Toulouse An 1 après AZF

Toulouse An 1 après AZF
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Mars 2004 : (Abandon de la plainte déposée par SNPE contre Henri Farreny)
Explosion de l'usine AZF
La SNPE veut baillonner le droit d'expression
la Société Nationale des Poudres et Explosifs
poursuit Henri Farreny pour "complicité de diffamation"
CONTRE LE BAILLON, LA PETITION !

Février 2004 : La Valse de la chimie, paroles et musique de Daniel Depris
La Valse de la Chimie
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Septembre 2003 : l’enquête « officielle » n’a toujours pas réussi à fournir une explication satisfaisante

Février 2003 :
- Ecouter les DEUX explosions !
- A propos de l'article «AZF : le mensonge était presque parfait » paru dans « Valeurs actuelles » N°3452 du 24 janvier 2003.

Décembre 2002 : retour sur l'explosion du dirigeable Hindenburg, une énigme de 1937 résolue en 1997. Quand l'économie et la politique étouffent la vérité.

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André DISPEIL

Toulouse

An I Après AZF

De la catastrophe au complot d’Etat

© CEPHES – Toulouse- Charleroi

Août 2002


AZF : Histoire d’un complot d’Etat


Comme tous les journalistes, j’ai été averti de l’explosion de l’usine AZF de Toulouse par une dépêche de l’AFP. Elle est datée du jour même de la catastrophe – 21 septembre 2001 - et elle porte la référence ECF0353 3 F 0432 FRA/AFP-UV 50. On peut y lire que des « experts ergonomes » sollicités par le Comité d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail (CHSCT) d’AZF avaient recueilli des « témoignages alarmants » sur les conditions de sécurité dans l’usine de Toulouse.

C’est l’un des premiers documents qui va accréditer l’hypothèse selon laquelle l’usine AZF de Toulouse était une sorte d’ « usine poubelle » où le personnel travaillait en dépit du bon sens le plus élémentaire, mélangeant allègrement les produits chimiques les plus divers. Aujourd’hui encore, un an après la catastrophe, les « experts officiels » se fondent sur cette hypothèse de départ et ne veulent absolument pas en examiner une autre, quelle qu’elle soit.

Cependant, les premiers communiqués de l’AFP, ceux du 21 septembre, semblaient aussi indiquer qu’il n’y avait pas eu « une » mais « des » explosions. Dans le communiqué dont références ci-dessus, on peut notamment lire une déclaration de M. Serban Hagau (l’un des experts du cabinet Eretra, agréé par le ministère de l’Emploi) selon laquelle : « En l’état actuel, nous ne pouvons pas nous prononcer sur l’origine des explosions… » Pourquoi cet expert travaillant sous le contrôle de l’Etat aurait-il parlé « des » explosions s’il n’y en avait eu qu’une seule ? Quand à Martine Richel, autre expert du cabinet Eretra, elle dira : « Nous pensions de c’était la SNPE qui avait explosé… » !

Dès le départ, dès les heures qui suivirent la catastrophe, des rumeurs circulèrent effectivement à propos d’une première explosion qui se serait produite, non chez AZF mais dans l’enceinte de l’entreprise voisine, la Société Nationale des Poudres et Explosifs (SNPE, ex Poudrerie Nationale).

Le site toulousain de la SNPE avait toujours été montré du doigt par les défenseurs de l’environnement qui redoutaient une fuite de phosgène, un gaz lourd extrêmement toxique qui est très utilisé dans le secteur de la chimie industrielle.

Composée de monoxyde de carbone et de chlore, la molécule de chlorure de carbonyle (1) est utilisée comme médiateur dans de très nombreuses réactions chimiques. C’est ce gaz qui, en janvier 1916, avait remplacé le chlore pur comme gaz de combat avant d’être lui-même remplacé, en juillet 1917, par les gaz ypérite (aussi nommé « gaz moutarde » à cause de son odeur caractéristique) et lewisite, encore plus toxiques.


Lorsque, entre le 17 juin et le 18 juillet 1997, les services de la préfecture de Haute-Garonne avaient ouvert une enquête publique à propos de la création, par la SNPE, d’un 3e site de production et de stockage de phosgène, quelques associations avaient tenté, mais en vain, de bloquer le projet. L’enquête s’était déroulée dans la plus totale « discrétion » et en parfaite contradiction avec la législation en vigueur, notamment en ce qui concernait les obligations de publicité. Il ne fallait surtout pas « alarmer la population » et attirer l’attention des citoyens sur les activités de la SNPE, entreprise d’Etat travaillant pour le secteur de la défense et pour l’industrie spatiale (fabrication du carburant destiné aux fusées Ariane). Une pétition fut lancée par les « verts » de Haute-Garonne mais elle ne mentionnait guère que les risques de fuites aux niveaux des installations de stockage et de transport du phosgène. Elle faisait aussi état de la possibilité d’un accident aérien aboutissant à la chute d’un avion sur le pôle chimique toulousain. Ce site est, en effet, situé dans l’axe de l’un des couloirs d’approche de l’aéroport de Toulouse-Blagnac.



  1. Découvert par Davy en 1812, le phosgène est aussi nommé chlorure de carbonyle, oxychlorure de carbone ou acide chlorocarbonique. Il a pour formule CO-Cl (phosgène) ou CO-Cl2 (diphosgène). Très réactif, comme la plupart des produits chlorés, le phosgène est aussi bon marché à produire, d’où son intérêt pour l’industrie chimique. Comme gaz de combat, il était environ 10 fois plus toxique que le chlore pur. Il provoquait la mort par œdème des poumons. Pour la petite histoire, c’est le 25 septembre 1915 que l’armée français fit usage de ses premiers obus à gaz (en Champagne). La première utilisation massive de gaz toxiques fut le fait de l’armée britannique, lors de la bataille de Sébastopol (1854) puis dans le cadre la guerre de Boers (1899-1902). En Afrique du Sud, les Anglais utilisèrent des obus chargés d’acide picrique.

L’ypérite, fut mis au point par le chimiste allemand Fritz Haber, spécialiste des engrais nitratés et des insecticides. Bien qu’il se soit comporté comme un véritable criminel de guerre, le prix de Nobel de chimie lui sera décerné pour l’année 1918. Ce chimiste juif sera aussi à l’origine du gaz « Zyclon B » qui sera utilisé pour l’extermination de plusieurs millions d’israélites pendant la seconde guerre mondiale.



J’ai retrouvé l’une des feuilles de cette pétition. Elle ne porte que quatre noms dont ceux de Pierre Boyer (qui fut le suppléant d’Yvette Benayoun-Nakache, député PS de Haute-Garonne) et de Daniel Depris, président du CEPHES, un nom qui, comme nous le verrons, se retrouve aujourd’hui au cœur du dossier AZF.


Dans une brochure diffusée en octobre 2001 par le collectif « Ca dégaze », émanation du C.R.A.S. (Centre de Recherche sur l’Alternative Sociale, de tendance anarcho-libertaire), on peut lire un texte qui réfute les propos d’un journaliste (Alain Buisson) de « La Dépêche du Midi » selon lesquelles « Personne, à aucun moment, n’avait envisagé la thèse de l’explosion… ». Buisson ne faisait toutefois que transcrire les « aveux d’un responsable politique » (sans oser dire lequel, bien évidemment).

Le collectif argumente en citant une brochure de 1982, œuvre du « Mouvement Alternatif Non violent » (MAN) qui, disait, à propos des armements chimiques : « Quand on connaît la toxicité du phosgène…et que l’on sait qu’il est stocké à la Snpe, on peut frémir à l’idée des conséquences qu’aurait un séisme, une explosion, un attentat, un bombardement… ».

Les « alternatifs » avaient pris le risque d’explosion en considération, mais seulement comme pouvant être à l’origine d’une fuite de phosgène. Ils n’avaient pas prévu, eux non plus, que la ville de Toulouse pouvait être à moitié rasée, non par le fait du phosgène, mais par l’explosion d’un simple dépôt d’engrais. Pour eux, comme pour les autres, la « bête noire », c’était la SNPE, pas AZF.

Pour sa part, Daniel Depris (qui habite Toulouse depuis 1990), affirme n’avoir jamais entendu qui que ce soit évoquer la possibilité d’un accident grave au sein de l’usine AZF. « Ni les « verts », ni les « Amis de la terre »,ni l’Uminate, ni personne d’autre dans la mouvance « écolo » n’a jamais fait mention d’un danger émanant d’AZF, une usine pourtant bien connue des Toulousains. Mais aujourd’hui, à les attendre, ils auraient tous « tiré la sonnette d’alarme ». C’est de l’esbroufe et de la démagogie à la petite semaine. Pour tout le monde, le danger ne pouvait provenir que de la SNPE. La seule chose que l’on reprochait à AZF, c’était les fumées que rejetaient ses cheminées… ».

Le phosgène est, sans conteste un produit d’une très grande toxicité. C’est pour cette raison qu’il avait été utilisé comme gaz de combat au cours de la première guerre mondiale. Nettement plus lourd que l’air, il s’insinuait dans les tranchées et les abris souterrains. Il avait, si l’on peut dire, l’avantage d’être incolore. Contrairement au chlore pur qui se répand en nappes de couleur verdâtre, on ne peut pas le voir arriver. Si l’explosion du 21 septembre avait entraîné la diffusion de phosgène dans l’environnement, la catastrophe eut été d’une ampleur inimaginable. Le phosgène se serait étalé en nappe épaisse dans la cuvette de la Garonne et, poussé par un léger vent de secteur Sud, il se serait dirigé vers le centre de Toulouse. Seules les personnes ayant la possibilité de se réfugier dans un immeuble à plusieurs étages auraient pu échapper à ce gaz qui provoque des effets mortels (inflammation des voies respiratoires et œdème pulmonaire) en très peu de temps. D’autant que les prescriptions de sécurité n’avaient pas été respectées par la préfecture. A aucun moment, les sirènes ne furent utilisées pour émettre les signaux prévus par la réglementation en vigueur. Et de toute façon, rares, très rares, étaient les Toulousains et les Toulousaines qui savaient ce qu’il y avait lieu de faire pour se protéger face à une telle situation.


Enfin, de nombreuses personnes ont noté que la radio et la télévision n’avaient pratiquement jamais évoqué l’éventualité d’une fuite de phosgène, même dans les heures qui suivirent l’accident. Et pourtant, personne ne savait, à ce moment-là, si ce gaz avait, ou non, été libéré dans l’atmosphère.

Les consignes de la préfecture, répercutées par les médias, consistaient à « fermer les fenêtres et les portes» et à demeurer chez soi jusqu’à nouvel ordre. Mais des milliers de toulousains n’avaient plus de fenêtres ! Et personne ne leur rappelait qu’il ne fallait pas rester au niveau du sol et qu’il était prudent de respirer au travers d’un mouchoir ou d’un bout de tissu humide (masque à gaz de fortune).

Selon les estimations les plus réalistes, un accident chimique dû à des fuites de phosgène aurait pu provoquer la mort directe ou indirecte de plusieurs milliers de personnes, sans doute plus de 10.000.

Fort heureusement, les systèmes de sécurité ont bien fonctionné le 21 septembre. Les vannes des circuits de transports et de stockage se sont fermées automatiquement, comme prévu dans de telles circonstances, et aucune fuite de phosgène n’a pu être constatée. Mais cela aurait pu se passer différemment. Un circuit de commande défectueux, une vanne qui se bloque et c’est le drame. Les Toulousains et les Toulousaines l’ont échappé belle, ce jour-là.


Il serait cependant erroné de croire que Toulouse est la seule ville qui puisse être menacée par une telle catastrophe.


En France, l’usine de Pont-de-Claix (département de l’Isère), appartenant au groupe chimique « Rhodia-Lyondell » (filiale de Rhône-Poulenc), utilise aussi du phosgène et, de ce fait, menace quelques 12.000 personnes. On peut également mentionner les usines de St-Clair-du-Rhône (département de l’Isère -ICI-Francolor), de St Fons (département du Rhône – Ciba Geigy), de Roussillon (département du Rhône – Rhône-Polenc), de Sisteron (département des Alpes de Hte Provence - Sanofi) et de La Madeleine (département du Nord – Rhône-Poulenc) (2).

Toutes ces usines françaises sont classifiées « à risques » (type « Seveso »).


En Belgique, aux Pays-Bas, en Allemagne et en Suisse, des unités de production de phosgène se retrouvent aussi enclavées dans des zones à forte densité de population. La situation la plus proche de celle de Toulouse est celle de l’usine BASF d’Anvers (Belgique), laquelle se trouve au cœur d’un secteur fortement urbanisé comptant près d’un demi million de personnes. Comme ceux de Toulouse, les habitants de la métropole flamande - ainsi que les travailleurs de son immense port de commerce - vivent sous la menace du phosgène. Viennent ensuite, les usines Bayer et BASF de Leverskusen et Ludwigshafen (Allemagne) qui concernent chacune quelques 165.000 personnes.

L’unité phosgène du groupe Lonza concerne les 31.000 habitants de Visp (Suisse) tandis que celle de Huntsman à Rozenburg (Pays-bas) en concerne 14.000. Viennent ensuite les usines BASF de Schwarzheide (Allemagne, intégrée dans une zone urbaine concernant 7.300 personnes) et d’Evionnaz (Suisse - groupe Organol - avec « seulement » 960 victimes potentielles) (2).


Il ne faut pas, non plus, oublier les munitions à gaz qui traînent encore un peu partout en Europe, dans des dépôts et même dans le sol des anciens champs de bataille. En Belgique, des citoyens ont ainsi été gravement intoxiqués, à plusieurs reprises, par des gaz de combat contenus dans des fûts ou des obus datant de la première guerre mondiale.


