Toulouse, le 28 novembre 2002

Production et exportation d’électricité par EDF-RTE : résultats pour l’année 2001

Selon les données fournies par le ministère français de l’Industrie, la production française d’énergie électrique – pour l’année 2001 – aurait été, en valeur brute, de l’ordre de 550 TWh (550 milliards de kWh), soit une augmentation de 2 % par rapport à 2000 (elle avait été de 3,2 % de 1999 à 2000). Le consommation effective aurait été de 451 TWh, toujours pour l’année 2001. Cette consommation a été prélevée sur la production nationale mais aussi sur les importations (courant de pointe pour 4,2 TWh).

On remarque qu’entre la production brute, majorée des importations (soit 554,2 TWh), et la consommation (électricité facturée aux clients), il existe une différence de 103 TWh (18,6 % de l’électricité disponible). Elle s’explique par les ventes à l’étranger ou « exportations » (73 TWh), par l’ « autoconsommation » (électricité consommée par EDF pour les pompages et les systèmes auxilliaires + les pertes dues au transport, soit 31 TWh). Le total donne 104 TWh, ce qui xcorrespond plus ou moins au calcul de base.

Pour mémoire, une unité nucléaire de 1000 MW produit en moyenne 6 à 7 TWh par an (compte tenu des arrêts pour cause de maintenance). L’autoconsommation française absorbe donc la production de 5 tranches de 1000 MW tandis que le solde des exportations-importations (69 TWH en 2001) représente la production de 10 à 11 tranches nucléaires de même puissance.

Si l’on considère que les pertes en ligne pourraient être réduites de moitié par l’enfouissement des réseaux tandis que les exportations massives à perte devraient être interdites (en vertu des lois commerciales interdisant le dumping), on peut aisément calculer qu’une dizaine de tranches de 1000 MW pourraient être arrêtées sans pour autant pénaliser l’économie française. Le parc nucléaire est donc excédentaire d’au moins 10 GW. A l’échéance de 2015, dix à douze autres tranches pourraient également être arrêtées. Et dès 2025, la France pourrait envisager l’arrêt de ses derniers réacteurs, du moins si une politique volontariste a été décidée dans ce sens. Elle doit notamment favoriser la décentralisation et la diversification en matière de production d’électricité, l’enfouissement des réseaux de transport et de distribution et le recours aux technologies nouvelles (piles à combustible, supraconductivité, etc…).

En ce qui concerne les exportations massives d’électricité nucléaire française vers les autres pays européens, nous relevons qu’en 2001 c’est l’Italie qui a été le plus gros client d’EDF avec un solde de 17,7 TWh. L’Allemagne vient en seconde position avec un solde de 14,2 TWh. En troisième et quatrième position, pratiquement ex-aequo, viennent le Benelux et le Royaume-Uni (11,5 et 11,4 TWh). La Suisse ne vient qu’en 6e place avec un solde de 8,1 TWh cependant que la péninsule ibérique (Espagne, Portugal + Maroc) ne représente que 5,5 TWh.

Du côté des importations françaises, la Suisse a fourni 1,7 TWh, l’Espagne 1,2 TWh, l’Allemagne 0,5 TWh, l’Italie 0,4 TWh, le Royaume-Uni 0,2 TWh et la Belgique 0,2 TWh (soit un total de 4,2 TWh). Il s’agit du courant dit « de pointe » acheté par EDF pour palier aux insuffisances de sa production lors des fortes demandes instantanées.



Document n°1 : Carte des mouvements « exportations-importations » pour 2001 – Source : ministère français de l’Industrie. On notera que les chiffres fournis par le ministère de l’Industrie divergent souvent par rapport à ceux qui émanent d’EDF et ce, dans des proportions qui peuvent être considérables. Ces chiffres doivent donc être considérés comme « indicatifs » et non comme ayant une valeur absolue, le marché de l’électricité étant très peu transparent.



