La presse française a fait état, ces derniers jours, du jugement rendu par le TGI de Tulle dans une affaire opposant des exploitants agricoles de Latronche (département de la Corrèze) à la filiale dEDF (RTE) qui exploite les réseaux de grand tranport (63 à 400 kV). Par ce jugement, RTE sest vue condamner à verser la somme de 390.648 euros à la famille Marcouyoux au titre de réparation du préjudice « direct, matériel et certain » découlant de la présence dune ligne aérienne de type EHT (400 kV) à proximité immédiate de leur exploitation agricole qui consiste essentiellement dans lélevage de bovins.
Ce jugement est sans doute une « première » en France mais il ne signifie pas que la famille Marcouyoux sera dédommagée puisquil est susceptible dappel et que, de toute évidence, laffaire devra être rejugée. Or, jusquà présent, aucune procédure relative aux effets biologiques des champs électromagnétiques à basse fréquence na permis dindemniser les victimes de ce type de pollution. Nous sommes bien placés pour savoir que des pressions politico-économiques sont exercées sur la haute magistrature afin déviter quun jugement puisse devenir définitif et entrer dans le domaine de la jurisprudence. En effet, si le jugement de Tulle devait être confirmé en appel, il ne fait aucun doute que RTE se trouverait aussitôt confrontée à des centaines de procédures. Avec les conséquences que lon suppose sur le plan financier (sans doute des centaines de millions deuros).
Compte tenu du contexte économique actuel, la pression politique risque fort dêtre encore plus importante et il ne fait aucun doute que, dès à présent, les avocats dEDF et de RTE concoctent une stratégie visant à rendre inopérant le jugement du TGI de Tulle.
Daniel Depris, président du CEPHES, connaît parfaitement cette problématique puisque, dès 1986, il était intervenu, en sa qualité dexpert, aux côtés de deux éleveurs de la région de Namur (Wallonie) qui se trouvaient confrontés aux mêmes problèmes que les Marcouyoux. A cette époque, l « affaire des éleveurs wallons » avait fait couler pas mal dencre dans la presse belge francophone, notamment dans le grand quotidien « Le Soir » et lhebdomadaire «Le Vif-LExpess ».
Laffaire des éleveurs wallons fut évoquée dans un dossier édité par le CEPHES (Electricité et santé publique : stress électromagnétique, introduction à la pathologie des ondes électromagnétiques non ionisantes à très basses fréquences D. Depris 1995 pp.259 à 267). On y trouve notamment le fac-similé du « certificat établi pour servir à qui de droit » que rédigea le Dr vétérinaire J.N. Bruwier qui fut requis par M. Christian Piraprez, éleveur à Sclayn, pour lexamen de son bétail. Dès 1983, ce vétérinaire agréé par labattoir avait déclaré à cet éleveur que ses bêtes étaient impropres à la consommation. En ajoutant : « il doit y avoir chez vous un problème de haute tension » !
Dans son certificat du 2 juillet 1985, le Dr Bruwier indiquait que, le 14 décembre 1984, M. Piraprez avait amené 11 vaches et 1 taureau à labattoir dEupen en se plaignant à nouveau des problèmes quil rencontrait dans son exploitation (manque de développement ou de croissance, maigreur, lactation insuffisante, mortalité élevée, ). Lexamen post-mortem des animaux avait permis de constater que les bêtes étaient globalement en bonne santé mais « de petite taille et de poids insuffisant pour lâge ». Le vétérinaire en arrivait ainsi à conclure que lon ne pouvait exclure une influence des lignes électriques qui affectaient lexploitation de M. Piraprez en précisant « Noublions pas non plus quun pareil courant pourrait amener ces animaux à un état de tension nerveuse continue Ce nest pas la première fois que jenregistre des faits de ce genre ».
Lexploitation de la famille Piraprez se trouvait très exactement sous la ligne 380 kV reliant la centrale nucléaire de Tihange au poste de Gouy-Courcelles (près de Charleroi). Les membres de la famille étaient aussi affectés de troubles divers et Christian Piraprez avait subi un grave choc électrique en tentant douvrir une porte de hangar qui était recouverte dune couche de pluie gelée.
