Les ondes de la mort : Préface

« Notre monde est menacé par une crise dont l’ampleur semble échapper à ceux qui ont le pouvoir de prendre de grandes décisions pour le bien et pour le mal. La puissance déchaînée de l’homme a tout changé, sauf nos modes de pensée, et nous glissons vers une catastrophe sans précédent. Détourner cette menace est le problème Le plus urgent de notre temps. »
Albert EINSTEIN

EN GUISE DE PREFACE …


J’aurais aimé faire préfacer le présent ouvrage par une personnalité politique qui soit en accord avec les positions que je n’ai cessé de défendre depuis plusieurs décennies. Mais en y réfléchissant bien, je ne vois pas quel est l’homme (ou la femme) politique qui accepterait de se « mouiller » en préfaçant un livre qui s’oppose aussi catégoriquement à la « politique du moment ». Car à gauche, comme à droite ou au centre, ces messieurs-dames vivent dans la « grande illusion de la croissance continue » (qui est l’équivalent politique du mouvement perpétuel des physiciens de jadis) et ils sont prêts à toutes les compromissions pour entretenir cette illusion.

En outre, il est bien connu que lorsqu’ils sont confrontés à un sujet réputé « sensible » - donc intrinsèquement dangereux pour leur carrière politique – ces mêmes messieurs-dames deviennent muets comme des carpes. « No comment » est leur credo et ils ne répondent plus au moindre courrier. Mais, comme disait déjà Montesquieu : « Les ministres (et autres personnalités politiques, ndl’a) sont des gens occupés, ils n’ont pas le temps d’être polis » ! Ils n’ont surtout pas envie de se compromettre vis-à-vis des (trop) puissants groupes de pression (ou « lobbies ») qui contrôlent, directement ou indirectement, leurs activités.

En Belgique, il fut une époque où les « excellences » répondaient correc-tement et rapidement aux courriers que je leur adressais, mais depuis quelques années, les politiciens belges ont adopté la tactique franco-française que l’on enseigne aux élèves de l’ENA  et qui consiste, comme indiqué ci-dessus, à faire le mort dès qu’apparaît un sujet « dérangeant » et susceptible de faire des vagues dans la marre aux crapauds. Ceci étant dit, il se trouve, même au pays de la « langue de bois » et de la « pensée unique », des personnalités de haut niveau qui répondent aux courriers qu’on leur adresse. Elles sont très peu nombreuses mais elles existent. Et si les péquenauds (et péquenaudes) n’ont pas le temps d’être polis, une toute petite poignée de ministres ont pris le temps de répondre à mes lettres.

La palme de la politesse et de la gentillesse revient incontestablement à Michel Rocard. Il a répondu à mes courriers mais, en outre, il eu l’obligeance d’assortir l’une de ses réponses d’une mention manuscrite à la fois aimable et significative. Je la reproduis ci-dessous.

réponses manuscrite de Michel Rocard.


Cette mention prouve, non seulement, que Michel Rocard a bien lu ma longue lettre mais elle démontre aussi que, sur les grandes orientations socio-politiques, nous étions à peu près sur la même longueur d’onde. Evidemment, comme il le note fort à propos, il y aurait fort à faire pour changer tout ce qui ne va pas. Et l’on en revient à cette citation de Lichtenberg qui dit : « Je ne sais si tout ira mieux quand tout aura changé mais je peux affirmer que tout devra changer si l’on veut que cela aille mieux ».

Bernard Bosson, homme d’une grande courtoisie, a également répondu à mes courriers à l’époque où il assumait les fonctions de ministre de l’équipement, des transports et du tourisme. Dans l’une de ses lettres, il avait tenu à me remercier de l’avoir tenu informé des différentes réflexions que je menais dans le domaine de l’environnement en ajoutant au passage : « …et je me réjouis de constater que nous partageons la même vision, celle d’une approche globale et politique… ».

Je citerai encore le député-maire de Bègles, l’ancien journaliste Noël Mamère qui, après avoir parcouru l’un de mes manuscrits, m’avait adressé une lettre manuscrite ainsi libellée : « …Les thèses que vous y développez sont particulièrement inquiétantes et je comprends la censure dont elles sont l’objet… ». Et pourtant, le manuscrit en question était loin d’être le plus « inquiétant » ! En matière de censure, Noël Mamère est évidemment censé être un expert, comme tout journaliste qui a travaillé pour le compte d’une télévision d’Etat.

J’aurais donc pu adresser le manuscrit du présent ouvrage à ces trois personnalités éminentes mais je m’en suis abstenu car j’avais de bonnes raisons de croire que j’essuierais un refus poli. Le sénateur Rocard n’a sans doute pas trop envie de se heurter de front au puissant lobby militaro-industriel, tout comme le député-maire d’Annecy. Quant à Noël Mamère, il a appris à « fermer sa g…… » depuis qu’il a rejoint les « verts » et la « gauche plurielle ». Il se permet, certes, quelques « écarts de langage » de temps en temps. Mais il n’oserait pas remettre fondamentalement en question la politique industrielle française, pas même en ce qui concerne la course aux armements et aux technologies qui font peser de graves menaces sur l’humanité. Il se ferait « vertement » rappeler à l’ordre par la bécassine prétentieuse qui régente l’écologie politique française depuis que les « verts » ont abandonné le principe de neutralité (ni gauche, ni droite) qui avait été à la base de leur fondation. Devenu une simple « remorque » du parti socialiste et d’une social-démocratie qui s’avère de plus en plus « néo-libérale », le parti de la « bande à Voynet » ne peut plus se prévaloir d’être le défenseur de l’environnement et du développement durable, encore moins de la « politique autrement ».

