Dans leurs plus récentes déclarations, les membres du pseudo gouvernement belge (*) sont quasiment unanimes à déclarer quil conviendrait doublier les promesses faites en matière de désengagement vis-à-vis de la fermeture des centrales nuclé-aires. En cela, il cède, sans combattre, face aux nouvelles exigences dun lobby électronucléaire qui tente de profiter de la crise économique et financière pour relancer ses programmes et remplacer les unités vieillissantes par des centrales dites « de 3e génération » (qui diffèrent peu des centrales de la génération précédente).
Il demeure pourtant possible de poursuivre le programme de dénucléarisation en optant résolument et très rapidement pour une politique de diversification et de décentralisation des moyens de production de lénergie électrique. Cest ce que prône Daniel Depris, président du CEPHES, depuis près de vingt ans et il a maintes fois développé ses hypothèses de travail dans ses rapports. Il soppose donc aux arguments du gouvernement belge et notamment à ceux qui ont été récemment avancés par Mme Milquet (CdH) qui se présente comme « plus écolo que les écolos » mais qui, de toute évidence, ne connaît pas le dossier. Un dossier que même les prétendus « écolos » ne sont pas à même de maîtriser sous tous ses aspects.
Rappelons simplement que la diversification de la production nimplique pas seulement les éoliennes et les panneaux solaires. Elle implique également quantité dautres solutions comme les micro centrales hydrauliques, les piles à combustibles, les digesteurs de déchets gras (**), etc Ces solutions sont exploitables immédiatement. En les associant à un véritable programme de maîtrise et de réduction de la consommation, une région telle que la Wallonie pourrait se débarrasser assez rapidement (5 à 10 ans) de ses unités nucléaires et des problèmes qui leurs sont associés. Un tel programme implique aussi de développer des filières qui sont « au frigo » depuis des décennies du fait du manque de crédits pour leur développement (thermoélectricité, piles bactériennes, ), lessentiel des crédits disponibles allant dans la poche des industriels de la filière nucléaire.
Il est parfaitement envisageable dorienter très vite la consommation délectricité à la baisse (2 à 3 % par an) sans mettre notre économie en péril. Notamment en proposant des ampoules électriques à très basse consommation (voir nos récents communiqués à se sujet) à tous les consommateurs et à très bas prix (par achats groupés en très grandes quantités). Ce type dinitiative (déjà mené par EDF aux Antilles et à La Réunion pour les ampoules dites « éco ») pourrait, à elle seule, faire baisser la demande en électricité dans des proportions non négligeables. On lui associerait des campagnes de promotion pour tous les appareillages électriques qui permettent déconomiser au mieux lénergie et ce, dans tous les secteurs de consommation (résidentiel, tertiaire et industriel).
Par la construction de micro centrales et limplantation de piles à combustible, les régions rurales pourraient devenir plus ou moins autonomes vis-à-vis des grosses unités de production qui pourraient mieux desservir les centres urbains. Il en résulterait aussi moins de pertes dénergie imputables aux réseaux de transport et de distribution (***).
Ci-dessus, une pile à combustible de moyenne puissance. Une unité de production de ce type peut alimenter un village ou une petite entreprise. Elle ne rejette que de la vapeur deau qui peut être récupérée pour chauffer un local. Son rendement est alors supérieur à 90 %. A droite, lun des premiers prototypes de pile à combustible. Il date de 1964 et il fut réalisé en France. La pile à combustible nest que la version moderne de la pile de Groove (1840).
Dès lors, si lon combine la réduction des pertes en ligne avec les économies réalisables immédiatement et la chasse au gaspillage, on doit admettre quil est possible de poursuivre une politique volontariste de sortie du nucléaire à échéance maximale de dix ans. Encore faut-il pouvoir trouver des dirigeants politiques véritablement compétents et capables de mener à bien une politique authentique-ment volontariste. Et cest là que le bât blesse. Surtout dans cette Belgique moribonde, au bord de leffondrement, où une méprisable caste politicienne ne pense quà ses petits intérêts personnels !
(*) On peut en effet parler de gouvernement « Canada dry ». Il a la couleur et peut-être même lodeur dun gouvernement mais tout le monde sait que, depuis plus dun an, la Belgique na plus de véritable gouvernement mais un « gouvernement virtuel » qui dirige virtuellement un pays virtuel doté dun budget virtuel. Avec, pour premier ministre, un personnage qui porte le nom de lancien dieu romain des « bornes » et des « limites » que lon représentait par une sorte dHermès sans bras et sans jambes. Tout un programme !