Lexploitation de la famille Hudders se trouvait quelques kilomètres plus loin, sous la même ligne. Willy Hudders et son épouse rencontraient les mêmes problèmes que Christian Piraprez. Par contre, dautres plaintes déleveurs relevaient apparemment de lexagération. Il en résulta que seuls les dossiers de Willy Hudders et de Christian Piraprez furent reconnus comme pouvant être valablement défendus. Le dossier Piraprez était le plus solide avec des éléments très significatifs (*). Cest ainsi quen 1984, un troupeau de 46 vaches nouvellement achetées avait généré 110.000 francs belges de pertes (en terme de production laitière) et ce, malgré les apports en minéraux préconisés par les vétérinaires. Cependant, les problèmes de Christian Piraprez avaient débuté en 1979, après le doublement de la ligne électrique. Dès 1980, il avait perdu presque tous ses veaux tandis quune vingtaine de bêtes savéraient stériles. Avec 67 bonnes laitières, il ne récoltera, en moyenne, que cinq litres de lait par jour. En 1983, il rachètera 20 génisses qui ne seront jamais pleines et en 1984, labattoir de lEtat lui refuse ses bêtes.
Cest en août 1985 que cet éleveur prit la décision de réclamer des dommages et intérêts aux compagnies concernées (Tractebel et Gecoli). Au cours de lhiver 85-86, une forte croissance de la demande en électricité entraîna une augmentation de linduction magnétique 50 Hz et les problèmes de la famille Piraprez nen furent que plus importants avec, notamment, un accroissement de la mortalité chez les veaux.
Dans un premier temps (1985), les compagnies incriminées laissèrent croire quelles étaient disposées à indemniser les éleveurs mais, en fin de compte, elles se rétractèrent (sous linfluence de leurs conseillers juridiques).
Finalement, la presse semparera de laffaire (début 1987) tandis que Me Bouvier, avocat de C. Piraprez décidait de déposer une plainte par devant le tribunal des référés de Namur. Cest à cette époque que Daniel Depris interviendra aux côtés de Me Bouvier et cest à la même époque que les compagnies Tractebel et Gecoli tenteront de « noyer le poisson » avec la complicité dun haut fonctionnaire, en loccurrence un certain Pierre Maisnil, directeur du département «énergie » au ministère des Affaires économiques. Celui-ci tenta, en effet, dorganiser une pseudo « journée détude » dont les conclusions auraient servi à convaincre les magistrats namurois. Il avait réussi à obtenir la caution de quelques enseignants appartenant aux université dEtat mais il sétait réservé lune des communications. Quant à la communication « vétérinaire », elle avait été confiée au propre fils de ce directeur. Sous des apparences de crédibilité, il sagissait dun coup monté pour torpiller la procédure en cours.
Fort heureusement, Daniel Depris neut aucune peine à démontrer la supercherie et il prit immédiatement contact avec le ministre des Affaires économiques (et vice-premier ministre), le carolorégien Philippe Maystadt (aujourdhui directeur de la banque européenne dinvestissement). Deux jours seulement après lintervention du président du CEPHES, un communiqué officiel (émanant du cabinet de P. Maystadt) annonçait lannulation de la journée détude en ces termes : « une journée détude avait été annoncée pour ce vendredi 16 janvier à ladministration de lénergie, à Bruxelles, mais elle ne présentait pas, quant à son fond et à sa forme, des garanties dobjectivité et dindépendance et M. Maystadt a décidé de la faire supprimer ».
Cette
photo a été prise à Nivelles en 1987, lors
dune session de formation du CEPHES.
On y voit, de droite à
gauche :
Daniel Depris (président du CEPHES), Willy Hudders,
Christian Piraprez, Mme Hudders et le Dr vétérinaire
Henri Quiquendon.
Photo de Christian de Montmagner.
La manoeuvre orchestrée par le lobby industriel avait échoué in extremis mais, sans la vigilance du CEPHES, elle aurait parfaitement pu aboutir. Cette méthode dite « de lencommissionnement » demeure très employée dans le monde politique et adminis-tratif. Elle est en usage en France pour tout ce qui concerne les effets des rayonnements électromagnétiques non ionisants et ce, depuis le début des années 90. Nous avons rappelé, dans de précédents communiqués, que le Pr Douste-Blazy avait accepté, à notre demande, de faire rouvrir le dossier des nuisances électroma-gnétiques à très basses fréquences à lépoque où il était ministre de la santé (voir ci-dessous, la lettre du 25 avril 1994 émanant du cabinet privé de P. Douste-Blazy, à Lourdes). Mais comme nous lavons fait remarquer à maintes reprises, il cessa dêtre ministre de la santé peu de temps après pour devenir ministre de la culture !