A Toulouse, les autorités civiles et politiques ont finalement cédé devant la pression de la rue. Il a été décidé de mettre fin à la production de phosgène, laquelle représentait pourtant 65% du chiffre d’affaire de l’usine toulousaine de la SNPE, l’un des leaders mondiaux dans ce domaine (la SNPE alimentait l’industrie chimique française mais exportait aussi à l’étranger, notamment aux Etats-Unis et au Japon).

La SNPE s’est aussi engagée à ne plus stocker que 8 tonnes de chlore au lieu des 120 dont elle disposait habituellement (précisément pour la production du phosgène). Hubert Fournier, préfet de la Haute-Garonne a néanmoins cru utile de préciser que la décision impliquant l’arrêt de la production de phosgène était « …une décision difficile…l’interdiction du phosgène constituant une réponse, à titre exceptionnel, au traumatisme des Toulousains… ». L’Etat français n’aurait donc pris cette décision que contraint et forcé, par pure spéculation politique ! C’est assez évident car la « reconversion » du pôle chimique toulousain, bien qu’envisagée depuis la fin des années 70, n’avait jamais été à l’ordre du jour de ces messieurs.


  1. Ces données découlent essentiellement des chiffres fournis à la presse par le service « communication » de la SNPE, ainsi que des informations figurant à

la page 1584 de l’édition 2000 du « Quid ». Il est cependant fort probable qu’un certain nombre d’usines, fabriquant ou utilisant du phosgène, aient échappé à nos recherches. C’est ainsi que, fort curieusement, le « Quid » ne mentionnait pas l’usine SNPE de Toulouse, laquelle était pourtant le principal producteur de phosgène en France !

Dans l’Union européenne, ce sont plusieurs millions de personnes qui vivent en permanence sous la menace des gaz toxiques produits et utilisés par l’industrie chimique. Malgré les mesures de sécurité qui sont en vigueur, les risques ne peuvent pas être éliminés de façon absolue et la probabilité d’accident n’est pas nulle. Un « Bhopal européen » ne relève pas du fantasme écologique. C’est une possibilité bien réelle.

Entre l’alarmisme de mauvais aloi que l’on rencontre chez pas mal d’ « écolos » et la désinformation systématique qui est à mettre au compte des industriels et des organismes officiels, il y a de la place pour une information honnête et cohérente. La France demeure cependant un pays où les pouvoirs publics persistent à pratiquer une politique systématique de désinformation dès que la responsabilité de l’Etat et des grands groupes publics se trouve engagée. C’est une attitude lamentable et foncièrement antidémocratique qu’il faudra dénoncer sans relâche jusqu’à ce que les autorités politiques se décident à remettre de l’ordre dans la pétaudière républicaine.

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Cette BD à vocation pédagogique est tirée d’un numéro du journal d’information édité par la SPPPI, organisme censé se préoccuper de « protection contre les risques industriels », émanation du ministère français de l’Industrie. Elle date d’avant la catastrophe du 21 septembre 2001.

Cette historiette prouve bien que les mesures de sécurité n’avaient été établies que pour une éventuelle fuite de phosgène. En aucun cas, il n’avait été prévu qu’une énorme déflagration puisse détruire portes et fenêtres à des kilomètres à la ronde. Quant à l’alerte réglementaire, qui se trouve décrite dans ce document, le préfet de la Hte Garonne prit la décision de ne pas la déclencher « afin de ne pas provoquer la panique » !

On se souviendra cependant qu’en août 1997, une forte explosion – suivie d’un grand souffle - avait déjà bien secoué les zones urbaines entourant le site de Grande Paroisse (Dépêche du Midi du 8/8/1997). A l’époque, cet incident – qui n’avait pas fait de dégâts - avait été qualifié de « mineur et sans portée particulière ». Peu d’informations avaient filtré sur les causes de cette explosion.

En 1986, les écologistes s’étaient quelque peu mobilisés contre un projet d’extension de Tolochimie et, au reçu de leur pétition, le préfet de l’époque avait indiqué que « …le problème d’une reconversion éventuelle du site est de compétence municipale… » (Dépêche du Midi du 16 septembre 1987). L’Etat renvoyait la balle à la Mairie qui renvoyait la balle à l’Etat. On connaît ce genre de partie de ping-pong, façon subtile de gagner du temps et de noyer le poisson.

Le 29 octobre 1987, un incendie dévaste un entrepôt contenant 850 tonnes de nitrate d’ammonium dans une usine d’engrais de Nantes. Du chlore et du gaz ammoniac sont libérés dans l’atmosphère mais le nitrate, très stable à la flamme (comme indiqué par ailleurs), n’explose pas. Heureusement, car l’explosion de 850 tonnes de ce produit aurait rasé Nantes et les alentours !


Pour en revenir à la SNPE, il faut savoir que plusieurs plaintes furent enregistrées, dès les années 80, à propos de rejets, dans l’atmosphère, de produits dégageant une odeur très désagréable « forte, âcre et un tantinet piquante » (Dépêche du Midi du 1er novembre 1987). La presse locale, admettra certes que « cette chimie n’est pas inoffensive » mais pour immédiatement minimiser les faits et tenter de faire croire que les gaz ainsi libérés par la SNPE n’étaient absolument pas dangereux. Or, la description qui en a été faite semble indiquer qu’il s’agissait d’un composé chloré ou ammoniaqué, donc dangereux pour les voies respiratoires.

Mais tout le monde sait, à Toulouse, que « La Dépêche du Midi », ce fameux « Journal de la démocratie » contrôlé par la famille Baylet (donc proche des partis et des gouvernements « de gauche »), n’a jamais brillé par son objectivité. Ce quotidien mériterait même d’être rebaptisé LVDSM (La Voix De Son Maître et non Lundi, Vendredi, Dimanche, etc…). D’ailleurs, depuis le 21 septembre, ses rédacteurs se comportent en parfaits « porte-voix » de la pensée unique, aseptisée et garantie par l’Etat !


Pour leur part, les dirigeants de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Midi-Pyrénées, ont déclaré que Toulouse ne pouvait être une « zone de non droit », avec des mesures spécifiques qui pénaliseraient les industriels en place et dissuaderaient les futurs investisseurs, ajoutant que « …Au-delà de Toulouse, c’est l’avenir de toute l’industrie française qui est en jeu » !

Le ton est donné car les enjeux sont évidents. Les industriels de la chimie craignent une « réaction en chaîne », un « effet de boule de neige » qui inciterait d’autres citoyens français et européens à exiger que des mesures analogues soient adoptées pour les débarrasser de l’épée de Damoclès qui plane au-dessus de leurs têtes.

Le phosgène pourrait, certes, être remplacé par d’autres réactifs, moins dangereux, mais c’est un problème de gros sous. Une modification des processus de fabrication coûterait cher et les industriels ne veulent pas payer la facture, même en vertu du principe du pollueur-payeur (article 130 R du Traité de l’Union européenne).


Ce qu’il importe toutefois de dire et de redire, c’est que personne, à Toulouse, n’avait jamais pensé, ne serait-ce qu’une seconde, que les problèmes pourraient venir de l’usine d’engrais que tous les vieux toulousains continuent à appeler « Onia » (de son ancien nom : Office National Industriel de l’Azote).

Cette usine avait été implantée au sud de la « ville rose » en 1923. Elle était le fleuron de l’industrie française des engrais chimiques, avec une production annuelle supérieure à 50.000 tonnes. On y fabriquait essentiellement des engrais azotés (ou nitratés) comme le nitrate d’ammonium. Mais en 1923, le site de était presqu’un désert. Hormis le vieil hôpital Marchant, qui avait été bâti au XIXe siècle pour accueillir les malades mentaux, il n’y avait pas grand monde dans le coin.

La construction de l’usine d’engrais n’avait donc inquiété personne et, peu à peu, le pôle chimique s’était agrandi et diversifié sans que l’on y prête attention. Même les autorités municipales ne s’étaient pas opposées à cela, trop heureuses d’encaisser les impôts locaux plus que substantiels que versaient les industriels à la ville de Toulouse. A l’ONIA vinrent s’ajouter la SNPE et les unités connexes de Tolochimie-Isochimie, qui formèrent une triade industrielle interdé-pendante. C’est ainsi qu’une partie de la production de phosgène était acheminée, de la SNPE vers Tolochimie par une petite conduite métallique aérienne.

Les instances municipales, bien que parfaitement informées des risques industriels qu’impliquaient ce pôle chimique, n’avaient jamais cru utile de limiter l’urbanisation dans le secteur le plus exposé, celui qui se situe dans un rayon d’un kilomètre autour des entreprises mentionnées ci-dessus. Bien au contraire, on y implanta des cités d’habitations sociales, des résidences universitaires, une zone de développement industriel et commercial, et même des écoles !

Parmi les responsables de la catastrophe, il ne faut donc pas oublier de placer, aux côtés des industriels, les différents maires de Toulouse et notamment MM. Baudis père et fils (3). Les industriels sont sans nul doute responsables de la catastrophe du 21 septembre mais les mandataires politiques, quant à eux, sont à la fois responsables et coupables. Ils sont coupables d’avoir laissé faire, coupables d’avoir pensé à remplir les caisses de la ville plutôt qu’à préserver la sécurité des citoyens, coupables de négligences graves dans l’exercice de leur mandat.


En 1999, lors d’une réunion de travail de la SPPPI, Henry Farreny, conseiller municipal écologiste de Ramonville (commune située au sud de Toulouse) avait, une fois encore, posé le problème de la délocalisation des usines de la zone chimique sud. A quoi Nicole Maire, responsable des « risques majeurs » à la mairie de Toulouse, avait répondu « …tel que l’aménagement de l’agglomération a été programmé pour les prochaines années, la question du déménagement n’est pas à l’ordre du jour… » (« Toulouse Environnement » - Mai 1999).


La responsabilité des élus toulousains est donc bel et bien engagée dans cette affaire. Le maire actuel, Philippe Douste-Blazy, n’a sans doute pas à assumer les fautes de ses prédécesseurs, mais il faudra bien que ce beau monde s’explique un jour ou l’autre. Qu’ils soient de droite (comme les membres de la majorité municipale) ou de gauche (comme les élus départementaux et régionaux), les « politiques » sont mouillés jusqu’au cou. Même les « verts » de Haute-Garonne ne pourront pas s’en tirer à bon compte puisque, depuis 1997,


  1. Bien que la région Midi-Pyrénées soit considérée comme étant traditionnellement « à gauche », la vielle cité des Comtes de Toulouse est un ville « où l’on règne ». A côté de la « dynastie » qui règne sur La Dépêche du Midi (la famille Baylet déjà nommée), il faut mentionner Pierre et Dominique Baudis qui se sont comportés vis-à-vis de la ville rose comme s’il s’agissait d’un fief féodal. N’ayant pas de successeur immédiat dans son clan familial, D. Baudis a passé son bâton de commandeur à son féal sujet, Philippe Douste-Blazy, ancien maire de Lourdes. Baudis préside à présent le Conseil Supérieur de l’Audio-visuel ( CSA).

ils disposent d’une vice-présidence au sein de l’exécutif régional. Ce qui n’a rien changé à la politique menée en Midi-Pyrénées dans le domaine de la protection de l’environnement (ou plus exactement de la « non protection » de l’environne-ment). A Toulouse comme à Paris, les « verts » se sont comportés comme de superbes « potiches » politiques, comme les larbins de la « gauche-caviar » et de la « gauche-cassoulet ».

D’ailleurs, peut-on sérieusement parler de « parti politique » à propos des « verts » ? Avec moins de 5.000 adhérents en règle de cotisation (au plan national), ils sont moins représentatifs que pas mal d’associations. En juin 1997, pour les 8 départements de Midi-Pyrénées, ils ne pouvaient justifier que 174 adhésions. Dans certains départements (comme le Gers), ils avaient … 2 membres !


L’écologie politique, en France, n’est qu’un leurre, une superbe illusion d’optique. Aujourd’hui, les « verts » n’existent que grâce à la « générosité » des socialistes et le surdimensionnement médiatique dont ils bénéficient. Concrètement, ils n’existent plus depuis belle lurette.


L’écologie française n’est pas mieux lotie sur le plan associatif. Les associations se font, se défont et se multiplient comme les petits pains de la Bible. Mais leur efficacité réelle est à peu près nulle. Tributaires de subventions et d’avantages divers(4), la plupart les dirigeants des associations écologistes françaises se contentent de pavaner dans des « colloques », « réunions de travail » et autres cénacles sans grande utilité où ils palabrent devant un auditoire qui les écoute « gentiment » mais se fiche éperdument de ce qu’ils racontent et de ce qu’ils veulent.


  1. En France, la part des subventions allouées aux associations écologistes peut aller jusqu’à 60 % de leurs recettes totales. C’était notamment le cas, en 1988, pour la FNE (France Nature Environnement). La même année, la part des subventions représentait 48% des recettes des « Amis de la terre » et 46 % des recettes de la FRAPNA (Isère). Et la situation ne s’est pas améliorée depuis lors. Bien au contraire, les associations dites « écologistes » sont de plus en plus dépendantes des pouvoirs publics pour leur fonctionnement. De ce fait, elles ne peuvent pas se » prévaloir d’une réelle indépendance vis-à-vis de l’Etat et des collectivités territoriales. En Allemagne, la part des subventions est beaucoup moins importante. En 1988, cette quote-part n’était de que 7% pour la Bund Naturschutz, de 9 % pour la BUND et même de 0% pour l’association « David contre Goliath ». Au niveau européen, le CEPHES n’a jamais perçu la moindre subvention afin de préserver son indépendance.

