n° 038-08
Le 2 novembre 2008

Grands réseaux de transport d’électricité… enfouissement des ouvrages de type HT, THT, EHT et UHT en courant alternatif… rappels historiques…

Dans l’un de nos précédents communiqués (001-08 du 12 janvier 2008), nous avons évoqué le fait que le gouvernement français avait fini par admettre que l’on pouvait parfaitement enfouir les ouvrages de grand transport d’électricité de type 380-400 kV. C’est ce qu’avait toujours affirmé Daniel Depris, président du CEPHES, et ce, depuis les années 80 (voir son livre consacré aux ouvrages souterrains, immergés et sous-marins publié en 1998 et toujours d’actualité).

Il n’empêche que RTE (subdivision d’EDF) continue à faire de la résistance en affirmant à présent qu’il est impossible d’enfouir les ouvrages 400 kV dont la longueur serait supérieure à 30-40 km. Il va sans dire que cette affirmation est toute aussi mensongère que celles qui consistaient à dire que « la haute et la très haute tension, ça ne s’enfouit pas, ce n’est pas possible techniquement » (affirmation faite sur TF1 par Gilles Ménage, président d’EDF, audible sur notre site).


Pour mémoire, on enterre la « haute tension » (HT : 50-150 kV) en région parisienne depuis 1920 et la « très haute tension » (THT : 150 à 300 kV) depuis 1935 (toujours en région parisienne). En ce qui concerne les « extra hautes tensions » (EHT : 300 à 600 kV), le premier ouvrage souterrain fut réalisé par des ingénieurs allemands, en 1942, dans la région de Vienne (Autriche). Enfin, il n’est pas inutile de rappeler que le groupe Pirelli Cavi a fait homologuer un câble UHT (Ultra Hautes Tensions : 600 à 1.200 kV) dès 1985.

Cependant, les premiers câbles souterrains furent fabriqués en France vers 1898 et présentés à l’exposition universelle de 1900 (Paris). Ils pouvaient déjà supporter les tensions les plus élevées de l’époque (30 kV). Aujourd’hui, il existe une très grande variété de câbles destinés aux liaisons souterraines, immergées et sous-marines et il est tout à fait possible de concevoir des ouvrages EHT dont la longueur est de l’ordre de la centaine de kilomètres.

Il conviendrait donc que les ingénieurs et porte-parole de RTE (et autres entreprises du même genre) cessent de prendre les gens pour des imbéciles en continuant à colporter des contrevérités qu’il est facile de mettre en évidence et qui se retournent in fine contre leurs auteurs. De façon générale, nous pouvons affirmer, de notre côté, que l’on peut enfouir n’importe quel ouvrage de transport en ayant recours à l’une ou l’autre des technologies actuellement disponibles. Il appartient aux experts et aux ingénieurs de déterminer le type de technologie qui est le mieux adapté en fonction des caractéristiques techniques et économiques du cahier des charges. Les ouvrages sont ensuite réalisés par les compagnies câblières travaillant pour le compte des compagnies exploitantes (RTE dans le cas de la France).

câble 66kV ACEC1924Câble 500 kV de 1958 (Câble de Lyon)

Ci-dessus, à gauche, vue en coupe d’un câble HT/66 kV produit, au début des années 20, par la câblerie des ACEC (Ateliers de Constructions Electriques de Charleroi). A droite, un câble EHT-500 kV produit, vers 1958, par le groupe des Câbles de Lyon (qui deviendra Alcatel câbles avant de se fondre dans le groupe Nexans). Aujourd’hui, la câblerie de Marcinelle-Charleroi fabrique les câbles HT/THT/EHT pour le compte de Nexans (en lieu et place des usines de Calais).

Echantillon de câble à huile Pirelli TMX GP-600 kV produit en France, en 1968, pour le compte d’EDF (Photo D. Depris)
Echantillon de câble à huile Pirelli TMX GP-600 kV produit en France, en 1968, pour le compte d’EDF (Photo D. Depris)

Echantillon de câble sous-marin (Pirelli)
Echantillon de câble sous-marin (Pirelli)

Câbles Silythène (Silec) 400-500 kV homologués par EDF depuis 1985
Echantillons de câbles 400-500 kV de type XLPE produits dans le courant des années 80-90 par la câblerie SILEC de Montereau, homologués par EDF depuis 1985.

câble supraconducteur (SC) développé aux Etats-Unis par Pirelli et AMSC (société américaine dont EDF est actionnaire). Il a été mis en exploitation dès 2000 dans la ville de Détroit
Ci-dessus, échantillon du câble supraconducteur (SC) développé aux Etats-Unis par Pirelli et AMSC (société américaine dont EDF est actionnaire). Il a été mis en exploitation dès 2000 dans la ville de Détroit.

Ci-dessous, un texte extrait d’une plaquette éditée par EDF-International au début des années 90. Elle était consacrée aux câbles de puissance à isolation synthétique qui sont classiquement utilisés pour les ouvrages souterrains depuis plusieurs décennies.

plaquette DER

Ligne d'essai CIG EDF-ABB 1997

Une ligne d’essai pour une canalisation de type CIG-LIG (isolation gazeuse) destinée au transport des tensions EHT-UHT sur de très grandes distances. Il ne s’agit plus de câbles mais de canalisations métalliques qui contiennent les conducteurs de phases et un gaz isolant (photo ABB-EDF datant des années 90). Voir nos communiqués relatifs à la technologie CIG.

Il est donc absurde et inconvenant de persister à colporter des sornettes en ce qui concerne l’enfouissement des ouvrages de type 380-400 kV et les compagnies exploitantes ne doivent s’en prendre qu’à elles-mêmes lorsque des opposants aux lignes aériennes bloquent longuement les projets en cours. Les menteurs profes-sionnels sont victimes de leurs propres mensonges. Ce fut le cas dans TOUS les dossiers dans lesquels Daniel Depris est intervenu – en sa qualité d’expert – au cours des quinze dernières années.

Il n’en demeure pas moins que chaque dossier demeure un cas d’espèce. Il n’existe pas de « prêt à poser » dans le domaine des ouvrages de transport d’électricité. Chaque projet doit faire l’objet d’une étude spécifique et détaillée qui implique de prendre en considération tous les aspects du dossier, qu’ils soient d’ordre technique, économique ou environnemental (y compris les aspects relatifs à la santé humaine et animale).


Pour plus de renseignements : voir nos communiqués relatifs aux ouvrages de transport d’électricité et aux projets en cours. Voir aussi le livre que D. Depris a consacré aux ouvrages souterrains, immergés et sous-marins (disponible auprès du CEPHES).