Origines du SIDA : il est indispensable quune commission denquête indépendante examine la responsabilité de lEtat belge.
Compte tenu des éléments dappréciation dont nous disposons en ce qui concerne lorigine du virus HIV et sa dispersion au niveau mondial, il apparaît que lhypothèse la plus vraisemblable est celle qui a été développée dans le livre intitulé « The River » par le journaliste dinvestigation Edward Hooper, lequel avait lui-même repris et approfondi une hypothèse émise par un magazine américain.
Cette hypothèse a fait lobjet dun reportage qui a notamment été diffusé par la RTBF (télévision belge dexpression française) en 2004. Comme le livre de Hooper, le reportage télévisé démontre clairement que ce sont les manipulations hasardeu-ses dune équipe médicale de lex Congo belge qui sont à lorigine de la pandémie du sida.
Les nombreux éléments dappréciation avancés par Ed Hooper ont été pleinement confirmés par les témoignages réunis par les journalistes de télévision auprès des témoins congolais encore vivants mais aussi par lun des membres de léquipe belge qui était en poste à Stanleyville depuis linauguration, en 1957, du laboratoire de biologie et de virologie financé par lEtat belge. Ces témoignages contredisent les affirmations faites par le virologue Paul Osttereith lors de lenquête qui avait été ouverte, à titre officieux, par les autorités médicales britanniques. Il est donc évident quOsttereith avait fait un faux témoignage, très certainement à la demande du Dr Hilary Koprowski et du laboratoire que Koprowski dirigeait aux Etats-Unis.
Le laboratoire de
Stanleyville tel quil est aujourdhui (à labandon)
et au temps de sa splendeur.
Il est pratiquement certain que cest
là que le sida a pris naissance, aux environs de 1958.
Rappelons que le laboratoire belge de Stanleyville (aujourdhui Kisangani) avait été mis à la disposition de Koprowski pour la production et lexpérimentation « in vivo » du vaccin anti polio buvable mis au point par Koprowski aux USA. Il sagissait notamment de trouver un substrat permettant de produire le vaccin en grande quantité et de façon peu coûteuse. Ce substrat fut trouvé en Afrique centrale sous la forme de reins de chimpanzés.
A gauche, une photo montrant
le panneau installé à lentrée du camp
Lindi par la « mission Courtois Koprowki, centre
dexpérimentation polio ».
A droite, léminent
spécialiste Bill Hamilton qui avait considéré
lhypothèse de Hooper comme plausible. Il est mort au
Congo en récoltant des excréments de chimpanzé.
Il voulait procéder à des vérifications
permettant daccréditer cette hypothèse de façon
strictement scientifique.
Un officier belge de ladministration des Eaux et Forêts fut chargé de recruter des chasseurs pygmées spécialisés dans la capture des chimpanzés et une chimpanzerie fut installée sur un îlot situé à lembouchure de la rivière Lindi. Environ 600 singes furent capturés et amenés au « camp Lindi ». Daprès les témoins, 400 de ces singes furent tués et autopsiés afin de récupérer leurs reins. Ces faits ont toujours été niés par Koprowski et Osttereith et ce, malgré les preuves accablantes qui prouvent leur réalité. Koprowski a notamment toujours affirmé, avec une mauvaise foi navrante, quil navait jamais utilisé de substrats biologiques provenant de chimpanzés. Le belge Osttereith a avalisé les dénégations de Koprowski mais sest contredit dans certains documents.
A
gauche, lofficier des Eaux et Forêts pose devant les
cages où les chimpanzés capturés étaient
enfermés.
A droite, lentrée du camp Lindi où
furent amenés quelques 600 singes capturés par les
chasseurs pygmées recrutés par ladministration
belge.
Les témoignages des assistants congolais et de Pierre Doupagne sont cependant accablants. Ils confirment le fait que des reins de chimpanzés ont bel et bien été utilisés pour la préparation, à Stanleyville, des doses de vaccins qui furent administrés de force à plus dun million denfants congolais, burundais et ruandais, entre 1958 et 1960, malgré les mises en garde de lOrganisation Mondiale de la Santé.
Les
autorités belges passeront outre des mises en garde de lOMS
(à droite)
et feront vacciner plus dun million de jeunes
africains. La vaccination était obligatoire.