C’est le « dialogue à la française ». Les écolos aiment s’entendre parler, donc on les laisse parler, du moins s’ils sont « politiquement corrects ». Mais du côté de l’Etat et des gouvernants, on s’empresse de mettre à la poubelle les compte-rendu des réunions dites «de concertation », les actes des pseudo colloques et même les rapports des commissaires enquêteurs !

Quant aux défenseurs de l’environnement qui ne se plient pas à ces curieuses « règles du jeu », ils sont décrétés « politiquement incorrects » et on s’efforce de les empêcher de s’exprimer par tous les moyens possibles et imaginables, y compris les moins avouables. C’est notamment le cas pour le président du CEPHES, lequel n’a jamais accepté de respecter les règles d’un jeu qui est truqué dès le départ. Pour Daniel Depris, les écologistes dignes de ce nom ne doivent pas « jouer pas avec des tricheurs professionnels » ! (5).


Ca s’est passé comme ça, à Toulouse comme ailleurs. Seule l’ampleur de la catastrophe du 21 septembre a pu amener l’Etat français et les élus à revoir leur copie en quatrième vitesse, du moins en ce qui concerne l’ébauche d’un dialogue avec les représentants du monde associatif. Il est cependant évident qu’avec le temps, les vieilles (mauvaises) habitudes tendent à reprendre le dessus, les « officiels » se mettant très vite à se comporter comme des autistes enfermés dans leur tour d’ivoire.


En fin de compte, on s’aperçoit, un an après le drame, que bien peu de leçons en ont été tirées par les instances dirigeantes. On se dirige même vers une négation des réalités qui aboutirait à un refus de prendre les dispositions techniques et législatives visant à éviter qu’une telle catastrophe puisse se reproduire dans l’avenir. Comme on le verra plus loin, il est plus important, pour l’Etat français, de protéger certains intérêts sectoriels que de faire éclater une vérité qui engagerait, en outre, sa responsabilité civile et financière.

(5) La présidence du CEPHES a dû faire face à de nombreuses tentatives de déstabilisation orchestrées par les pouvoirs publics et les lobbies industriels. On en trouvera l’exposé sur le site Internet du CEPHES (http://depris.cephes.free.fr). On y trouve notamment les articles du « Satiricon » toulousain et du « Canard Enchaîné » qui ont mis à jour certaines manœuvres crapuleuses orchestrées par EDF et le ministère de l’Industrie.

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Sur cette photo aérienne datant des environs de 1936, on peut voir que l’essentiel du pole chimique toulousain (zone Sud) est déjà en place mais que ce secteur est encore très peu urbanisé, si ce n’est les baraquements du quartier Bordelongue (en partie visibles dans le coin supérieur gauche). Les bâtiments de la poudrerie nationale sont bien visibles sur l’île du Ramier (lettre C pour la position de l’actuels poste de transformation électrique de la SNPE). L’un des bras de la Garonne ( D) sépare la poudrerie de l’ONIA (lettre B pour l’emplacement de l’unité de fabrication des engrais nitrés). La lettre A visualise l’emplacement où s’est développé le poste EDF de Lafourguette.


Ci-dessous, le cratère formé par l’explosion d’environ 100 tonnes de nitrate d’ammonium dans le hall de stockage 221. Au total, c’est environ 300 tonnes d’engrais qui se trouvaient stockés dans ce bâtiment.. Le cratère est de forme elliptique avec un axe principal orienté est-ouest. Il est relativement peu profond et son centre se situe à bonne distance du sas ou, selon la thèse officielle, des produits chlorés auraient été déversés par erreur.

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On savait, depuis la fin du XIXe siècle, que le nitrate d’ammonium avait des capacités explosives. Mais l’on savait aussi qu’en tant qu’explosif ce nitrate était très stable, tant au choc qu’à la flamme (6). Sauf conditions exceptionnelles, il ne pouvait pas exploser pendant le processus de fabrication. Et de fait, les accidents imputables à l’explosion de stocks d’engrais nitratés furent rarissimes dans l’histoire de la chimie industrielle. Mais ils furent dévastateurs car l’explosion de ces nitrates produit toujours un effet de souffle considérable. C’est cet effet de souffle qui est exploité par les bombes améri-caines « daisy cutter » (faucheuse de pâquerettes), des bombes au nitrate d’ammonium utilisées pour dégager les terrains en vue de l’atterrissage d’hélicoptères ou d’avions.


Les spécialistes de la chimie industrielle connaissent bien ces problèmes et, de tous temps, ils ont su prendre les mesures de sécurité nécessaires pour éviter les accidents.

Les hommes et les femmes qui travaillent dans le secteur de la chimie ne sont pas des candidats au suicide. Ils tiennent à leur vie et prennent, par conséquence, toutes les précautions qui s’imposent, surtout lorsqu’ils sont appelés à manipuler des produits très dangereux, comme ceux qui ont des capacités explosives. Et même si des questions de sécurité avaient été soulevées par le CHSCT d’AZF-Toulouse, peu avant la catastrophe du 21 septembre, l'unité de production d’engrais de Grande Paroisse n’avait rien d’une « usine poubelle ». Par contre, sa situation géographique, aux portes mêmes de la ville, était inadmissible. Cette usine aurait dû être délocalisée depuis fort longtemps déjà.

Le risque zéro n’existe nulle part. Et surtout pas dans les secteurs industriels les plus exposés aux accidents.


(6) Pendant la première guerre mondiale, les différents belligérants eurent massivement recours aux explosifs nitratés et notamment au nitrate d’ammonium, facile à produire et peu coûteux. On connaît notamment la poudre improprement nommée « nitrate d’ammoniaque » (ou « poudre au »), explosif composé de 80% de nitrate d’ammonium, de 5% de chlorate de potasse, de 5% de goudron de houille et de 10% de nitroglucose.

A plusieurs reprises, des dépôts furent bombardés et incendiés mais les nitrates n’explosèrent pas (voir aussi ce qui a été dit à propos de l’incendie de Nantes). La chaleur n’ayant pas atteint la température requise, ils fondirent au lieu d’exploser. Pour exploser spontanément, le nitrate d’ammonium doit être porté à une température d’au moins 1.150 °C. Si le nitrate d’ammonium était un explosif instable, des dizaines de fermes seraient détruites chaque année compte tenu des conditions de stockage, souvent déplorables, que l’on rencontre en milieu agricole.

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Sur cette page, et page suivante, trois photos prises à la grande époque de l’ONIA, dans le courant des années 50 (Photos de Yan)

En haut, une vue externe de l’unité de cracking de fuel.

En bas, l’un des silos de stockage des ammonitrates (nitrate d’ammonium) et du carbonate de chaux.

En haut de la page suivante, on voit l’intérieur de l’un de ces silos. Il pouvait contenir 20.000 tonnes de sulfate. Le hall 221, celui qui a explosé le 21 septembre 2001, était un silo de ce type. Lorsque survint l’accident fatal, il ne contenait qu’un peu plus de 300 tonnes d’ammonitrates déclassés pour cause de granulométrie (grains trop petits ou trop gros). Le tas principal mesurait moins de 2 mètres de haut pour un peu moins de 20 mètres de long et quelques mètres de large (et non quatre mètres de haut comme le prétendent les experts « officiels »).

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Dans le domaine de la fabrication des engrais, plusieurs accidents graves ont été recensés depuis le début du XXe siècle. Ils ont généralement pu être expliqués de façon satisfaisante. L’un des plus graves, survenu à Texas-City en 1947, avait fait 532 victimes. Il avait résulté de l’explosion d’un bateau chargé de nitrate d’ammonium qui se trouvait à quai au moment de la catastrophe. Tout porte à croire qu’un court-circuit s’était produit dans la cale du navire, provoquant l’étincelle qui a déclenché l’explosion proprement dite (7).


(7) Les principaux accidents survenus dans des usines fabriquant du nitrate d’ammonium sont ceux d’Oppau (Allemagne), le 21 septembre 1921 ; de Tessenderlo (Belgique) en 1942 et de Texas-City (USA) en 1947. Ils ont fait plusieurs centaines de victimes (200 à 561).

Dans le domaine des poudres et explosifs, des accidents encore bien plus meurtriers ont fait des milliers de morts. En 1794, l’explosion d’une usine fabriquant de la poudre à canon avait déjà fait plus de 1.000 morts à Paris. En 1917, à Halifax (Canada), un transport de Lyddite avait explosé en faisant plus de 2.000 morts.  En 1956, on recensa à nouveau plus de 1200 tués lors de l’explosion d’un convoi de dynamite dans une agglomération colombienne (Cali). La plus grande catastrophe imputable à l’industrie chimique demeure cependant celle de Bhopâl (Inde – 1984) qui tua plus de 7.000 hommes, femmes et enfants.

Le risque est inhérent à l’industrie chimique mais aussi et surtout au transport des produits chimiques, d’où la nécessité de reconsidérer la localisation de certaines industries et les modalités de transport de tous les produits dangereux. Quant à la suppression pure et simple de l’industrie chimique – dont rêvent certains « écolos » - elle relève de l’utopie.

Cet exemple m’amène à aborder ce qui constitue, en quelque sorte, le nœud gordien du dossier AZF.

En effet, si l’hypothèse purement chimique demeure la seule qui soit prise en compte par les « autorités officielles », il en existe une autre qui a été évoquée en diverses occasions et qui est défendue, à la fois par quelques rares journalistes et par un organisme indépendant, le Comité Européen pour la Protection, de l’Habitat, de l’Environnement et de la Santé (CEPHES). Et c’est là que nous retrouvons Daniel DEPRIS, cet ancien militant des « verts » de Haute-Garonne (il fut membre du Comité Politique Régional des Verts de Midi-Pyrénées et membre de la commission « santé » de ce parti au niveau national).


Daniel Depris est belge, bien que sa famille soit originaire d’une région du pays d’Entre-Sambre-et-Meuse qui fut française pendant près de deux siècles avant d’être arbitrairement rattachée au royaume des Pays-Bas (en 1815). Il réside en France depuis 1987.

Fondateur, en 1980, de l’Association pour l’Utilisation Rationnelle des Ondes Radio-Electriques (A.U.R.O.R.E.) et du CEPHES en 1986, c’est un spécialiste mondialement connu des problématiques liées aux nuisances physiques de l’environnement. C’est surtout un spécialiste des pollutions imputables aux phénomènes électriques, magnétiques, électromagnétiques et acoustiques. On lui doit de nombreux rapports, une loi-cadre adoptée en juillet 1985 par le parlement belge, trois plaintes déposées auprès des instances européennes et plusieurs livres traitant des pollutions électromagnétiques, des infrasons et des réseaux électriques souterrains, immergés et sous-marins (8).

Daniel Depris est incontestablement l’un des experts parmi les plus qualifiés dans son domaine d’activités, un expert que Claude Gueneau, grand reporter au service « Economie et Social » de France Télévision (France 3 national), n’hésitera pas à qualifier de « bête noire d’EDF » (émission spéciale de décembre 2000 sur les suites des tempêtes de décembre 1999).


(8) Voir la liste des ouvrages de Daniel Depris sur le site Internet du CEPHES : http://depris.cephes.free.fr. Bien que n’ayant été installé qu’en avril 2002, ce site très bien conçu et richement documenté est visité par un grand nombre d’internautes. C’est une référence incontournable en ce qui concerne les nuisances physiques de l’environnement.

Son franc-parler est légendaire, ce qui n’incite guère les gens de télévision à faire appel à lui, surtout en direct. Du moins en France car aux Antilles, le 30 mars 1999, une chaîne de Fort-de-France lui a permis de s’exprimer librement, sans aucune censure, pendant 65 minutes. Plus d’une heure d’interview. Inimaginable en France métropolitaine !

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Conférence de presse à Fort-de-France en mars 1999. Aux côtés de Daniel DEPRIS, Paul-Henri CHARTOL, l’un des dirigeants de l’Assaupamar (ASsociation pour la SAUvegarde du Patrimoine MARtiniquais). En 1996, le président du CEPHES avait été consulté par l’Assaupamar à propos de l’implantation d’un radar d’aviation sur le territoire de la commune de Rivière-Pilote. Par la suite, il devint l’expert de citoyens martiniquais qui ont engagé une procédure à l’encontre d’EDF et des autorités préfectorales.


C’est le seul expert à la fois compétent et authentiquement indépendant que l’on puisse trouver en Europe en ce qui concerne les phénomènes électriques, magnétiques, électro-magnétiques et acoustiques. Ses adversaires le savent et s’arrangent pour qu’il ne puisse pas s’exprimer trop fréquemment par le canal des grands médias et de la grande presse que contrôlent les puissants groupes industriels et financiers. Mais cela ne l’a jamais vraiment empêché de s’exprimer car il est passé maître dans l’art de contourner les obstacles et de déjouer les pièges.

Or, il se fait que, depuis 1990, la présidence européenne et le département des archives du CEPHES sont installés… à Toulouse ! Et le 21 septembre 2001, Daniel Depris est dans son bureau, au premier étage d’un petit bâtiment où étaient jadis installés les bureaux d’étude des usines Bréguet, juste derrière le vieil aérodrome de Toulouse-Montaudran. Comme d’habitude, il travaille fenêtres ouvertes.