Si vous trouvez normal quun éminent médecin soit ainsi transféré sur une voie de garage, cest que vous navez rien compris au problème !
Laffaire des éleveurs wallons ne pouvait pas évoluer valablement sur le terrain purement juridique où le dossier risquait de senliser dans les méandres de la procédure. On ne redira jamais assez que les grands lobbies industriels disposent de juristes spécialisés, payés à temps plein pour la défense de leurs intérêts majeurs. Ces juristes sont extrêmement habiles dans lart de faire traîner les procédures et dentraîner les plaignants dans de coûteuses expertises et contre-expertises.
Il y a donc peu de choses à espérer des procédures juridiques classiques et des jugements énoncés, en première instance, par les juridictions pénales, civiles ou administratives. Pour linstant, cest encore la pression politique qui demeure la solution la plus efficace et la moins coûteuse lorsquil sagit de dossiers relevant de la nuisance des rayonnements électromagnétiques non ionisants (**). A cette pression politique ( à exercer sur les élus de tous niveaux ), on peut ajouter les procédures européennes gratuites (comme le recours par devant la commission des pétitions du Parlement européen).
Dans le cas des éleveurs wallons, laffaire fut transférée du judiciaire au politique après lintervention de Daniel Depris. On sait également que le « dossier du Louron » (projet France-Espagne) fut, lui aussi, réglé sur le terrain politique après que les opposants aient perdu sur le plan juridique.
Le problème se situe au niveau des tribunaux intervenant lors des procédures en appel et jugeant en dernière instance. En Europe occidentale, dans le contexte actuel, il est fort peu probable quune Cour dAppel puisse prononcer un jugement qui serait fondé sur la réalité des dommages imputables à la présence dune ligne électrique aérienne. En effet, on a beau parler de la « séparation des pouvoirs » et de lindépendance des magistrats, il nen demeure pas moins que les instances gouvernementales disposent de moyens de pression sur la haute magistrature et que ces moyens de pression permettent la préservation dintérêts considérés comme « majeurs » (parmi lesquels les intérêts des grands lobbies du secteur de lénergie) (***).
Dans ce genre de combat, de modestes agriculteurs « ne font pas le poids » quels que soient la justesse et la pertinence de leurs arguments et des preuves quils apportent. Cest sans nul doute un triste constat mais cest la stricte réalité.
Il ne faudrait toutefois pas prendre nos propos comme un aveu dincapacité. La lutte menée par lAURORE et le CEPHES depuis 1981 est là pour rappeler que les compagnies délectricité sont loin dêtre invincibles. Ce quil convient de bien comprendre, cest quon ne lutte pas contre de tels adversaires avec des méthodes conventionnelles. Il faut une longue expérience de ces dossiers, associée à une parfaite connaissance des mécanismes politico-administratifs, pour parvenir à placer le grain de sable qui peut stopper la lourde machinerie des grands lobbies. Chaque dossier est un cas despèce et il en résulte des procédures et des méthodes dinter-vention qui peuvent être très différentes dun cas à lautre. Cest une chose que beaucoup davocats ne parviennent pas à comprendre et ils enferment leurs clients dans des voies sans issue, longues, coûteuses et désespérantes.
Rien de bien nouveau ninterviendra dans les dossiers des riverains des lignes existantes aussi longtemps que lUnion européenne et ses Etats-membres nauront pas reconnu officiellement la réalité des nuisances électromagnétiques non ionisantes, des fréquences les plus basses jusquaux fréquences les plus élevées. Cette reconnaissance, Daniel Depris la obtenue, dès le 12 juillet 1985, à la suite du vote dune loi-cadre par le parlement belge. Mais les agents politiques des lobbies se sont ressaisis en empêchant ladoption des arrêtés dapplication.