Mon ouvrage ne sera donc pas préfacé et il ne s’en portera pas plus mal pour autant. La préface sera remplacée par quelques citations judicieusement choisies qui illustreront les différents chapitres. Outre la réflexion d’Einstein qui est reproduite à la page 1 et qui se passe de commentaires, c’est avec une citation de Sir Winston Churchill que j’illustrerai cette « pseudo préface ». J’invite nos excellen-ces ministérielles, présentes et à venir, à apprécier cet avertissement à sa juste valeur :

« You can fool all the people of the time,

You can fool some of people of the time,

But you cannot fool all the people all of the time ».


Vous pouvez tromper tout le monde quelques temps,

Vous pouvez tromper quelques personnes tout le temps

Mais vous ne pouvez pas tromper tout le monde tout le temps.

Je sais par ailleurs que certaines personnes pourront trouver « étrange » ou « bizarre » que des chapitres traitant de matières scientifiques, techniques ou médicales soient entrecoupés de parenthèses à connotation politique.

Je demeure, en effet, fidèle à cette méthode analytique très efficace qu’est la dialectique, et plus particulièrement à cette forme de dialectique qui se fonde sur la triade « thèse-antithèse-synthèse », laquelle est aux dialecticiens ce que la sainte trinité est aux théologiens chrétiens. Une telle méthode implique de ne jamais se départir de la vision d’ensemble, même lorsque l’on est supposé agir dans un contexte limité ou spécialisé. C’est d’ailleurs ce que préconisait Jean Jaurès dans son célèbre « Discours à la jeunesse » (Albi, 30 juillet 1903) lorsqu’il indiquait à son auditoire qu’il faut accepter et comprendre la loi de la spécialisation du travail - qui est la condition de l’action utile - tout en ménageant à son regard, à son esprit, quelques échappées vers le vaste monde et des perspectives plus étendues. C’est dans le cadre de ce même discours qu’il avait prononcé cette phrase dont j’ai fait ma devise : « Le vrai courage, c’est de chercher la vérité et de la dire » ! J’adhère sans réserve à la pensée de Jaurès. Et ce n’est peut-être pas un hasard si les présentes lignes ont été écrites à Toulouse, ville où il enseigna et dont il fut le conseiller municipal.

Par contre, je refuse catégoriquement de me soumettre aux principes anti-démocratiques du jacobinisme centralisateur, ceux-là mêmes qui voudraient que tous les experts observent un prétendu « devoir de réserve » lequel, s’il peut éventuel-lement s’appliquer aux experts commis par les pouvoirs publics, ne concerne en rien les experts indépendants dont je suis. J’estime, tout au contraire, que l’expert a le devoir d’intégrer ses connaissances, et les résultats de ses analyses, dans une vision synthétique qui doit être la plus large possible. Il n’a jamais été dit ni écrit nulle part que les experts devaient être politiquement asexués et je considère, pour ma part ; que les experts qui négligent les aspects socio-politiques d’un dossier sont des individus incompétents, malhonnêtes ou les deux à la fois.

Cette remarque vaut essentiellement pour ceux et celles qui sont amenés à aborder des domaines où le volet politique est l’une des composantes essentielles, pour ne pas dire primordiale, du problème posé. Car si les experts immobiliers, et autres experts auprès des assurances, peuvent se permettre de négliger l’opinion politique de leurs clients, il en va tout autrement pour ceux qui sont amenés à se prononcer sur des projets publics ou dans des domaines relevant de l’orientation industrielle, donc économique et politique. Ce sera le cas pour les experts techniques et scientifiques ainsi que pour les économistes et les analystes financiers. Mais cela pourra aussi être le cas pour les experts médicaux et autres spécialistes de la santé publique. Les experts qui agissent dans le domaine de l’environnement se doivent impérativement de considérer les facteurs socio-politiques qui conditionnent les dossiers qui leurs sont confiés. 

Le présent ouvrage a donc pour objet de donner à mes lecteurs et à mes lectrices, une vision globale, synthétique, de la problématique des nuisances hertziennes, en y intégrant les aspects techniques et médicaux de base mais aussi les différents aspects économiques, sociaux et politiques. Certaines de mes remarques feront sans doute « grincer des dents » dans les milieux feutrés de la haute nomenclature française et belge (sans parler de l’establishment made in USA) mais je m’en fiche complètement puisque mon livre n’a pas été écrit pour « ces gens-là » (dixit Jacques Brel).


DD



Daniel
DEPRIS en 1979 . Dessin au crayon de son ami, le peintre belge Marcel
DELMOTTE.
Daniel DEPRIS en 1979 . Dessin au crayon de son ami, le peintre belge Marcel DELMOTTE.

Retour
RETOUR