Sur le coup de dix heures vingt, il entend une première explosion, une sorte de claquement sec qui ressemble à celui que peut faire un pneu lorsqu’il éclate. Il en est encore à se demander d’où provient cette curieuse détonation lorsque survient une déflagration beaucoup plus puissante et d’une toute autre sonorité, une déflagration qui secoue tout le quartier mais sans faire de dégâts importants. Entre le site de Montaudran et l’usine AZF, une colline à amorti l’onde de choc.

Mise à jour du 1er février 2003
Ecouter les DEUX explosions
ecouter
Enregistrement du vendredi 21 septembre 2001
sur l’aérodrome de Toulouse-Montaudran
situé à quelques centaines de mètres du bureau de Daniel Depris

(.mp3 - 20 sec. - 41 Ko)
 
Source : http://www.valeursactuelles.com/azf/azf.php
(au format .wav - 20 sec. - 163 Ko)

Comme tout le monde, Daniel Depris pense aussitôt à un attentat puisque nous ne sommes que dix jours seulement après la destruction, des tours jumelles de Manhattan par les « fous d’Allah » d’Ussama bin Laden. Il allume immédiatement la radio et la télévision et il entend effectivement parler de deux explosions qui auraient été provoquées par deux bombes différentes. Puis, assez rapidement, il apprend que c’est l’usine AZF qui a été détruite par une explosion dévastatrice.

Connaissant la topographie des lieux, il prend aussitôt les premières mesures de sécurité. Il referme ses fenêtres ainsi que les portes du bâtiment. Il sort aussi son masque à gaz du tiroir où il est rangé. C’est un vieux modèle de la seconde guerre mondiale qui lui sert habituellement à se préserver des gaz lacrymogènes. Mais il est parfaitement valable pour se protéger d’une éventuelle fuite de phosgène. Dans la zone d’activités où il travaille (avec des centaines d’autres personnes), il est sans doute le seul à être ainsi équipé.


Au début de l’après-midi, le « credo officiel » commence à être distillé par les médias. Alors même qu’aucune enquête n’a encore pu être menée, le parquet de Toulouse et la préfecture parlent d’un « accident » ayant provoqué une seule et unique explosion. Et pourtant, des milliers de personnes ont bien perçu deux explosions distinctes, y compris le président du CEPHES qui est expert en la matière et qui plus est, à entamé sa carrière professionnelle comme métrologiste dans une usine d’armes fabriquant elle-même ses poudres et explosifs.

Daniel Depris est catégorique : les deux explosions étaient bien des phénomènes acoustiques transmis par l’air.



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Très vite, les grands éditeurs de presse de Toulouse vont se faire les complices actifs de la manœuvre de désinformation orchestrée par les pouvoirs publics et les experts désignés par lesdits pouvoirs publics. Ci-dessus, un dessin extrait d’un magazine édité et vendu par les éditions Milan au profit des sinistrés (octobre 2001). Il accrédite la thèse selon laquelle la « seconde explosion » n’aurait été que la manifestation de l’onde « sismique » transmise par le sol.

Les très nombreux témoignages dignes de foi vont à l’encontre de cette thèse qui vise uniquement à laisser croire qu’il n’y a eu qu’une seule explosion.

On notera cependant que le texte qui accompagne ce dessin précise que : « ...Pour un observateur basé non loin du point d’impact, le sol a tremblé, produisant un grondement sourd annonciateur du drame. C’est l’onde sismique plus rapide… ».

C’est effectivement ce qui s’est passé dans certains quartiers proches de l’usine AZF. Les personnes qui ont perçu l’onde sismique ont senti trembler le sol ou le bâtiment dans lequel ils se trouvaient ainsi que le grondement sourd accompagnant ce phénomène physique. Mais à plus grande distance, les témoins ont parfaitement entendu deux phénomènes sonores qui n’avaient rien d’un « grondement sourd » et qui, dans tous les cas, étaient séparés par un même espace de temps. Il s’agissait donc bel et bien de la manifestation acoustique de deux explosions distinctes.

Et elles se sont succédées à très brève intervalle, sans doute moins de quatre secondes. Il n’a, par contre, aucunement ressenti les effets d’une transmission sismique, laquelle aurait dû précéder l’explosion d’environ 8 à 10 secondes (compte tenu de la distance séparant Montaudran d’AZF).

Quand on lui parle de la «thèse sismique» visant à expliquer la première explosion, il répond que c’est de la manipulation pure et simple. Il sera donc parmi les premiers à rejeter la thèse officielle, celle qui conteste qu’il y ait eu deux explosions, celle qui sera reprise par la « Dépêche du Midi » C’est ce qu’il dira lors d’une réunion du collectif « Plus jamais ça », un mois après la catastrophe. Il ne veut toutefois pas en rester là. Il veut savoir ce qui s’est réellement passé afin que toutes les leçons nécessaires puissent être tirées du drame du 21 septembre. Lors d’une manifestation, en octobre, il discute longuement avec une délégation de syndicalistes CGT d’AZF.


Etant lui-même un ancien dirigeant syndical, Daniel Depris est à même de se mettre à la place des représentants du d’AZF, de les écouter et d’analyser leurs propos. Il est écologiste mais il n’a rien d’un ayatollah de l’écologie. Il n’a rien d’un « intégriste vert » et il a quitté le part écologiste français en septembre 1997, après avoir éventé le « pacte secret de gouvernement » passé entre D. Voynet et C. Pierret (le 2 septembre 1997 au château de Champ-sur-Marne). Expert dûment agréé par les « verts », de 1992 jusqu’en août 1997, il sera dénigré par ses anciens camarades qui lui reprochent de ne pas avoir adhéré à la « gauche plurielle » et de s’être opposé ouvertement à la politique menée par le gouvernement Jospin. Les «verts » iront même jusqu’à tenter de nuire à sa réputation en collaborant à une opération de diffamation organisée par le ministère de l’Industrie avec le concours d’EDF et de la DRIRE. Cette opération crapuleuse a été mise à jour par un journaliste toulousain (Eric Dourel) et dénoncée dans les colonnes du « Satiricon » et du « Canard Enchaîné » (24 mai 2000, voir le site Internet du CEPHES).

Daniel Depris est un vieux routier de la politique active. Il n’avait que treize ans et demi lorsqu’il fut élu vice-président d’une section des jeunesses syndicales de la FGTB (syndicat socialiste belge). A seize ans, il représente sa section locale dans les congrès nationaux du parti socialiste et à vingt ans, il est nommé secrétaire fédéral de la Mutualité des Jeunes Travailleurs. Ce qui fait de lui le plus jeune cadre dirigeant de la mutualité socialiste belge. Il est notamment chargé de la propagande et de la formation des cadres, fonction où il excelle par ses capacités à enseigner l’analyse et la synthèse selon les règles de la dialectique matérialiste. Car ce socialiste est un adapte de la méthode trotskyste. Il n’est pas communiste, encore moins trotskyste (au sens habituel du terme) mais il considère que la méthodologie définie par Léon Bronstein (Trotsky) est la plus efficace de toutes celles qui ont pour but de mettre en œuvre les idéaux socialistes de base. Il enseigne notamment que l’on ne peut combattre un adversaire de façon efficace qu’en le connaissant parfaitement. Il dira même : « Nos adversaires, nous devons les connaître mieux qu’ils ne se connaissent eux-mêmes ».

C’est pour cette raison que cet anti-militariste convaincu (il fut membre du mouvement du « fusil brisé » des Jeunes Gardes Socialistes) choisira d’entamer sa carrière professionnelle dans le domaine de l’armement. Et c’est pour la même raison qu’il ne refusera pas de faire son service militaire (comme beaucoup d’anti-militaristes de l’époque) mais que, bien au contraire, il se comportera en soldat très zélé qui sera versé (en 1965) dans l’administration de l’une des unités les plus « sensibles » de la Force aérienne belge, une unité dotée de missiles à ogives nucléaires. Il profitera de cette affectation pour s’initier aux subtilités de la « radioprotection » (protection contre les rayonnements et notamment contre les radiofréquences et les hyperfréquences) et suivre une formation complémentaire d’opérateur-radar (il sera breveté sur système Nike). C’est ce qui, par la suite, déterminera sa carrière et fera de lui le meilleur spécialiste de la lutte contre les nuisances physiques de l’environnement ainsi que l’un des très rares spécialistes des armes électromagnétiques (voir son dernier ouvrage intitulé « Les ondes de la mort »).


Pour Daniel Depris, il devient très vite évident que le dossier AZF prend une tournure malsaine. Son métier de consultant et d’expert l’a mis en contact, depuis plus de 20 ans, avec tous les organismes officiels et avec de nombreuses entreprises publiques ou privées. Il sait de quoi les « lobbies » sont capables lorsqu’il s’agit d’occulter la vérité afin de préserver certains intérêts sectoriels ou personnels. Il sait aussi que dans une telle affaire, il ne faut pas s’attendre à de la transparence de la part des pouvoirs publics. Bien au contraire.

Quand on lui demande s’il s’agit là d’un « complot », il répond : « Pour qu’il y ait complot au sens strict du terme, il faut que plusieurs parties se soient concertées en vue d’étouffer une vérité ou d’organiser une action quelconque. Or, dans le cas du dossier AZF, il est clair que, dès les premières heures, des instructions sont « venues d’en haut » pour que certaines informations ne soient pas rendues publiques. Il y a donc eu concertation entre les différentes instances concernées, la police nationale, les dirigeants de certaines entreprises et même avec les services de secours. Par la suite, on a composé la commission d’enquête - du moins la commission dite « officielle » - avec des experts connus pour leur aptitude à obéir aux ordres et à fermer leur g…. ! On se trouve donc dans un cas de figure qui constitue bel et bien un « complot ». Ce complot a été facilité par le fait que la grande presse d’investigation, ainsi que les médias radiotélévisuels – se sont bien vite désintéressés de l’affaire. Sans doute à cause des plaintes qui ont été déposées à l’encontre du « Figaro » et de « Valeurs Actuelles » mais sans doute aussi parce que des pressions ont été exercées sur les directions et sur les journalistes. Comme le faisait remarquer Thierry Deransart dans l’un de ses articles, la plupart des journalistes ont laissé tomber ce dossier, en partie parce qu’ils n’avaient pas assez de compétence pour s’y retrouver mais surtout parce que cette affaire était « source d’emmerdements ». Quant aux principaux journaux toulousains, ils se sont comportés en parfaits « collabos », ce qui n’étonnera pas grand monde, l’un d’entre eux étant notoirement coutumier du fait.

Je ne suis pas paranoïaque et je n’ai pas vraiment pour habitude de voir des complots partout, comme certains Français qui créent des sites Internet délirants. Mais je sais, par expérience, que l’Etat n’hésite jamais à comploter lorsque ses intérêts – ou ceux des grands groupes économiques – sont menacés. Et c’est bien le cas en ce qui concerne la catastrophe du 21 septembre. Oui, j’ai l’intime conviction que nous nous trouvons en présence d’un complot d’Etat… »


Au tout début de 2002, Daniel Depris reprend donc contact avec les syndicalistes CGT de la Grande Paroisse. Avec eux, il examinera plusieurs fois le site dévasté car rien ne vaut une visite « in situ ». Avec eux, il étudie les témoignages qui semblent indiquer qu’un phénomène physique a précédé l’explosion du hall 221, celui où se trouvait entreposé le nitrate d’ammonium déclassé, un produit stocké en vrac avant d’être transféré par camions sur le site de Fenouillet (au nord de Toulouse) où il était transformé en engrais composés.

Ce qu’il voit, ce qu’il entend va le convaincre du fait que l’hypothèse purement chimique ne tient pas debout. Il connaît les engrais nitratés et les principaux explosifs. Il les a manipulés à titre professionnel. Il avoue même avoir fait des blagues à ses collègues de travail en mettant un peu de poudre propulsive (non explosive) dans le fond des cendriers. « Nous savions ce que nous faisions…nous n’avons jamais blessé personne…J’ai été moi-même la victime de ce genre de blague quand j’ai commencé à travailler… on avait le droit de rigoler un peu, pas de prendre des risques… » s’empresse-t-il d’ajouter.

Il sait que le nitrate d’ammonium ne peut pas exploser spontanément à basse température. Il rejette donc les « hypothèses d’école » qui ont été avancées par une poignée de « doctes professeurs de chimie » qui sont venus au secours des autorités pour tenter de démontrer, formules à l’appui, que le nitrate s’est volatilisé tout seul dans son hall de stockage. Il dira notamment : « Il est toujours facile de faire de savantes démonstrations sur un tableau noir. Mais dans la réalité, les choses ne se passent pas nécessairement comme au tableau. Pour faire exploser du nitrate à basse température, c’est-à-dire aux environs de 200°C, il faudrait réunir et contrôler toute une série de paramètres, ce qui n’est possible que dans un laboratoire. Et le hall 221 n’était pas un laboratoire… ». La suite des évènements lui donnera raison puisque ces hypothèses seront finalement abandonnées, tout comme quelques autres toutes aussi farfelues.


Daniel Depris est convaincu que le nitrate n’a pu exploser que s’il a été soumis à une très température, soit une température supérieure à 1.150° Celsius. A cette température, la molécule solide de nitrate d’ammonium (NO3 NH4 ) se dissocie en deux molécules gazeuses, NO3 (oxyde d’azote) et NH3 (gaz ammoniac) avec libération d’un atome d’hydrogène et d’une certaine quantité d’énergie. C’est le processus de « gazéification » qui est à l’origine de la déflagration destructrice, de l’effet de souffle qui est typique des explosions due au nitrate d’ammonium (effet utilisé par les bombes américaines « daisy cutter »).