En France, le président du CEPHES est intervenu à maintes reprises auprès des ministères concernés afin de faire étudier et adopter une loi-cadre similaire à celle qui fut adoptée en Belgique. Le cabinet de Mme Lepage fut le seul à avoir répondu à ce genre de demande (voir lettre ci-après) mais, une fois encore, lopération fut sabotée par la haute administration (en loccurrence la Direction Générale de la Santé). On constate donc que, de façon générale, la problématique des nuisances électromagnétiques non ionisantes fait lobjet dun blocage systématique de la part des plus hautes instances de lEtat. Il en va de même au niveau des instances européennes puisque nous savons que ladoption de la directive « agents physiques » est bloquée, depuis 1992, du fait des pressions exercées par les industriels de lélectricité et des télécommunications.
Il en sera des effets des agents physiques comme des effets de lamiante. Ils ne seront reconnus officiellement que lorsque les dégâts seront devenus à ce point énormes quil ne sera plus possible de les dissimuler. En attendant nos « gouvernant(e)s » continuent à privilégier des intérêts de nature économique dont nous savons quils dissimulent les appétits féroces du grand capitalisme interna-tional, celui-là même qui vient de plonger le monde dans la crise.
Cette lettre du cabinet de Mme Lepage fut la seule que nous ayons reçue en réponse à nos demandes délaboration dune loi-cadre par les instances politiques françaises. Un peu plus tard nous recevions un courrier émanant de la Direction Générale de la Santé (saisi du problème par le cabinet de Mme Lepage). Pour la DGS, il ny avait pas de « problèmes graves » et laffaire fut enterrée. Douze ans plus tard, le discours demeure inchangé. Cest toujours « Circulez, ya rien à voir » !
Rappelons encore que, dans bien des cas, des élus qui interpellèrent le ministère de la santé à propos des rayonnements électromagnétiques reçurent une réponse émanant du ministère de lIndustrie ! Ce fut notamment le cas pour le maire et conseiller général de St Girons (Ariège) qui reçut une réponse de Christian Pierret avec que Bernard Kouchner ne réagisse (pour évidemment dire la même chose que Pierret).
Puissent ces quelques rappels éclairer la lanterne de ceux et celles qui veulent entamer des procédures à lencontre des (trop) puissantes compagnies qui exploitent les grands réseaux électriques. La lutte nest pas impossible mais elle est terriblement inégale. Cest la lutte éternelle du pot de terre contre le pot de fer et elle ne peut pas se concevoir en termes de procédures conventionnelles. On peut gagner contre ces entreprises mais en recourant à des méthodes non conventionnelles, en cherchant la faille dans le système et en allant déposer le grain de sable là où on ne lattend pas.
Le 10 juin 1987, on pouvait lire dans le quotidien « Le Soir » que : « M. Aerts devrait dailleurs rencontrer les patrons des compagnies délectricité pour leur demander de prendre leurs responsabilités dans cette affaire et de réparer les dommages causés. On se doute, bien sûr, que les choses ne seront pas simples car jusquoù les électriciens admettront-ils dêtre tenus pour responsables ? ». Ledit Firmin Aerts étaient le secrétaire dEtat à lénergie de lépoque et laffaire en question était bien évidemment celle des éleveurs de la région de Namur. Cest le ministre Maystadt, le « patron » de Firmin Aerts qui avait amené le secrétaire dEtat à lénergie à se montrer aussi ferme. Nous détenons également une lettre signée par Mme Miet Smet, secrétaire dEtat à lenvironnement et à lémancipation sociale. Elle date du 7 août 1986 et elle est adressée à Mme Roza Van Coppenolle, épouse Hudders. On y trouve laveu de lexistence de la loi cadre du 12 juillet 1985 mais aussi la reconnaissance du fait que cette loi navait pas été assortie des « dispositions spécifiques relatives aux lignes haute tension » (arrêtés techniques dapplication). La secrétaire dEtat indiquait que ses services travaillaient à lapplication de la loi-cadre mais nous savons que ce travail fut abandonné à la demande des grands groupes industriels.
Dans laffaire des éleveurs wallons, le « grain de sable » fut le ministre Maystadt que Daniel Depris connaissait personnellement et qui intervint vigoureusement pour sauver deux éleveurs qui étaient au bord de la faillite. En France, comme en Belgique, il faut chercher la faille dans le système, trouver le grain de sable et le faire intervenir au bon endroit et au bon moment. Telle est la seule leçon que nous puissions, pour linstant, tirer des différentes affaires d «animaux sous haute tension » dans lesquelles le CEPHES est intervenu (****).