(**) Lexploitation des déchets gras comme source dénergie est très intéressante dans un pays comme la Belgique où lon produit des quantités énormes dhuiles et de graisses usagées ainsi que dautres déchets graisseux (restaurants, cantines, friteries, industries alimentaires, ). On peut aisément transformer ces déchets, à froid, pour en faire une sorte de fuel (fat-fuel) qui peut être utilisé pour alimenter un brûleur (pour la production deau chaude) ou faire tourner une turbine (pour la production délectricité). Ce procédé fonctionne parfaitement depuis de nombreuses années dans le Lot (France) pour le compte dune conserverie. Il présente lénorme avantage de pouvoir éliminer des déchets encombrants tout en produisant de lénergie. On peut en dire tout autant des piles bactériennes qui permettent dassainir les eaux usées en produisant de lélectricité. Hélas, les solutions simples ne plaisent pas aux dirigeants industriels qui préfèrent les « filières lourdes » génératrices de gros profits et idéales pour les « combines » en tous genres.
(***) En moyenne, les réseaux aériens de transport et de distribution par lignes aériennes génèrent 8 à 12 % de pertes tandis que les ouvrages souterrains ne génèrent que 4 à 6 % de pertes. Il y a donc intérêt à rapprocher au mieux la production de la consommation afin déviter ces pertes en ligne.
Prototype de pile bactérienne, une pile dont le principe
est connu depuis 1911 mais qui na jamais pu être
développée à sa juste valeur (par manque de
crédits).
Calorifère de Clamond (1884)
capable de produire en même temps de la chaleur et de
lélectricité (calorifère
thermo-électrique).
Production et consommation délectricité : à gauche le modèle « centralisé » avec ses grosses unités et ses réseaux de transport et de distribution. A droite, le modèle « décentralisé » avec piles à combustibles, petites centrales locales, panneaux solaires, éoliennes, etc - Document Alsthom années 90.
Pascal Tixador, responsable du projet commun Leg-CRTBT de moteur supraconducteur basse température" de 150kW.
Le moteur des prochains TGV sera supraconducteurLe moteur synchrone supraconducteur de 150kW qui vient d'effectuer ses premières rotations au Centre de recherches sur les très basses températures (CRTBT) de Grenoble est déjà de taille à équiper les TGV qui circuleront dans dix ans à la vitesse de 400km/h. S'il n'en a pas la puissance (les dix-huit voitures de l'Eurostar réclament déjà douze moteurs de 1 MW), «il en présente déjà le couple en fournissant cette puissance à seulement 400tr/min», souligne Pascal Tixador, responsable de ce projet du CRTBT et du Laboratoire d'électrotechnique de Grenoble (Leg), soutenu par la Dret. Mais, surtout, en dépit de l'encombrement du système de réfrigération, il permettra, une fois "dopé", de gagner un facteur 2 sur la masse d'une chaîne de traction de 10 MW (transformateurs supraconducteurs compris) et d'améliorer les rendements de six points. Induit refroidi à 4,2 K |
Larticle reproduit ci-dessus est vieux dune dizaine dannées. Publié par une revue industrielle française, il vantait déjà les mérites des moteurs supraconducteurs mis au point par les ingénieurs du CRTBT de Grenoble. Plus légers que les moteurs électriques conventionnels, ils ont surtout pour avantage déliminer les pertes imputables à leffet Joule. Conçus pour les TGV développés par le groupe Alstom, leur développement a constamment été freiné par cette entreprise qui fabrique à la fois les TGV et les équipements des centrales nucléaires. A tel point que, contrairement à ce que disait cet article, les dernières générations de TGV nutilisent toujours pas les moteurs SC.
Conclusions :
De façon générale, les compagnies délectricité freinent la mise en exploitation de tous les systèmes qui permettent de réelles économies dénergie, quil sagisse de la supraconductivité, des piles à combustible, des applications de la thermoélectricité, des frigos Trombe ou des ampoules à diodes. Leur prétendue « politique verte » nest que de la poudre aux yeux pour les imbéciles et les naïfs. Les dirigeants du (trop) puissant lobby électronucléaire continue à se payer la tête des citoyens et de leurs représentants !
Aucun changement digne de ce nom ne pourra intervenir aussi longtemps que les cabinets ministériels seront noyautés par des agents à la solde des grands lobbies. Ce sont ces « conseillers » - et non les ministres qui déterminent les politiques suivies par les gouvernements. Dans les dossiers qui relèvent de la politique énergétique, les ministres ne sont guère que des perroquets plus ou moins savants qui répètent ce quon leur a glissé dans loreille, étant incapables de se faire une juste opinion par eux-mêmes, étant incapables de sentourer de conseillers à la fois compétents et indépendants des lobbies industriels et financiers. Quon se le dise !
Pour plus de détails : voir la rubrique « communiqués de presse » de notre site Internet et les autres rubriques de ce même site.