Reste à comprendre ce qui a pu amener un tas d’engrais - stocké dans des conditions parfaitement normales - à une température aussi élevée. C’est alors qu’il repense aux témoignages selon lesquels plusieurs employés de l’usine AZF ont été victimes de chocs électriques juste avant que l’usine ne se volatilise. Ces témoignages sont incontestables. Ils ont été dûment consignés par le service médical de l’entreprise et l’un des ces employés souffre encore de séquelles un an après les faits, ce qui démontre la gravité de l’électrisation.

Pour le président du CEPHES, une électrisation de cette importance ne peut avoir qu’une seule origine : une augmen-tation considérable du potentiel électrique de la terre avec, pour conséquence, la mise à ce même potentiel de toutes les structures métalliques elles-mêmes en contact avec la terre, comme les armatures des bâtiments en béton armé ou les rails de chemin de fer (entr’autres). Pour un spécialiste des phénomènes électriques, il n’y a là aucun mystère, ce type d’accident résulte le plus souvent de la mise à la terre accidentelle d’une phase d’un réseau électrique. Il est commenté dans de nombreux ouvrages destiné à la formation des ingénieurs en électrotechnique.


C’est à peu près au moment où il parvient à cette conclusion logique qu’il est contacté par un certain Arnaudiès, un ancien professeur de mathématique qui estime, lui aussi, qu’il y a bien eu deux explosions distinctes. Pour Arnaudiès, la première explosion ne peut avoir eu lieu que dans l’enceinte de la SNPE.

C’est donc vers le mois de janvier 2002 que le scénario-catastrophe le plus plausible commence à se dessiner, lentement mais sûrement.

Daniel Depris retourne sur le site et constate, de visu, que le hall 221 se trouve exactement sur une ligne droite qui relie le poste électrique de la SNPE au poste EDF dit « de Lafourguette ».


La SNPE, bien que disposant d’une unité de co-génération (2 turbines à gaz de 5 MW chacune) qui lui permet de produire à la fois de l’électricité et de la vapeur (qu’elle revend en partie aux entreprises voisines), est reliée au poste EDF par une liaison souterraine de type HTB/63 kV. Or, au moment où la catastrophe va se produire, l’unité de co-génération est en phase de maintenance (depuis avril 2001 selon la SNPE) et c’est EDF qui approvisionne le poste-client de la SNPE, celui qui permet de transformer le 63.000 V en courant à moyenne tension (20 kV) et basse tension (380 et 220 V).


Peu à peu, on va apprendre que des témoins dignes de foi ont vu des « éclairs » ou des « flash » au niveau des voies de chemin de fer et des structures métalliques, toujours avant l’explosion principale. On trouve même mention de ce phénomène dans le numéro « hors série » du bulletin interne de la SEMVAT, l’entreprise qui gère les transports publics toulousains et dont un dépôt se situe juste en face de l’usine AZF. Dans ce bulletin de novembre 2001, on peut notamment lire la déclaration d’un agent qui dit « Mon bureau se trouvait à l’intérieur du dépôt de Langlade, au-dessus du stockage des pneus. J’ai aperçu un éclair et j’ai ressenti deux explosions… ». Et la plupart des agents de la SMEVAT parlent de deux explosions séparées de quelques secondes !

Quant aux témoins qui ont vu les éclairs depuis la rocade (donc avec une vue plongeante sur AZF), certains d’entre eux se souviennent parfaitement d’avoir remarqué qu’ils suivaient les rails dans une direction parallèle à la rocade, donc Est-Ouest : la direction de la ligne fictive qui relie le poste électrique de la SNPE à celui d’EDF !


Il ne faut pas être grand clerc pour deviner que ces « éclairs » étaient, en fait, des arcs électriques survenant entre des pièces métalliques chargées à un très haut potentiel à la suite de la mise à la terre d’une phase d’un réseau électrique à haute tension. D’autant que ces témoignages concordent parfaitement avec ceux des travailleurs d’AZF qui avaient été victimes d’électrisation ainsi qu’avec d’autres témoignages qui parlent de coupures électriques, téléphoniques ou informa-tiques, toujours avant les explosions. Le puzzle commence à prendre forme !

Cependant, la commission d’enquête officielle ne veut rien entendre. Elle ignore superbement tous les témoignages qui ne concordent pas avec la version pré-établie dès le départ, une version dont nous verrons qu’elle a pour but final d’innocenter coûte que coûte la SNPE.

Les experts officiels seront même aidés dans leur mission de désinformation par une poignée d’écologistes à la petite semaine qui vont se mêler, selon leur habitude, de ce qu’ils ne connaissent pas. En effet, des (ir)responsables de l’asso-ciation « Robin des Bois » - qui ont vaguement entendu parler d’un possible accident électrique - vont répandre des rumeurs selon lesquelles un arc se serait produit entre la liaison souterraine et une ligne électrique aérienne qui lui est à peu près parallèle.

C’est complètement idiot (et parfaitement impossible) mais les experts payés par l’Etat vont se servir de ces radotages imbéciles pour affirmer que l’ « hypothèse électrique » n’est due qu’à l’imagination fantaisiste des « écolos ». Il vont notamment déclarer que pour que cette hypothèse soit vraie, il aurait été nécessaire de mettre en œuvre des tensions électriques de l’ordre du gigavolt ! C’est vrai si l’on s’en tient aux loufoqueries de « Robin des Bois » et consorts. Mais c’est absolument faux pour l’hypothèse véritable, celle qui est en train de se préciser, tant au niveau du CEPHES qu’au sein de la rédaction de l’hebdomadaire « Valeurs Actuelles ».

Une fois encore, l’intervention imbécile d’une poignée d’incom-pétents a apporté de l’eau au moulin des désinformateurs professionnels.


C’est ici que la gauche (la vraie, pas la « gauche plurielle » aux méthodes si « singulières ») et la droite vont se rencontrer.

Daniel Depris est à gauche, personne ne le contestera même si, dans son travail d’expert, il ne fait jamais état de ses opinions politiques. « Valeurs Actuelles », périodique contrôlé par le groupe Dassault, est un journal très à droite. Et c’est parce qu’elle est de droite que la rédaction de ce périodique va commencer par se fourvoyer. Comme celle du « Figaro » (qui n’est pas, non plus, un journal de gauche), la première hypothèse qu’elle développe dans ses articles va se fonder sur une vague « note blanche » des Renseignements Généraux de la Police nationale. Il s’agit d’un rapport anonyme (comme toutes les notes dites « blanches » des RG) qui évoque la possibilité d’un acte terroriste commis par un ouvrier tunisien présumé proche des milieux islamistes.

C’est une hypothèse séduisante - et presque « logique » - en ce mois de septembre 2001, quelques jours seulement après les attentats commis aux Etats-Unis par les terroristes du groupe « el Qaïda ». Elle va cependant s’avérer fausse par la suite, ce qui aboutira à la condamnation des deux organes de presse incriminés.

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Ci-dessus, vue générale du site chimique toulousain dit «Grande Paroisse » avant la catastrophe du 21 septembre 2002 (photo Atofina). La partie de l’usine qui a explosé (zone de production et de stockage des ammonitrates) est indi-quée par la bombe rouge. A droite et en haut du cliché, on voit les installations de la SNPE. Elles sont implantées sur une petite île (île du Ramier) que les bras de la Garonne séparent des autres sites et de la berge. La distance qui sépare la SNPE d’AZF est cependant très faible. On remarque aussi la passerelle métallique qui enjambe la Garonne. Elle supporte une canalisation de transport de vapeur et une autre, plus petite, qui servait à transporter le gaz phosgène vers les unités de production de Tolochimie et d’Isochimie.


Ils seront accusés de « diffusion de fausses nouvelles », chose pour le moins étonnante dans un pays où le délit de diffamation n’est pratiquement jamais poursuivi par les parquets ! (9)


(9) C’est ainsi que les plaintes déposées par Daniel Depris n’ont jamais été prises en compte alors même que les faits étaient établis et avérés. Une plainte de 1995 (à l’encontre de plusieurs cadres d’EDF) a été éconduite sous prétexte que les propos diffamatoires avaient été tenus dans un cadre privé (pour la parquet de Toulouse, une réunion de 30 personnes dans une salle du Conseil régional de Midi-Pyrénées » est une « réunion privée » !). Une autre, en 2001, a été rejetée parce que  « …en matière de diffamation, le parquet ne prend pas, sauf cas exceptionnel, l’initiative des poursuites. ». Là au moins, c’est clair : le ministère public se fiche éperdument du fait que des fonctionnaires en exercice puissent se rendre coupable d’actes de diffamation dans l’exercice de leurs fonctions. C’est ce que confirmait Me Henri Leclerc dans une lettre qu’il avait adressée à D. Depris, le 21 septembre 2001, le jour même de la catastrophe d’AZF.

A partir de ce moment-là, la rédaction de « Valeurs Actuelles » va se trouver discréditée auprès des Toulousains. Et lorsque l’un de ses journalistes (Thierry Deransart, rédacteur-adjoint), va évoquer la « piste électrique », on ne le prendra pas au sérieux.

C’est un tort car, depuis sa bévue de départ, la rédaction de « Valeurs Actuelles » a dû redoubler de prudence. Elle n’a plus droit à l’erreur et elle ne peut plus se permettre d’affronter un second procès. C’est en tous cas l’opinion de D. Depris. Il prend très au sérieux les informations qui ont été recueillies par Deransart, il les analyse, il les recoupe avec les siennes. A quelques petits détails près, son hypothèse s’accorde avec celle de l’hebdomadaire parisien, lequel a pu obtenir des précisions concernant l’incident électrique qui a pu être à l’origine de la monté en potentiel de la terre entre les deux postes électriques.

Dans son édition du 1er février 2002, on trouve des révélations intéressantes qui démontrent qu’EDF et RTE (qui gère le réseau de transport HTB) a bel et bien enregistré un incident sur la liaison « Ramier-Lafourguette », celle qui relie le poste SNPE (Ramier) au poste EDF-RTE (transformateur TR 311). Il est clair que l’incident électrique initial a eu lieu une dizaine de secondes avant la déflagration, laquelle a provoqué un second incident sur le réseau en projetant des débris sur une ligne aérienne.

Le scénario se précise de plus en plus. En ce début de février 2002 - un peu plus de trois mois après la catastrophe - on sait qu’un incident électrique, dûment constaté par EDF-RTE, a été à l’origine d’une montée en potentiel de la terre, ce qui a provoqué les phénomènes (éclairs) vus par différents témoins qui n’avaient eu aucun contact entre eux et ne se connaissaient pas.


Pour Daniel Depris, les choses sont devenues claires, presque limpides. Il calcule qu’un incident de type « phase-terre » (mise à la terre accidentelle d’une phase d’un réseau triphasé) aurait été de nature à générer un courant de défaut très intense, sans doute plus de 5.000 volts et plusieurs milliers d’ampères (entre 5.000 et 10.000 A selon le délai de réaction des disjoncteurs).

Un tel courant de défaut, bien que de très courte durée, est suffisant pour transformer des quantités d’éléments métal-liques en de véritables condensateurs. Et il suffit que ces pièces métalliques soient assez proches l’une de l’autre pour que ces condensateurs se déchargent en générant un arc électrique. Ce sont les « éclairs » qui ont été aperçus par les témoins.


Dans une lettre de six pages qu’il adresse le 25 janvier 2002 aux syndicalistes d’AZF et à la presse (qui n’en fera jamais mention), Daniel Depris commence à développer son hypothèse de travail. Le 5 février, tenant compte des informations complémentaires figurant dans l’article de « Valeurs Actuelles », il rédige une note de synthèse où il affine un peu, plus son argumentation. Ces documents seront encore complétés par la suite, notamment dans le cadre de plusieurs communiqués de presse diffusés sur le site Internet du CEPHES. On peut en prendre connaissance à la fin du présent volume où ils figurent en tant qu’annexes.

Plus il avance dans son travail d’analyse et plus le président du CEPHES est convaincu qu’il est sur la bonne piste. Il a reconsidéré toutes les données physico-chimiques et son hypothèse tient parfaitement la route. Elle est même la plus cohérente parmi toutes celles qui ont été avancées. Car elle concilie les données purement techniques et scientifiques avec les faits observés « in situ » (comme certaines traces suspectes visibles sur des photos prises par hélicoptère) et de nombreux témoignages.


Sous la SNPE et sous AZF, le sol est extrêmement conducteur. Il l’est à cause du bras de la Garonne qui sépare les deux usines et qui rend le sol très humide. Mais il l’est aussi à cause des quantités énormes de nitrate d’ammonium qui se sont dissoutes dans le sol depuis 1923. Or, les nitrates, comme d’autres sels chimiques, rendent le sol plus conducteur qu’il ne l’est naturellement. Du coup, c’est presqu’un conducteur électrique parfait, très peu résistant, qui relie la SNPE à AZF.

Il faut aussi savoir qu’en cas de mise à la terre d’une phase, le courant de défaut aura naturellement tendance à retourner vers son point d’origine (le transformateur EDF) par le chemin le plus court et offrant la moindre résistance. C’est ainsi qu’un courant de défaut partant du poste SNPE (Ramier) passera inévitablement sous l’unité de production de nitrates de la SNPE. Il suffit de regarder les photos aériennes et les cartes pour s’en convaincre.