(*) Il convient de noter que Christian Piraprez était issu dune famille déleveurs très qualifiés, détentrice de nombreux prix et distinctions. Ses compétences professionnelles ne pouvaient, en aucune façon, être mises en cause.
(**) Le cas de la lutte menée dans le secteur des gorges du Verdon (voir nos communiqués à ce propos) est différent. Si les opposants ont obtenu gain de cause en dernière instance (Conseil dEtat), cest parce quils pouvaient évoquer un très grand nombre darguments différents (voir le rapport de D. Depris 2004). En fait, le Conseil dEtat a surtout tenu compte des arguments relevant de la protection des sites et de la possibilité denfouir louvrage projeté. Il sagissait, en outre, dun projet douvrage et non dune ligne existante.
(***) Pour mémoire, nous rappellerons que cest le président du CEPHES qui a dénoncé le « pacte secret de gouvernement » passé entre Dominique Voynet et Christian Pierret (ministre PS de lIndustrie). Un pacte qui prévoyait que la pseudo « ministre verte » ninter-viendrait pas dans les « dossiers réservés » du ministère de lindustrie (parmi lesquels tous les dossiers concernant EDF et le secteur de lélectricité). A cette époque, D. Depris était le représentant de la fédération de Haute-Garonne des « Verts ». Il était aussi membre de la « commission santé » de ce parti et, à ce titre, il avait animé un atelier lors de lUniversité dété de Calais. Ayant constaté la duplicité de la dénommée Voynet et de la direction nationale des Verts, il démissionna de toutes ses fonctions.
(****) En France, Daniel Depris a été consulté, en 1989, par le GAEC « Le Consortage » du Versant du Soleil (vallée de la Tarentaise). En septembre 1989, la FDSEA de Savoie avait accepté de soutenir laction engagée par les exploitants de ce GAEC où des phénomènes anormaux avaient été constatés après la mise en service de la ligne « Albertville-Rondissone » (France-Italie 400 kV). A la même époque, le président du CEPHES était aussi intervenu auprès dun éleveur breton mais il avait cessé dintervenir en sa faveur du fait du comportement assez peu honnête de cet exploitant de la région de Quimperlé.
En novembre 1991, lAgence France Presse avait fait état des plaintes formulées par Joël Georgeault, un éleveur de Châteaubourg (Ille et Vilaine), qui avançait un taux de mortalité de 12 à 15 % chez ses porcs à lengraissement. Ses ennuis avaient commencé après la mise en service de la ligne 2x 400 kV qui relie les postes EDF de Domloup et de Flamanville. A cette occasion le Dr Lambrozo (service médical dEDF) sétait empressé dinnocenter son entreprise en affirmant que, dans la littérature dexpérimentation, « on trouve tout et son contraire parce que cest compliqué » ! Il nempêche de que nombreux effets pathologiques ont été mis en évidence, dès les années 70, par le Pr Henri Bars (école vétérinaire de Maison-Alfort). Il existe notamment un document rédigé par H. Bars et Geneviève André (son assistante) qui fut publié en juillet 1976 dans un numéro spécial de la « Revue générale de lElectricité » (RGE) où lon peut trouver des indications sur des troubles constatés sur des rats et des lapins exposés longuement à des champs électromagnétiques à la fréquence du réseau électrique. Il nempêche que le Pr Bars, dont les travaux étaient largement financés par EDF, déclarera ensuite que « globalement, le champ électrique na pas deffets sur les animaux », déclaration quEDF sempressera de reproduire dans ses brochures destinées au grand public et au monde agricole.
Notons encore que plusieurs affaires danimaux sous tension furent révélées en Suisse, notamment dans le canton dArgovie où lon a parlé dune perte de près de 500 têtes de bétail (années 80). Cette problématique a aussi été largement évoquée dans le reportage intitulé « Très Haute Tension » qui fut réalisé dans lAriège par une équipe de cinéastes indépendants avec la participation de nombreux élus, de vétérinaires et de la présidence du CEPHES (EDF et la DRIRE ayant refusé de participer au tournage). Ce film de 27 minutes (VHS - Octobre 1997) est conservé dans nos archives. Il en existe une version numérique destinée à être lue sur ordinateur.