n° 032-08
Le 18 octobre 2008

En Belgique comme ailleurs, le lobby électronucléaire profite de la crise économique pour repasser à l’attaque… les solutions existent… ce qui manque, ce sont les dirigeants politiques capables de les mettre en œuvre !

Dans leurs plus récentes déclarations, les membres du pseudo gouvernement belge (*) sont quasiment unanimes à déclarer qu’il conviendrait d’oublier les promesses faites en matière de désengagement vis-à-vis de la fermeture des centrales nuclé-aires. En cela, il cède, sans combattre, face aux nouvelles exigences d’un lobby électronucléaire qui tente de profiter de la crise économique et financière pour relancer ses programmes et remplacer les unités vieillissantes par des centrales dites « de 3e génération » (qui diffèrent peu des centrales de la génération précédente).

Il demeure pourtant possible de poursuivre le programme de dénucléarisation en optant résolument – et très rapidement – pour une politique de diversification et de décentralisation des moyens de production de l’énergie électrique. C’est ce que prône Daniel Depris, président du CEPHES, depuis près de vingt ans et il a maintes fois développé ses hypothèses de travail dans ses rapports. Il s’oppose donc aux arguments du gouvernement belge et notamment à ceux qui ont été récemment avancés par Mme Milquet (CdH) qui se présente comme « plus écolo que les écolos » mais qui, de toute évidence, ne connaît pas le dossier. Un dossier que même les prétendus « écolos » ne sont pas à même de maîtriser sous tous ses aspects.


Rappelons simplement que la diversification de la production n’implique pas seulement les éoliennes et les panneaux solaires. Elle implique également quantité d’autres solutions comme les micro centrales hydrauliques, les piles à combustibles, les digesteurs de déchets gras (**), etc… Ces solutions sont exploitables immédiatement. En les associant à un véritable programme de maîtrise et de réduction de la consommation, une région telle que la Wallonie pourrait se débarrasser assez rapidement (5 à 10 ans) de ses unités nucléaires et des problèmes qui leurs sont associés. Un tel programme implique aussi de développer des filières qui sont « au frigo » depuis des décennies du fait du manque de crédits pour leur développement (thermoélectricité, piles bactériennes, …), l’essentiel des crédits disponibles allant dans la poche des industriels de la filière nucléaire.

Il est parfaitement envisageable d’orienter très vite la consommation d’électricité à la baisse (2 à 3 % par an) sans mettre notre économie en péril. Notamment en proposant des ampoules électriques à très basse consommation (voir nos récents communiqués à se sujet) à tous les consommateurs et à très bas prix (par achats groupés en très grandes quantités). Ce type d’initiative (déjà mené par EDF aux Antilles et à La Réunion pour les ampoules dites « éco ») pourrait, à elle seule, faire baisser la demande en électricité dans des proportions non négligeables. On lui associerait des campagnes de promotion pour tous les appareillages électriques qui permettent d’économiser au mieux l’énergie et ce, dans tous les secteurs de consommation (résidentiel, tertiaire et industriel).

Par la construction de micro centrales et l’implantation de piles à combustible, les régions rurales pourraient devenir plus ou moins autonomes vis-à-vis des grosses unités de production qui pourraient mieux desservir les centres urbains. Il en résulterait aussi moins de pertes d’énergie imputables aux réseaux de transport et de distribution (***).

pile à combustible moderne

Ci-dessus, une pile à combustible de moyenne puissance. Une unité de production de ce type peut alimenter un village ou une petite entreprise. Elle ne rejette que de la vapeur d’eau qui peut être récupérée pour chauffer un local. Son rendement est alors supérieur à 90 %. A droite, l’un des premiers prototypes de pile à combustible. Il date de 1964 et il fut réalisé en France. La pile à combustible n’est que la version moderne de la pile de Groove (1840).

Dès lors, si l’on combine la réduction des pertes en ligne avec les économies réalisables immédiatement et la chasse au gaspillage, on doit admettre qu’il est possible de poursuivre une politique volontariste de sortie du nucléaire à échéance maximale de dix ans. Encore faut-il pouvoir trouver des dirigeants politiques véritablement compétents et capables de mener à bien une politique authentique-ment volontariste. Et c’est là que le bât blesse. Surtout dans cette Belgique moribonde, au bord de l’effondrement, où une méprisable caste politicienne ne pense qu’à ses petits intérêts personnels !

(*) On peut en effet parler de gouvernement « Canada dry ». Il a la couleur et peut-être même l’odeur d’un gouvernement mais tout le monde sait que, depuis plus d’un an, la Belgique n’a plus de véritable gouvernement mais un « gouvernement virtuel » qui dirige virtuellement un pays virtuel doté d’un budget virtuel. Avec, pour premier ministre, un personnage qui porte le nom de l’ancien dieu romain des « bornes » et des « limites » que l’on représentait par une sorte d’Hermès sans bras et sans jambes. Tout un programme !

(**) L’exploitation des déchets gras comme source d’énergie est très intéressante dans un pays comme la Belgique où l’on produit des quantités énormes d’huiles et de graisses usagées ainsi que d’autres déchets graisseux (restaurants, cantines, friteries, industries alimentaires,…). On peut aisément transformer ces déchets, à froid, pour en faire une sorte de fuel (fat-fuel) qui peut être utilisé pour alimenter un brûleur (pour la production d’eau chaude) ou faire tourner une turbine (pour la production d’électricité). Ce procédé fonctionne parfaitement depuis de nombreuses années dans le Lot (France) pour le compte d’une conserverie. Il présente l’énorme avantage de pouvoir éliminer des déchets encombrants tout en produisant de l’énergie. On peut en dire tout autant des piles bactériennes qui permettent d’assainir les eaux usées en produisant de l’électricité. Hélas, les solutions simples ne plaisent pas aux dirigeants industriels qui préfèrent les « filières lourdes » génératrices de gros profits et idéales pour les « combines » en tous genres.