Compte tenu de la faible distance séparant le poste SNPE du hall 221 d’AZF, Daniel Depris estime que la montée en potentiel pouvait atteindre ou dépasser les 6.000 volts (6 kV) au niveau du hall de stockage des nitrates en vrac. Pour une telle différence de potentiel, des arcs peuvent se produire entre des éléments métalliques suffisamment rapprochés. Et comme la chaleur dégagée par un arc peut dépasser aisément les 5.000°C, on se retrouve dans une situation où le nitrate d’ammonium ainsi surchauffé localement peut commencer à se décomposer, les gaz à très haute température transmettant leur chaleur à la masse d’engrais stockée dans le hall.

En très peu de temps, ce processus physico-chimique a pu produire une quantité d’hydrogène suffisante pour entraîner la déflagration destructrice en se mélangeant avec l’oxygène de l’air ambiant dans des proportions bien connues des experts (entre 3,6 et 66,6 grammes d’hydrogène par mètre-cube d’air), d’autant que ce mélange gazeux exige peu d’énergie pour amorcer l’explosion (dix fois moins que pour l’essence et cent fois moins que pour des poussières de magnésium).

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Sur cet extrait du plan général de l’usine AZF (partie Nord du site), on voit comment se situe le hall 221 par rapport à l’axe de propagation d’un courant de défaut qui se propagerait du poste « Ramier » (SNPE) vers le poste EDF de Lafourguette. Cet axe passe très précisément sous l’unité de production et de stockage des nitrates. C’est le long de cet axe que l’on trouvera les tensions et les intensités maximales, lesquelles seront d’autant plus importantes que le sol est extrêmement conducteur en cet endroit.


Lors de réunions ultérieures avec les syndicalistes CGT d’AZF, le président du CEPHES a pu avoir confirmation du fait que la dalle en béton armé du hall 221 était fissurée, plusieurs trous ayant été comblés avec du nitrate compacté. On peut donc en conclure que des morceaux de fer à béton pouvaient parfaitement émerger dans les tas d’engrais en vrac tout en étant en contact avec le sol.

Lors de la montée en potentiel, ces aspérités métalliques se seraient comportées comme des électrodes entre lesquelles les étincelles auraient été produites avec une relative facilité puisque nous savons que le nitrate d’ammonium est un bon conducteur de l’électricité (il l’est encore plus quand il est humide).(7)

C’est le scénario le plus vraisemblable. Il explique pourquoi la déflagration principale a eu lieu dans un tas d’engrais qui était éloigné du sas et pourquoi la totalité du tas n’a pas explosé.


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Sur ce dessin, Daniel Depris a tenté d’expliquer ce qui a pu se passer au niveau de la dalle du hall 221. Ancienne et constamment rafistolée, cette dalle comportait des fissures qui avaient été comblées par du nitrate. Ces fissures mettaient très vraisemblablement les fers à béton en contact avec le nitrate et avec la terre. A, B, C et D, donnent des exemples de fissures. En cas de propagation d’un fort courant de défaut par la terre, les ferrailles ont pu se trouver chargées électriquement. Dans le cas de B et C (exemples), on voit comment le courant électrique a pu se propager dans le tas de nitrate d’ammonium en vrac et y produire des étincelles. Ce sont ces étincelles (arcs électriques) qui auraient, par leur température très élevée, été à l’origine du processus explosif.



(7) Lorsque l’on considère l’air atmosphérique, qui est un isolant imparfait, on peut déjà obtenir des « amorçages » (arcs électriques) à des distances comprises entre 50 cm et un mètre pour des différences de potentiel (voltages) de l’ordre de 5 à 10 kV et en fonction de la nature des conducteurs. Si les conducteurs chargés ne sont pas séparés par de l’air mais par un corps beaucoup plus conducteur (comme certains produits chimiques), il faut reconsidérer les calculs dans le sens d’une majoration des distances maximales pour lesquelles des arcs puissent se produire à une valeur déterminée de potentiel électrique. On devra souvent procéder à des essais en laboratoire pour confirmer ou infirmer les valeurs qui peuvent être établies théoriquement.

En effet, on estime que l’explosion a été provoquée par seulement un tiers (env. 100 tonnes) de la masse entreposée à cet endroit.


Bien que tragique, ce scénario est simple et bien connu des experts en électrotechnique. C’est ce que Daniel Depris a rappelé dans plusieurs de ses rapports et de ses communiqués. Il a aussi indiqué que la catastrophe aurait pu être évitée si les installations électriques concernées avaient été dotées de systèmes de protection, en l’occurrence des « inductances de compensation » ou « bobines de Petersen » (voir annexes). Mais en France, ces bobines sont très rarement utilisées, surtout en haute et très haute tension.


Chez EDF, on considère qu’elles ne sont pas strictement indispensables, qu’elles compliquent les réseaux et surtout… qu’elles coûtent trop cher. C’est la politique habituelle des « économies de bouts de chandelle », une politique inadmissible de la part d’une entreprise qui a, selon Daniel Depris, dilapidé des centaines de milliards de francs français depuis sa fondation, en 1948. Et bien entendu, les industriels qui sont propriétaires de leur propre poste de transformation (poste-client) ont calqué leur attitude sur celle d’EDF. Les économies d’abord, la sécurité ensuite !

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Extrait d’une notice technique et commerciale de la Sté française TRANSFIX. Elle montre une inductance de compensation (IC ou « bobine de Petersen ») pour réseau électrique HTA (- de 50.000 V). Un matériel du même type existe pour les réseaux HTB (+ de 50.000 volts). On peut lire les principaux avantages de ce matériel que l’on installe à proximité du poste-source afin de travailler en régime de neutre compensé. Ce matériel maintient les surtensions et les surintensités dans des limites acceptables.


Si la thèse de l’incident électrique venait à être reconnue officiellement, elle impliquerait la responsabilité de ceux qui ont été à l’origine de l’incident (employés de la SNPE ou travaillant pour une entreprise sous-traitante) mais aussi de tous ceux qui n’ont pas su, ou pas voulu, prendre les mesures de sécurité nécessaires. Elle impliquerait la responsabilité de la SNPE mais également celle d’EDF et des services du ministère de l’Industrie (dont la DRIRE) puisqu’il il eut suffit de protéger l’alimentation électrique de la SNPE (et des autres entreprises du pole chimique) par quelques inductances pour qu’un incident de type « phase-terre » soit sans conséquence. D’un côté quelques centaines de milliers de francs de prétendues « économies », de l’autre des dizaines de milliards de dégâts.

On comprend que les véritables responsables se soient retranchés derrière la thèse « officielle », celle qui élimine la « piste électrique » !

Cependant, dans une interview donnée à l’hebdomadaire « L’Express » ( 27 juin 2002), Serge Biechlin, directeur de l’usine AZF, n’a-t-il pas déclaré que : « …Certains éléments laissent penser que l’origine de l’explosion pourrait provenir de l’extérieur ». C’est aussi ce que disent les membres de la commission d’enquête interne, celle qui a été mise en place par les patrons d’AZF. Mais, bien évidemment, ni le directeur d’AZF, ni les membres de cette commission n’osent avancer le nom de la SNPE. Il n’y a guère qu’en privé qu’ils se permettent parfois de préciser leurs doutes. Toutefois, si l’origine de l’explosion se situe en-dehors du site AZF, il ne faut pas être Madame Soleil pour deviner d’où pouvait provenir l’incident qui a déclenché le processus catastrophique.


Un fait demeure toutefois non élucidé. Comment l’incident électrique initial a-t-il pu se produire ? Que s’est-il passé à la SNPE ?


Nous avons vu que l’unité de cogénération était en maintenance au moment où la catastrophe s’est produite. En mars 2002, Daniel Depris a rencontré Thierry Deransart à Toulouse. Ils ont longuement discuté de la « piste électrique » et de ce qui aurait pu provoquer l’incident.

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Ci-contre, deux photos du transfor-mateur du poste de la SNPE. Elles ont été prises par Thierry Deransart et publiées dans le n°3408 de «Valeurs Actuelles».


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Une analyse de ces clichés permet de remarquer des dégâts qui ne peuvent pas avoir été provoqués par l’explosion d’AZF mais bien par un incident de type électrique.


C’est le cas pour les dommages qui sont visibles au niveau des jeux de barre (qui relient les unités de produc-tion au transfor-mateur) et de leurs isolateurs.

On voit très bien qu’une barre (D) s’est détachée et repose sur la car-casse du transfor-mateur.


Immédiatement après l’accident, le poste « Ramier » (SNPE) fut placé sous scellé par la police judiciaire. Pourquoi cette mesure aurait-elle été prise si, comme le prétendent les experts officiels, aucun incident n’avait été signalé au niveau des installations électriques de cette entreprise ?

La mise sous scellé ne se justifie que par la nécessité de maintenir les choses en l’état pour les besoins de l’enquête et cette mesure n’a pu être prise que si les enquêteurs avaient des raisons de soupçonner le poste de transformation SNPE d’être impliqué dans la catastrophe du 21 septembre.

On est aussi en droit de se demander pourquoi les relevés informatiques d’EDF et de RTE sont conservés par les enquêteurs « officiels » qui refusent de les communiquer à qui que ce soit, y compris aux membres de la commission d’enquête interne du groupe Total-Fina.

De cette discussion il a résulté qu’un faux-couplage n’était pas à écarter. C’est ce qui arrive lorsqu’un courant non synchrone est injecté dans un transformateur alimenté par un courant synchrone. Or, le jour de l’accident, le transformateur 63/20 kV de la SNPE était alimenté par un courant parfaitement syn-chrone fourni par EDF. On peut donc imaginer que l’on ait pu remettre l’unité de co-génération en fonctionnement sans s’assurer que les groupes turboalternateurs étaient bien déconnectés du transformateur.


A ce stade, il faut savoir que de tels groupes ne peuvent fournir un courant synchrone (fréquence de 50 Hz) qu’à partir du moment où les turbines ont un régime stable, ce qui n’est pas le cas en phase de démarrage. Le fait d’avoir fait démarrer les groupes alors qu’ils étaient connectés électriquement au poste de transformation - fausse manœuvre typique - aurait eu pour conséquence de générer des contraintes magnétiques très importantes, tant au niveau des groupes qu’au niveau du transformateur.

Le défaut de synchronisme, dans un système polyphasé, est un défaut majeur qui peut détruire les équipements électriques raccordés à ce réseau et même entraîner une défaillance générale du réseau. C’est pour cette raison que des « tampons » ont été disposés entre les réseaux occidentaux (généralement stables sur le plan de la fréquence) et les réseaux des anciens pays de l’Est (dont la stabilité en fréquence est plus aléatoire).

En cas de défaut de synchronisme, le matériel se met à produire des vibrations intenses, des vibrations de très basse fréquence (50 Hz et harmoniques) qui sont très peu audibles (sauf à faible distance) mais se transmettent très bien dans le sol. Ce sont sans doute ces vibrations que certains membres du personnel d’AZF ont perçues alors qu’ils travaillaient dans les sous-sols de certains bâtiments. Il ressort en effet, de plusieurs témoignages recueillis par les délégués CGT d’AZF, que de telles vibrations ont été ressenties avant la première explosion.


On a parfois évoqué la possibilité d’un « acte de malveillance », autrement dit d’un acte terroriste qui aurait visé les installations de la SNPE. Il s’agit là d’une hypothèse qui ne peut pas être rejetée à priori. Mais il ne semble pas qu’elle soit la plus vraisemblable, du moins au stade actuel de nos investigations.


On en arrive ainsi à un scénario presque complet. Il implique très vraisemblablement une fausse manœuvre de départ, une erreur humaine qui va être à l’origine de l’incident électrique initial. Sous l’effet des contraintes magnétiques - et des vibrations qui en résultèrent - il se pourrait qu’une barre de couplage se soit détachée. Elle serait alors entrée en contact avec des éléments métalliques « à la masse », entraînant, par voie de conséquence, la mise à la terre de l’une des phases du réseau 63 kV.

C’est le classique incident « phase-terre ». L’installation étant dépourvue de bobines de Petersen, le courant de défaut s’est propagé dans le sol en direction du poste EDF-RTE de Lafourguette en passant sous le hall 221 de l’usine AZF.

Mais avant de faire exploser le nitrate en vrac contenu dans ce hall, il est tout-à-fait possible que le courant de défaut ait pu être à l’origine d’une autre explosion, moins violente et d’une nature différente. C’est cette explosion qui aurait précédé la déflagration destructrice de quelques secondes.


On ignore encore la nature exacte de cette première explosion mais tout porte à croire qu’elle a eu lieu sur le site de la SNPE, celui qui a été soumis aux montées de potentiel-terre les plus importantes et les plus rapides.

On peut concevoir qu’une étincelle ait pu faire détonner un produit quelconque, ce qui n’aurait rien de surprenant dans une usine telle que la SNPE. Cette explosion, bien qu’assez puissante pour être entendue de loin, n’aurait toutefois pas été très destructrice. La direction de l’entreprise a fort bien pu en faire disparaître les traces assez rapidement, pour autant qu’elle ait laissé des traces spécifiques.


Ce scénario-catastrophe comporte encore quelques lacunes mais il ne doit pas être très éloigné de la réalité. Il est confirmé par divers éléments d’expertise (comme les relevés de magnétométrie effectués dès le mois de décembre 2001) et il est rendu crédible par sa parfaite cohérence.

C’est ce qui le différencie des « hypothèses officielles » que cautionnent les experts qui, dès le départ, ont reçu ordre de chercher dans une seule direction et pas dans les autres. En « bons petits soldats de l’Etat », ils se sont conformés aux ordres reçus.

Il n’empêche que leurs dernières « conclusions d’étape », celles qui constituent le rapport transmis à la presse en date du 5 juin 2002, n’ont été avalisées que par trois experts sur la quinzaine qui constituent l’ensemble de la commission officielle. On n’y trouve que trois noms (Deharo, Geronimi et Van Schendel) et aucune mention des deux experts en électrotechnique.