Document n°2 : Progression des exportations (soldes exportateurs) d’électricité française, de 1970 à nos jours. Après une courte période où les importations l’emportaient sur les exportations (1974 à 1980), le solde exportateur est redevenu positif et n’a pratiquement jamais cessé de croître jusqu’en 1995. Malgré la volonté d’EDF d’exporter jusqu’à 100 TWh par an, le solde stagne à présent sous la barre des 70 TWh (69 TWh en 2001). Cela est dû, en grande partie, aux actions menées par les associations et collectifs d’associations qui luttent contre les implantations de nouvelles lignes aériennes EHT/400 kV. Ces actions découlent elles-mêmes de celles qui sont menées par le CEPHES depuis 1986. Notre but demeure inchangé depuis cette époque : obliger EDF et l’Etat français à reconsidérer globalement sa politique énergétique et notamment à abandonner, à l’échéance de 2025, la filière nucléaire.

(Source du document : tract du collectif « La Rotonde » établi selon les données du CEPHES – 2001).



Document n°3 : Progression des ventes d’électricité française vers l’Allemagne (source : comme le graphique précédent avec mention du solde pour 2001).

On remarque très nettement que l’arrivé des « Grünen » (verts allemands) au pouvoir a eut pour effet d’intensifier les achats d’électricité nucléaire française. C’est la conséquence la plus directe et la plus immédiate de la politique de « faux-culs » menées par les membres de la coalition « gauche-verts », laquelle préconise l’abandon du nucléaire en Allemagne mais pompe sans vergogne dans les excédents de production du parc nucléaire français. C’est le résultat tangible des accords passés entre le gouvernement allemand et le ministère français de l’Industrie qui avait notamment mandaté le sieur D. Strauss-Khan (aux frais d’EDF et à raison de 200.000 FF par an) pour soudoyer les écologistes d’Outre-Rhin. Depuis 1997, l’Allemagne est ainsi devenue le premier ou le second client d’EDF pour les achats d’électricité nucléaire.



Document n°4 : Variation des données relatives à la production et aux exportations-importations (1960 – 1997) selon le ministère français de l’Industrie.

Pour ce qui est de la consommation nationale, les mêmes sources donnent les chiffres suivants : 65.412 GWh pour 1960, 94.513 pour 1965, 129.980 pour 1970, 168.205 pour 1975, 231.839 pour 1980, 279.530 pour 1985, 322.937 pour 1990, 367.887 pour 1995 et 381.618 pour 199. Elle était voisine de 430.000 GWh (430 TWh) en 1999 et qu’elle a dépassé le seuil des 450 TWh en 2001.

On est passé de 65,4 TWh en 1960 à quelques 440 TWh en 2000 soit une majoration d’environ 575 % en 40 ans. On est donc très loin des prévisions qui avaient été faites sur la base du « doublement décennal », lequel ne fut effectif qu’entre 1955 et 1975. Si ce doublement s’était poursuivi (comme on le prétendait encore récemment chez EDF), la consommation aurait dû être de l’ordre de 260 TWh en 1985, de 520 TWh en 1995 et de 1.040 TWh en 2005 (et ainsi de suite jusqu’à la fin des temps !).

Nous voyons à quel point les prévisions des « spécialistes » se sont avérées totalement fausses malgré une politique d’incitation à la consommation (et même à la surcon-sommation) qui a été menée par EDF dès la fin des années 70. En 2005, la consommation intérieure française ne devrait pas dépasser les 500 TWh et sera donc inférieure de plus de 50 % à ce qui avait été prédit dans le courant des années 60 (certains documents avançant même le chiffre de 1.200 TWh pour l’année 2000).

Il faut, par ailleurs, considérer que la consommation actuelle est encore très nettement supérieure aux besoins réels. Cela tient à certaines surconsommations (notamment dans le domaine des transports et du chauffage) ainsi qu’à des pratiques relevant du gaspillage énergétique. En fait, les besoins réels de la France ne dépassent guère les 375 TWh en ce début du XXIe siècle. Ils devraient même redescendre sous la barre des 350 TWh d’ici 5 à 10 ans (si une politique énergétique intelligente et volontariste est menée par les autorités compétentes, ce dont nous doutons !).

La décroissance naturelle de la consommation d’électricité découle d’une amélioration du rendement des appareillages électriques (c’est ainsi que le rendement des ampoules d’éclairage est passé de 2 % à plus de 25 % depuis l’invention de la lampe à incandescence par Swan et Edison) et du développement industriel des matériaux supraconducteurs.

Dans un très proche avenir – et même si les besoins en électricité continuent à s’accroître – la consommation globale devrait diminuer.



Document n° 5 : Affiche de Daniel DEPRIS pour une campagne anti-nucléaire du CEPHES.