électromagnétiques et certaines pathologies dans le cas des leucémies chez l'enfant, reste concevable même en l'absence d'un mécanisme explicatif confirmé ».

Cet aveu n'avait pas empêché les membres de cette même instance d'ajouter (dans le même rapport) que « l'Académie nationale de médecine estime que les effets sur la santé des champs électromagnétiques (**) créés par les lignes de transport et de distribution de l'électricité, s'ils existent, ne représentent qu'un risque très faible à l'échelle de l'individu et ne constituent pas, pour cette raison, un problème de santé prioritaire ».

Il faut savoir lire cet avis, déjà ancien, de l'Académie de Médecine de France. En effet, l'Académie ne dit pas qu'il n'y a pas d'effets sur la santé. Elle dit seulement, que, selon ses membres, le problème n'est pas « prioritaire ». Mais comme nous savons que l'Académie de médecine (tout comme la DGS et CSHPF) est manipulée de l'intérieur par des individus à la solde du CEA et d'EDF, il convient de considérer que les « priorités » sont conditionnées par des impératifs qui n'ont rien à voir avec la santé publique. Il s'agit, en l'occurrence, de sauvegarder, non la santé des person-nes et des animaux mais les intérêts financiers des grands groupes industriels.

Enfin, il n'est pas inutile de rappeler que, dès 1989, la problématique des effets biologiques des rayonnements non ionisants avait été officiellement abordée dans le cadre de la formation continue des personnels des services d'hygiène du milieu de la DDASS. C'est ainsi que Daniel Depris, président du CEPHES, avait participé, en sa qualité de formateur et d'expert, à la session organisée, les 8, 9 et 10 novembre 1989, par la DDASS des Pays de Loire (à Nantes) (***). Mais il faut savoir qu'EDF et le ministère de l'Industrie s'empressèrent de faire pression sur l'administration sani-taire afin que ce genre d'initiative ne se renouvèle pas.

L'émission de ce 5 janvier n'avait donc rien d'innocent. Elle a manifestement été réalisée dans la foulée de tout ce qui a été dit été dit et écrit à propos du jugement rendu, en faveur de la famille Marcouyoux. C'est sans nul doute à la demande d'EDF et de RTE que France 2 a choisi d'aborder ce dossier en ne donnant la parole qu'au seul représentant de l'Académie de Médecine qui se trouve être, comme par hasard, administrateur d'EDF. Il fallait, en effet, « désamorcer » une affaire qui risque de « faire des vagues » et d'inciter d'autres exploitants agricoles à intenter des actions en justice à l'encontre du duo EDF-RTE. Il n'est pas impossible du tout que cette manuvre de désinformation ait été cautionnée par le gouvernement via le ministère de l'Industrie. En tout état de cause, il conviendrait que les autorités de tutelle de la télévision publique ouvrent une enquête afin de déterminer les responsabilités dans cette affaire et de prendre les sanctions qui s'imposent. C'est le moins que l'on puisse attendre d'un Etat qui se veut démocratique.

Ces trois exemples récents sont significatifs d'une certaine « nervosité » qui anime les milieux industriels, qu'il s'agisse de ceux qui sont liés à la radiotéléphonie ou de ceux qui relèvent du transport et de la distribution de l'électricité. Une nervosité qui confine à la panique (****) et qui se traduit par une relance tous azimuts des manuvres de désinformation de l'opinion publique et de manipulation des décideurs. Des manuvres qui réapparaissent régulièrement depuis 20 ans et qui consistent à donner la parole aux faux experts (ou aux experts « sous contrôle ») tout en écartant soigneusement les très rares experts à la fois compétents et indépendants (parmi lesquels le président du CEPHES).

Pour les instances gouvernementales et la haute administration de TOUS les pays de l'Union européenne, il importe que la « position officielle » demeure inchangée, à savoir que les champs électromagnétiques non ionisants sont inoffensifs pour la santé humaine. Cette position est en désaccord complet avec ce que savent les experts depuis un demi siècle. Elle est exclusivement motivée par des impératifs économiques et financiers à court terme. C'est ce que la présidence du CEPHES n'a jamais cessé d'affirmer depuis plus de vingt ans et c'est ce que nous réaffirmons haut et fort en ce début de l'année 2009. Mais comme le disent les littérateurs : « Mentez, mentez il en restera toujours quelque chose » ! Et il se trouvera toujours des journalistes peu scrupuleux pour se rendre complices des manuvres de désinformation, fussent-elles gravement indélicates et antidémocratiques.

(*) Menteur et manipulateur professionnel, Ménage fut l'instigateur des « écoutes de l'Elysée » à l'époque où il était l'un des principaux collaborateurs de F. Mitterrand. C'est après avoir été impliqué dans cette affaire qu'il fut nommé président d'EDF, sans doute en récompense de ses « bons et loyaux services » ?

(**) On notera que ce rapport de l'Académie parle bien de « champs électromagnétiques » et non de « courants vagabonds ».

(****) Les différents formateurs étaient le Pr Boiteau (société d'étude des risques toxiques de Nantes), le Pr Manuel (Inserm), Daniel Depris (CEPHES), MM. Pralong et Marriaux (Ecole du gaz), les Drs Simon et Ponge (DDASS des Pays de Loire) et M. Coulon (FDAMR de Niort).

(***) Le secteur de l'énergie est en pleine mutation mais ne parvient pas à s'extraire de la routine et des ses « mauvaises habitudes ». C'est particulièrement vrai au sein des « dino-saures industriels » que sont le CEA et EDF.