Certains « soldats » seraient-ils sur le point de déserter ? A l’instar des rats qui quittent un navire qui ne va pas tarder à couler, sont-il prêts à débarquer de la galère ?

Une chose est certaine, pour les trois signataires qui sont censés s’exprimer « au nom du collège des experts », le credo reste le credo, un point c’est tout. Et pour que les choses soient bien claire, leur rapport débute par cette phrase significative : « La catastrophe industrielle survenue le 21 septembre 2001 sur le site de l’ A.Z.F résulte d’une seule explosion ». C’est à prendre ou à laisser, pas question de discuter   Et pour être certains d'avoir été bien compris, les trois auteurs reviennent à la charge à la fin du document : « Le mécanisme initiateur, aboutissant à la seule explosion, cadre parfaitement avec l’étude en détonique conduite par cette expertise».

L’attitude pour le moins bizarre du « noyau dur » des experts a été notée par de nombreux observateurs. C’est ainsi que, dans son article du 6 juillet 2002, Thierry Deransart révélait qu’en préambule à la réunion d’expertise qui s’était tenue à Toulouse, le 27 mars 2002, Daniel Van Schendel (l’un des trois signataires du document dont il vient d’être fait mention) avait déclaré : « Pour que les choses soient claires, je vous rappelle le contexte : il y a eu une explosion et une seule le 21 septembre, et la SNPE est totalement hors de cause… ».

Ainsi parlait « La voix de son maître ».

Ce qui est clair, c’est que les dés étaient pipés dès le départ.

Et ce que ne semblent pas avoir compris ces « éminents experts », c’est qu’à force d’insister aussi lourdement, ils se sont rendus suspects aux yeux des moins clairvoyants !


L’un des communiqués du CEPHES a été consacré à ces fameuses « conclusions d’étape » ainsi qu’au rapport intermédiaire produit, en mars 2002, par la commission interne du groupe Total-Fina.

A propos de ce rapport intermédiaire intitulé « Point de situation des travaux en cours à la date du 18 mars 2002 », on notera que la commission interne reprend à son compte toute une série d’arguments qui tendent à accréditer l’hypothèse électrique. Et nous avons vu que le directeur d’AZF n’hésite pas à déclarer à la presse que l’origine de la catastrophe pourrait se situer à l’extérieur du site d’AZF.


De plus en plus isolée, la commission « officielle » persiste à se maintenir sur des positions à la fois indéfendables et ridicules. Et même si la plupart des experts officiels ne se mêlent pas à ce cœur (en fait un « trio ») de perroquets supposés savants, ils n’osent pas se permettre de contester publiquement la thèse officielle. Ils sont presque tous tributaires de l’Etat français d’une manière ou d’une autre et ils savent que la machinerie étatique ne manquerait pas de se retourner contre eux s’ils venaient à « cracher dans la bonne soupe ». Ils sont donc les complices passifs des manipulateurs puisqu’en n’osant rien dire, ils mentent par omission !


Une telle obstination à nier les évidences relève évidemment de la malhonnêteté intellectuelle la plus lamentable. Elle ne peut s’expliquer que par la volonté de protéger des intérêts extrêmement puissants, en l’occurrence ceux de la SNPE, entreprise d’Etat qui est en pleine mutation et qui devrait, d’ici 2003, se poser en leader européen du secteur des poudres et explosifs.


C’est ce qu’a fort bien démontré Daniel Depris dans son communiqué du 29 juin 2002 (communiqué 038-02 du CEPHES). Il a rappelé qu’un projet de fusion était en cours entre la SNPE et des entreprises belges, suédoises et finlandaises, le siège de ce nouveau groupe européen devant être installé à Paris.


La catastrophe de Toulouse tombait donc au plus mal. Et il y a fort à parier que le gouvernement de l’époque (celui de L. Jospin) s’est empressé de concocter un plan visant à laver la SNPE de tous soupçons. On pouvait se permettre de sacrifier AZF, dont la division « engrais » n’était plus très rentable, mais il fallait impérativement sauver une opération militaro-industrielle qui devait permettre à la France de contrôler l’essentiel du marché européen des poudres et explosifs.

Car derrière la SNPE, il y a le ministère de l’Industrie mais aussi - et surtout - celui de la défense nationale, un ministère qui a le culte du « secret » et qui a, à sa disposition, les manipulateurs les plus chevronnés de tout l’hexagone (10).


Dans les couloirs de ces ministères, on murmure d’ailleurs qu’un « accord tacite » serait intervenu entre la direction du groupe Total-Fina-ELF et le gouvernement français. Cet accord devrait permettre d’entériner la thèse officielle – celle qui rend AZF responsable de la catastrophe – en échange de diverses « compensations ».

C’est ainsi que le « septembre noir de la ville rose » est devenu le « dossier noir du gouvernement rose », un dossier dont le gouvernement « bleu » de J-P. Raffarin a hérité en juin dernier. Mais, dans ce type d’affaire, peu importe la couleur du gouvernement. Ce ne sont pas les ministres qui décident de ce genre de choses. Ils se contentent de faire ce qu’on leur dit de faire, comme les simples exécutants qu’ils sont. Quant aux membres de la « haute fonction publique », ils sont encore bien plus contraints à faire ce qu’on leur dit de faire, du moins s’ils ne veulent pas nuire à leur « carrière ».


Or, le hasard a voulu qu’Hubert Fournier, préfet de la Haute-Garonne (qui est aussi le préfet de la région Midi-Pyrénées) soit un ancien « conseiller technique » de Gaston Deferre, à l’époque où celui-ci était ministre de l’Intérieur. Et qui dit ministère de l’Intérieur dit « bonnes relations avec la police » !

Second « hasard », Hubert Fournier connaissait fort bien François Roussely – actuel président du CA d’EDF - qui fut lui-même directeur-général de la Police Nationale (à l’époque où le futur préfet était membre du cabinet Deferre) et Directeur de la Sécurité civile (sous Pierre Joxe).Tout ce « beau monde » se connaissait et pouvait parfaitement s’entendre pour mettre rapidement en place une opération de désinformation.



(10) La malhonnêteté intellectuelle des dirigeants de la SNPE – et de leurs « experts » - transparaît clairement dans les communiqués que cette entreprise a cru utile de diffuser dès que la « piste électrique » a été évoquée, au tout début de 2002 (communiqués que l’on peut aussi trouver sur le site Internet du groupe SNPE). On trouvera le texte des communiqués des 17 et 31 janvier 2002, ainsi que mes commentaires, à la fin du présent ouvrage (documents annexes).

Les arguments avancés par la SNPE sont d’une mauvaise foi lamentable. On retrouve bien évidemment, dans les communiqués de la SNPE, le credo officiel selon lequel il n’y a eu qu’une seule explosion.

A partir du moment où le duo EDF-RTE détenait les preuves matérielles d’un incident électrique ayant précédé l’explosion de l’usine AZF, il était facile pour le chef du gouvernement (Lionel Jospin qui avait nommé Fournier à Toulouse) de faire jouer les relations qui unissent les hauts-fonctionnaires.


Il était aussi très facile de faire taire les « politiques » du coin puisque le président de région (le socialiste Martin Malvy) avait été, en son temps, secrétaire d’Etat à l’énergie et président du syndicat d’électrification du Lot. De même, le président du conseil-général de la Haute-Garonne (le socialiste Pierre Izard) préside, lui aussi, un syndicat départemental d’électrification et entretient, de ce fait, des rapports étroit avec EDF-RTE.


Notons cependant que François Roussely, en homme prudent, a refusé de signer un document par lequel on aurait tenté de lui faire cautionner la thèse selon laquelle un défaut électrique sur le poste SNPE n’aurait pas pu produire une montée en potentiel de la terre capable de générer des arcs électriques. Il est vrai que Roussely a raconté tellement d’âneries monu-mentales lors des tempêtes de décembre 1999 (sur la base de ce que lui affirmaient ses « conseillers en communication ») qu’il n’est plus tellement disposé à cautionner n’importe quoi, même à la demande expresse du ministère de l’Industrie.

Par contre, le tout nouveau président de RTE (11) – André Merlin – s’est empressé d’adhérer au plan de désinformation qui s’efforce de nier la réalité de l’accident électrique. Dès le 3 janvier 2002, il avait fait diffuser un communiqué de presse où il affirmait que l’hypothèse électrique ne reposait sur aucune réalité, ajoutant que « …le 21 septembre 2001, aucun incident électrique dans le secteur de l’usine AZF n’a été enregistré avant et au moment même de l’explosion… ».


(11) Depuis 2000, la nouvelle entreprise RTE a été chargée de l’exploitation du réseau de transport d’électricité, autrement dit des ouvrages de 63.000 V et plus. EDF ne conserve que les réseaux dit « de distribution » qui lui ont été concédés, soit les lignes HTB (moyennes tensions) et les lignes « basses tensions » (380 et 220 V). Cette disposition a été prise conformément à la réglementation européenne.

André Merlin a été nommé président de RTE pour six ans, c’est-à-dire jusqu’à ce qu’il ait atteint l’âge de la retraite (65 ans).

Contrairement à Roussely qui est énarque, Marlin est « X-Supelec », ce qui signifie qu’il a fait l’Ecole polytechnique (école militaire) avant de faire l’école supérieure d’électricité.

On notera, en passant, que l’alimentation en électricité de la SNPE se fait en 63.000 V et est donc du ressort de RTE depuis que le réseau de transport a été attribué à cette entreprise issue d’EDF. Si notre hypothèse est la bonne, RTE se trouve bien plus directement concernée qu’EDF, ce qui expliquerait, du moins en partie, la différence d’attitude des deux présidents. Dans cette affaire, Roussely n’a aucune raison de se mouiller pour couvrir Merlin. Si l’on en croit la rédaction de « Valeurs Actuelles », François Roussely détiendrait même, depuis la mi-mars, les conclusions d’une expertise interne d’EDF qui démontrerait que le « scénario » concocté par RTE serait un faux !

Ces quelques éléments d’information renforcent encore le sentiment selon lequel le dossier de la catastrophe du 21 septembre 2001 a été truqué, dès les premières heures, par le pouvoir politique et administratif en place.

On retrouve ici une méthode de manipulation qui a été utilisée chaque fois que la responsabilité des pouvoirs publics, des entreprises d’état ou des forces armées pouvait être engagée. On la retrouve notamment dans une autre affaire qui implique, elle aussi, un incident de type « EED »(12). Il s’agit de l’explosion, au-dessus de Long Island, du vol 800 de la TWA (vol New York-Paris). Plusieurs experts américains, ainsi que le président du CEPHES, avaient émis l’hypothèse selon laquelle, le Boeing avait été affecté par les puissantes émissions radio et radar d’une flotte de navire de guerre qui effectuait des manœuvres trois mille mètres en dessous de l’avion de ligne. Captée par les structures métalliques du Boeing – et notamment par les réservoirs situés dans les ailes – l’énergie électromagnétique aurait provoqué de minuscules arcs électriques qui auraient fait exploser les gaz de kérosène contenus dans les réservoirs (12)


(11) On nomme « Electro Explosive Device » (EED), les phénomènes physiques qui entraînent une explosion par le fait d’une étincelle générée par un courant électrique ou par un rayonnement électromagnétique. Aux Etats-Unis, plusieurs accidents aériens ont été officiellement imputés aux émissions radioélectriques produites par des radars, notamment les « Pave Paws » de l’US Air Force. Sur ces radars, les militaires ont dû installer un système de protection qui réduit automatiquement la puissance d’émission lorsqu’un aéronef s’approche trop près de l’installation. Il existe des risques d’accident EED dans tous les cas où des matières explosives peuvent être mises en présence d’arcs électriques. C’est notamment le cas dans les stations services et c’est pour cette raison que certaines compagnies pétrolières interdisent l’utilisation de téléphones portables à proximité des pompes à essence (voir à ce propos le dernier ouvrage de D. Depris intitule « Les ondes de la mort »).

Cette hypothèse, bien que très sérieuse, a été écartée d’office par les enquêteurs qui ne voulaient pas compromettre l’US Navy et les gardes-côtes. Ce genre d’attitude est systématique lorsque les autorités militaires sont impliquées dans un tel accident. On la retrouve, en France, lors de l’accident de l’Airbus A-320 de la compagnie Air France qui s’était écrasé sur le mont Ste Odile.

Dans deux articles bien documentés, qui furent publiés par le mensuel « QSO Magazine », Daniel Depris avait démontré que cette catastrophe aérienne avait fort bien pu être occasionnée par les émissions radioélectriques d’une base militaire de l’OTAN qui se situe à très peu de distance de l’aéroport de Strasbourg. Le FMGC (ordinateur central de gestion du vol) de l’Airbus aurait été affecté par ces émissions au moment où il gérait la phase critique de l’atterrissage. Les pilotes n’auraient pas eu suffisamment de temps pour reprendre l’appareil en main et il avait percuté le sommet du mont Ste Odile.

Ici aussi, cette hypothèse de travail « dérangeante » n’avait jamais été suivie par les enquêteurs officiels. Il ne fallait surtout pas impliquer les militaires de l’OTAN, ni remettre en question la fiabilité du système de gestion informatique de vol des A 320 (pourtant démontrée par in certain nombre d’incidents de vol).