Il est dailleurs manifeste que les foyers de la pandémie africaine correspondent bien aux régions où le vaccin a été administré (voir carte ci-dessous). On sait également que le plus ancien échantillon connu de sang contaminé par le HIV provient de Léopoldville, capitale de lex Congo belge (aujourdhui Kinshasa). Il porte la référence L 70 et il a été prélevé en 1958.
Il est tout aussi manifeste que les autorités sanitaires belges ont très largement outrepassé leurs droits en autorisant lutilisation dun vaccin qui nétait pas entièrement fiable et où lon avait identifié des traces du virus simiesque (le SV 40) qui est regardé comme étant le précurseur du SIV et du HIV, tout au moins dans certains lots de ce vaccin (le fait avait été dénoncé par le Dr Albert Sabin).
Cest la mutation de ce virus banal du chimpanzé qui a produit les différentes variétés de SIV (variété du singe) et de HIV (variété humaine). Le chimpanzé demeure immunisé contre ce virus mutant. Par contre, le système immunitaire humain na pas pu sadapter (sauf cas très rares) à ce nouvel agent infectieux.
A gauche, un échantillon
du vaccin « Chat » (prononcer « tchate »)
mis au point par Koprowski et produit en grande quantité à
Stanleyville. Il semble quil nexiste plus aucun
échantillon des vaccins utilisés entre 1958 et 1960 et
dont certains lots furent contaminés par le SV 40 du
chimpanzé.
A droite, deux assistants
congolais occupés à disséquer un chimpanzé
pour en extraire les reins. Ces reins, finement hachés,
servaient de substrat pour la fabrication du vaccin.
Ci-dessous, quatre des assistants congolais qui ont été interviewés dans le cadre du reportage télévisé diffusé en 2004 par la RTBF. Il sagit de Christophe Bayello, de Joseph Limbaya, Jacques Kanyama et de Philippe Elébé. Tous quatre ont confirmé, avec force détails, les procédures de préparation du vaccin. Ils étaient chargés de tuer les singes, de faire les autopsies et daider les Belges pour les premières étapes de la préparation du vaccin. Létape finale était confiée au Dr Paul Osterreith. Elle se faisait en chambre stérile à Stanleyville. .
Les témoignages des anciens assistants sont concordants et ne peuvent apparaître comme suspects. Ils sont corroborés par des photos prises entre 1958 et 1960. Par contre, les déclarations de Paul Osterreith sont plus que suspectes tandis que les autres membres encore vivants de léquipe belge ont toujours fait preuve de beaucoup de « réserve ».
Ci-dessous, Pierre Doupagne pendant linterview quil a accordé à léquipe de télévision. Ce technicien, responsable des analyses au laboratoire de Stanleyville, sera le seul Belge ayant avoué clairement que le chimpanzé était bel et bien intervenu dans la préparation du vaccin « tchate » contre la polio. Et il terminera sa déclaration en disant : « Jen ai déjà trop dit ». Cette courte phrase est significative car Doupagne savait que, par ses déclarations, il contredisait formellement Koprowski, Courtois et Osttereith.
On sait par ailleurs que Koprowski avait fait lobjet de poursuites judiciaires aux Etats-Unis pour avoir testé des vaccins sur des enfants, sans aucune autorisation de ladministration sanitaire. Cest à la suite de sa condamnation quil quittera le secteur public de la recherche pour se mettre au service dune institution privée, purement commerciale. Et il est évident que Koprowski a profité du laxisme des autorités belges pour faire procéder à des expérimentations in vivo à grande échelle sur la population africaine. Le but final était clairement commercial. Il consistait à battre de vitesse une équipe concurrente (celle dAlbert Sabin). Le marché du vaccin anti polio était particulièrement « juteux » et Koprowski était décidé à lenlever coûte que coûte, y compris en enfreignant les règles de sécurité les plus élémentaires. Il semble par ailleurs établi que des doses de vaccin (ou des substrats de préparation) fabriqués au Congo furent envoyés aux Etats-Unis et utilisés par Koprowski, ce qui expliquerait lapparition dun second foyer de sida en Amérique du Nord.