(***) En moyenne, les réseaux aériens de transport et de distribution par lignes aériennes génèrent 8 à 12 % de pertes tandis que les ouvrages souterrains ne génèrent que 4 à 6 % de pertes. Il y a donc intérêt à rapprocher au mieux la production de la consommation afin d’éviter ces pertes en ligne.

prototype de pile bactérienne
Prototype de pile bactérienne, une pile dont le principe est connu depuis 1911 mais qui n’a jamais pu être développée à sa juste valeur (par manque de crédits).

Calorifère de Clamond (1884)
Calorifère de Clamond (1884) capable de produire en même temps de la chaleur et de l’électricité (calorifère thermo-électrique).

Piles à combustible

Production et consommation d’électricité : à gauche le modèle « centralisé » avec ses grosses unités et ses réseaux de transport et de distribution. A droite, le modèle « décentralisé » avec piles à combustibles, petites centrales locales, panneaux solaires, éoliennes, etc - Document Alsthom – années 90.

moteur_tgv_supra_conducteur

Pascal Tixador, responsable du projet commun Leg-CRTBT de moteur TGV supraconducteur basse température de 150kW
Pascal Tixador, responsable du projet commun Leg-CRTBT de moteur supraconducteur basse température" de 150kW.

Le moteur des prochains TGV sera supraconducteur

Le moteur synchrone supraconducteur de 150kW qui vient d'effectuer ses premières rotations au Centre de recherches sur les très basses températures (CRTBT) de Grenoble est déjà de taille à équiper les TGV qui circuleront dans dix ans à la vitesse de 400km/h. S'il n'en a pas la puissance (les dix-huit voitures de l'Eurostar réclament déjà douze moteurs de 1 MW), «il en présente déjà le couple en fournissant cette puissance à seulement 400tr/min», souligne Pascal Tixador, responsable de ce projet du CRTBT et du Laboratoire d'électrotechnique de Grenoble (Leg), soutenu par la Dret. Mais, surtout, en dépit de l'encombrement du système de réfrigération, il permettra, une fois "dopé", de gagner un facteur 2 sur la masse d'une chaîne de traction de 10 MW (transformateurs supra­conducteurs compris) et d'améliorer les rendements de six points.

Induit refroidi à 4,2 K
L'économie d'énergie obtenue grâce aux supraconducteurs devrait garantir un retour sur investissement de cinq à huit ans. Ce moteur, qui fait suite à un prototype de 15 kW. ayant eu le mérite de montrer la compatibilité de cette technologie avec l'alimentation très distordue des variateurs électroniques de vitesse, est de type "basse température". Il fait appel en effet à un induit supraconducteur niobium-titane, refroidi à 4,2 K, et à un inducteur tournant à aimants permanents NeFeB (néodyme-fer-bore), astucieusement refroidis à 150 K par les vapeurs issues de l'enceinte d'hélium liquide dans laquelle baigne l'induit. Pourquoi ne pas recourir à des supraconducteurs "haute température", qui permettraient d'alléger de façon considérable le dispositif de réfrigération ? « Leur densité de courant critique est encore insuffisante», répond Pascal Tixador.

L’article reproduit ci-dessus est vieux d’une dizaine d’années. Publié par une revue industrielle française, il vantait déjà les mérites des moteurs supraconducteurs mis au point par les ingénieurs du CRTBT de Grenoble. Plus légers que les moteurs électriques conventionnels, ils ont surtout pour avantage d’éliminer les pertes imputables à l’effet Joule. Conçus pour les TGV développés par le groupe Alstom, leur développement a constamment été freiné par cette entreprise qui fabrique à la fois les TGV et les équipements des centrales nucléaires. A tel point que, contrairement à ce que disait cet article, les dernières générations de TGV n’utilisent toujours pas les moteurs SC.

Conclusions :

De façon générale, les compagnies d’électricité freinent la mise en exploitation de tous les systèmes qui permettent de réelles économies d’énergie, qu’il s’agisse de la supraconductivité, des piles à combustible, des applications de la thermoélectricité, des frigos Trombe ou des ampoules à diodes. Leur prétendue « politique verte » n’est que de la poudre aux yeux pour les imbéciles et les naïfs. Les dirigeants du (trop) puissant lobby électronucléaire continue à se payer la tête des citoyens et de leurs représentants !

Aucun changement digne de ce nom ne pourra intervenir aussi longtemps que les cabinets ministériels seront noyautés par des agents à la solde des grands lobbies. Ce sont ces « conseillers » - et non les ministres – qui déterminent les politiques suivies par les gouvernements. Dans les dossiers qui relèvent de la politique énergétique, les ministres ne sont guère que des perroquets plus ou moins savants qui répètent ce qu’on leur a glissé dans l’oreille, étant incapables de se faire une juste opinion par eux-mêmes, étant incapables de s’entourer de conseillers à la fois compétents et indépendants des lobbies industriels et financiers. Qu’on se le dise !

Pour plus de détails : voir la rubrique « communiqués de presse » de notre site Internet et les autres rubriques de ce même site.