La complicité active de léquipe belge ne fait aucun doute et il convient de désigner le Dr Ghislain Courtois, directeur du laboratoire de Stanleyville, comme lun des principaux coupables (avec Koprowski). Dans cette affaire, Osttereith et les autres laborantins nétaient que des exécutants. Tout au plus furent-ils coupables de dissimulation de faits et de faux témoignage (dans le cas dOsttereith).
léquipe du laboratoire de Stanleyville (sans
Courtois) où lon reconnaît notamment Osttereith
et Doupagne.
Courtois et Koprowski se serrent la main
devant le panonceau de leur « mission ».
Ci-dessous, Hilary Koprowski et Ed Hooper.
Qui ment ? Qui dit la vérité ?
Le Dr Courtois na toutefois pas pu agir de sa seule initiative. Son laboratoire était placé sous la tutelle des autorités sanitaires belges, lesquelles dépendaient elles-mêmes du gouvernement. Il convient donc dincriminer directement les deux gouvernements belges qui se sont succédés de 1957 jusquà lindépendance du Congo (30 juin 1960). Il sagit en loccurrence des gouvernements dirigés par Achille Van Acker (parti socialiste) et Gaston Eyskens (parti social chrétien). Il est vrai quen 1958, les autorités belges se préoccupaient bien plus de leur « exposition universelle » que de ce qui se tramait au Congo. Et tandis que le bon peuple samusait à la « Belgique Joyeuse » de lExpo 58, des médecins belges inoculaient le dangereux virus à plusieurs milliers denfants.
Sur
cette photo prise au camp Lindi, on voit, de gauche à droite,
Paul Osttereith, Ghislain Courtois et Hilary Koprowski.
Koprowski était chez lui à Stanleyville. Une villa avait même été mise à sa disposition par les autorités belges pour faciliter ses nombreux séjours au Congo. Bien quétant au centre de toute laffaire, Ghislain Courtois ne sest jamais expliqué à propos des relations très étroites quil entretenait avec Koprowski et le Wizard Institute.
Une commission denquête devrait donc entendre au plus vite tous les témoins encore vivants de cette sinistre affaire et ce, afin de déterminer le degré de responsabilité des différents acteurs. La justice belge est parfaitement habilitée à se saisir du dossier, à faire la lumière sur ce drame de lirresponsabilité et à inculper ceux qui doivent lêtre. Ne serait-ce que par devoir de mémoire et souci de justice.
De même, les victimes du sida sont habilités à se pourvoir en justice contre le Dr Hilary Koprowski et contre létat belge. Elles sont en droit dexiger des dommages et intérêts, tout comme les pays africains (et autres) qui sont actuellement les plus directement affectés par la pandémie du sida.
le livre de Ed Hooper et le journaliste Tom Curtis qui fut le premier
à publier un article établissant le lien entre le sida
et lutilisation des chimpanzés.
le Dr Cécil Fox, fonctionnaire de ladministration
américaine qui tenta, dès 1985, de faire analyser des
échantillons du vaccin « chat » fabriqué
au Congo et stockés aux Etats-Unis.
Ses supérieurs prétendirent quil nexistait plus aucun échantillon de ce type afin quil ne puisse pas mener ses investigations à bon terme. Il sagissait évidemment de protéger les intérêts commerciaux américains.
En 2008, les Belges qui aiment beaucoup les fêtes et les commémorations fêteront sans nul doute le 50e anniversaire de lexposition universelle de Bruxelles.
En 2008, le monde entier commémorera aussi - et surtout - le 50e anniversaire de la naissance du sida, quelque part en terre congolaise.
De lune il nous reste latomium, de lautre, il nous reste des dizaines de millions de morts et de malades à déplorer. Et le cauchemar nest pas terminé !
Cette affaire repose, une fois encore, la question cruciale du contrôle des activités des laboratoires et des sociétés qui produisent les vaccins et autres médicaments. Ce secteur ne peut, en aucune façon, être régi par les seules lois du commerce et du profit. Le sida est là pour nous rappeler cette règle et nous inciter à redoubler de vigilance. Le business et la santé publique nont jamais fait bon ménage !
Pour plus de détails, nous ne pouvons que renvoyer à le lecture du livre de Ed Hooper ainsi quau reportage télévisé (coproduction France-Canada-Belgique-Espagne - 2003) dont les références précises pourront être obtenues auprès de la RTBF.