Dans ces différents exemples, les pouvoirs publics avaient décidé, dès le départ, de l’orientation de l’enquête. Il était interdit de suivre un autre axe de recherche que celui qui avait été déterminé en vertu des intérêts à protéger. On est là au cœur même du système de la « pensée unique étatisée » et de la langue de bois, un système qui implique que les « empêcheurs-de-magouiller-en-rond » soient éliminés ou discrédités d’une manière ou d’une autre. Aux Etats-Unis, le pouvoir de la presse (et des médias) est tel que les autorités peuvent difficilement faire pression sur les journalistes qui refusent de se soumettre au « credo d’Etat ». En France, la situation est très différente.

C’est ainsi que la courageuse revue « QSO Magazine » fut mise en faillite par le trésor public peu de temps après avoir publié les articles relatifs à la catastrophe du Mont Ste Odile. Une méthodologie à peu près similaire a été employée vis-à-vis du « Figaro » et de « Valeurs Actuelles ». Mais comme il ne pouvait être question de mettre ces deux puissants organes de presse en difficulté financière, l’état français eu recours à la machinerie judiciaire, laquelle fit preuve d’une rapidité fort peu coutumière pour condamner le quotidien et l’hebdomadaire parisiens.


Je ne conteste pas le fait qu’il y ait eu matière à condamnation mais je constate que les mêmes autorités judiciaires sont, par contre, peu disposées à condamner les journalistes qui, très régulièrement, colportent des fausses nouvelles dans le cadre d’opérations de désinformation orchestrées par l’Etat français ou par des entreprises publiques. C’est ainsi que l’on n’a jamais intenté d’action en justice contre les journalistes du « Nouvel Observateur » ou de « Marianne » (entre’autres) qui ont pris une part très active aux campagnes de désinfor-mation d’EDF (et de son avatar RTE). Et lorsqu’une plainte est déposée, elle est systématiquement « classée sans suite ».

On peut donc légitimement parler de collusion entre le pouvoir judiciaire et les services de l’Etat. Fermons la parenthèse.


Mais tandis que nous nous rapprochons du premier anniversaire de cette catastrophe, certaines pièces du puzzle sont toujours manquantes. On devine certes ce que le puzzle représente dans son ensemble mais cela ne suffit pas pour que la vérité soit établie de façon définitive et irréfutable.


AZF va disparaître et la SNPE ne produira plus de phosgène à Toulouse, ce qui aboutira aussi à réduire assez considé-rablement les activités de Tolochimie et d’Isochem. Il en résultera la perte de milliers d’emplois directs et indirects. La faute à qui ? A ceux qui ont fermé les yeux pendant des décennies, aux décideurs qui n’ont rien décidé ou qui ont pris de mauvaises décisions, à tous ceux qui ont attendu qu’une catastrophe survienne pour prendre des mesures « en urgence », des mesures qui vont bouleverser la vie de plusieurs milliers de personnes.

Tout cela, c’est la conséquence d’une politique industrielle archaïque, une politique fondée sur la routine et marquée par l’incompétence d’un bon nombre de décideurs, politiciens ou technocrates.


Daniel Depris, cet « expert-militant » (selon l’expression du journaliste toulousain Eric Dourel) issu de la gauche « pure et dure », est arrivé à des conclusions qui diffèrent peu de celles de la rédaction « droitière » de « Valeurs Actuelles ». Il n’a rencontré qu’une seule fois Thierry Deransart et leurs investigations se sont déroulées sans aucune connivence.

Lors de leur entrevue, à deux pas de la place du Capitole, ils ont évidemment évoqué le dossier AZF.  Mais ils ont aussi échangé quelques considérations philosophiques. C’est Daniel Depris qui, le premier, a évoqué la personne de Jean Jaurès. Jaurès fut conseiller municipal de Toulouse (où il enseignait) et son buste trône à l’intérieur du monumental hôtel de ville, au pied de l’escalier qui mène à la « salle des Illustres ». Pour le président du CEPHES, l’un des textes majeurs du philosophe de Castres est son « Discours à la Jeunesse » de juillet 1903.


Daniel Depris a souvent fait mention de la remarquable définition du courage qui constitue la dernière partie de ce discours. Dès ses débuts dans la vie militante, il a fait sienne cette phrase qui dit que « Le vrai courage, c’est de chercher la vérité et de le dire. C’est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe, et de ne pas faire écho, de notre bouche et de nos mains, aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques ». Cette phrase évoquée par Daniel Depris, Thierry Deransart l’a reprise dans son article du 22 mars 2002.


Jaurès venant au secours de « Valeurs Actuelles » ?

Cela peut, à priori, paraître aberrant. Mais Deransart n’est-il pas le petit-fils d’un journaliste qui fut l’un des collègues de Jaurès à l’époque où celui-ci présidait aux destinées du quotidien « L’Humanité » ? La pensée de Jaurès ne vient-elle pas tout simplement au secours des Toulousains et des Toulousaines, de ces milliers d’hommes et de femmes qui ont le droit de savoir ce qui s’est véritablement passé le 21 septembre sur les bords de la Garonne.


Trente personnes sont mortes, des centaines ont été blessées, des milliers sont encore traumatisées par la catastrophe. Ces gens n’ont que faire des « intérêts de l’Etat », autrement dit des intérêts de quelques poignées de nantis qui ne cherchent qu’à préserver leurs acquis et à camoufler leurs combines.

Les syndicalistes CGT d’AZF parlent du droit de mémoire. Ils veulent savoir pourquoi et comment leurs camardes sont morts. Daniel Depris, au nom du CEPHES, veut connaître la vérité afin que l’on puisse en tirer toutes les leçons nécessaires et prendre les mesures qui s’imposent afin que de tels drames ne puissent plus se reproduire. La rédaction de « Valeurs Actuelles » cherche la vérité pour prouver que ce n’est pas parce que l’on se trompe une fois que l’on se trompe à tous les coups.

Ces trois motivations sont différentes et pourtant elles se rejoignent. Mais si elles ne constituent en rien un « complot contre l’Etat », elles contrarient, tout au contraire, le complot orchestré par l’Etat contre la vérité.


Cette vérité, elle ne doit pas être bien éloignée de tout ce qui vient d’être dit dans les pages qui précèdent. Plusieurs dizaines de personnes la connaissent mais se taisent. Elles se taisent par lâcheté ou par opportunisme comme dans toutes les affaires de ce genre.


Saurons-nous un jour ce qui s’est réellement passé à Toulouse, le 21 septembre 2001 vers 10 heures 17’ ? J’espère bien que oui.

L’affaire finira un jour devant les tribunaux et là, le grand déballage pourra peut-être se faire. Les syndicats pourront faire valoir leur point de vue et faire citer tous les témoins qui voudront bien comparaître, notamment ceux dont la police a refusé d’enregistrer le témoignage ou ceux qui ont été abordés par des « individus non identifiés » qui ont tenté de les convaincre qu’ils n’avaient pas entendu deux explosions ou qu’ils avaient eu des « hallucinations » en croyant voir des éclairs ou des lueurs avant les explosions.

Nous ne devons pas nous attendre à ce que la justice française condamne l’Etat français de quelque manière que ce soit, et surtout pas pour désinformation et manipulation, délits qui ne sont pas punissables en droit français. Mais nous pouvons espérer que le voile se dissipera peu à peu et qu’un jour viendra où la vérité finira par éclater au grand jour. Et ce jour là, ce ne sont pas les magistrats qui jugeront, ce sont les électeurs et les électrices, de Toulouse et d’ailleurs.


Les deux hommes qui, à ce jour, se sont sans doute approchés au plus près de cette vérité sont Daniel Depris et Thierry Deransart.


Si l’on recoupe les documents du CEPHES avec les articles de « Valeurs Actuelles », on peut se faire une idée assez précise de ce qui a dû se passer à Toulouse, dans la matinée du 21 septembre 2001.

Mais le dernier mot revient sans nul doute au président du CEPHES qui déclarait, tout récemment : « La vérité n’est pas le propre des gens de gauche, pas plus qu’elle n’est le propre des gens de droite. La vérité est le propre des gens honnêtes » !



André DISPEIL

Annexes
Les annexes sont disponibles uniquement sur le CD-ROM

Mise à jour du 21 septembre 2002 :

Selon certaines rumeurs qui circulent, l’incident électrique qui a provoqué l’explosion du hall 221 de l’usine AZF aurait lui-même été provoqué par l’explosion d’un réservoir contenant un produit à fort pouvoir détonant servant à la fabrication du carburant de la fusée Ariane. C’est cette explosion qui aurait provoqué l’arrachement d’une barre, laquelle aurait engendré le défaut « phase-terre » en tombant sur la carcasse du transformateur. On connaît la suite.

L’origine de la catastrophe se situerait donc toujours à la SNPE comme semblent le confirmer la plupart des enregistrements sismiques qui indiquent que la première explosion se serait produite sur le site de la SNPE.

Cette hypothèse n’a cependant été confirmée par aucune preuve. Si une explosion a affecté un réservoir de la SNPE, elle peut tout aussi bien avoir été la conséquence de l’incident électrique.

Aucune conclusion précise ne pourra être tirée aussi longtemps qu’il n’aura pas été possible de comparer les enregistrements informatiques d’EDF et de RTE avec ceux des sismographes qui ont détecté les deux explosions. Et encore faut-il que ces enregistrements n’aient pas été manipulés.

Si le déclenchement du poste EDF-RTE de Lafourguette a précédé l’enregistrement de la première explosion, il est évident que c’est le courant de défaut qui a provoqué celle-ci. Dans le cas inverse, ce serait l’explosion qui aurait endommagé le poste SNPE et, par voie de conséquence, provoqué l’incident électrique et ses funestes effets.

Affaire à suivre.

Mise à jour de décembre 2002 :

Les experts « officiels » - qui ne savent plus comment faire pour imposer les mensonges étatiques – n’ont de cesse de sortir une nouvelle « hypothèse » dès que la précédente s’est écroulée. Car il s’agit de maintenir la « version officielle » quoi qu’il arrive et cette version n’admet pas d’autres hypothèses que celles qui découlent d’un « accident chimique » imputable à AZF et rien qu’à AZF.

Aux dernières nouvelles, on parlait d’un « trafic de chlore » qui aurait été à l’origine de l’accident. Décidément, ces « messieurs-dames » commencent à manquer singulièrement d’imagination et sombrent peu à peu dans la fiction la plus délirante !

Pour sa part, Daniel DEPRIS demeure convaincu que la piste de l’accident électrique (impliquant la SNPE) est la seule qui soit véritablement cohérente.

Tout récemment, en effectuant des recherches relatives aux accidents de type « EED » (Electro Explosive Device), il s’est remémoré un accident qui défraya la chronique au début du mois de mai de l’année 1937.

Le 6 mai très exactement, un long cigare argenté survolait le New Jersey. Il s’agissait du luxueux dirigeable « Hindenburg », fierté de l’Allemagne nazie, qui avait quitté Francfort quelques jours plus tôt avec 98 personnes à son bord. Long de 245 mètres, large de 41 mètres, haut de 45 mètres, il était le plus grand dirigeable en exploitation. Quatre moteurs diesels de 1.050 CV lui permettaient d’atteindre la vitesse de 70 nœuds (135 km/h) tandis que 190.000 m³ d’hydrogène, répartis dans seize cellules, étaient nécessaires pour le maintenir en l’air, l’Allemagne n’ayant pas les possibilités, à cette époque, de produire de l’hélium en grande quantité. Ce transatlantique volant avait une autonomie de 14.000 km. Outre ses 40 hommes d’équipage, ils pouvait emporter jusqu’à 72 passagers.

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Vue en coupe du dirigeable « Hindenburg ».


Ce jour-là, le temps est orageux sur la côte Est des Etats-Unis. Le Hindenburg tourne en rond au-dessus New-Jersey pendant plusieurs heures avant qu’une légère amélioration de la météo lui permette de s’approcher du sol en vue de son amarrage. Une fois à la verticale de la tour métallique qui lui sert de point d’amarrage, l’équipage largue les longues amarres servant à la manœuvre terminale. Il se trouve alors à environ 60 mètres au-dessus du niveau du sol. Les passagers sont prêts à débarquer.Soudain, on aperçoit un peu de fumée qui s’échappe de la partie arrière du dirigeable. La fumée devient rapidement plus dense puis, brusquement, l’enveloppe de l’engin s’embrase. En un rien de temps, le Hindenburg se transforme en un gigantesque brasier et s’écrase au sol. Trente-six personnes meurent dans cet accident spectaculaire qui fut filmé en direct par des cameramen américains venus assister à l’arrivée de ce géant des airs (qui avait déjà effectué 63 voyages vers New-York et le Brésil depuis sa mise en service).

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Cette photo a été prise au moment où la partie arrière s’embrase.

Bien que l’on ait parlé de sabotage et d’un sniper qui aurait tiré sur le Hindenburg, personne ne crut à ces hypothèses fantaisistes. L’enquête officielle - menée par des experts américains et allemands - défendra la thèse d’une fuite d’hydrogène ayant été à l’origine de l’incendie. Or, cette thèse « officielle » ne résistait pas à un examen attentif des faits et des témoignages. Quelques semaines seulement après l’accident, un expert allemand (Otto Beyersdorf) avait d’ailleurs démontré que cette thèse ne tenait pas debout. Son rapport avait cependant été « occulté » par les autorités allemandes et ce, pour deux raisons : primo parce qu’il mettait en évidence des défaillances graves dans la conception du dirigeable (ce qui était préjudiciable à l’image de marque de l’industrie allemande et du régime hitlérien), secundo parce que le gouvernement allemand voulait profiter de l’accident pour accuser les Etats-Unis d’être en partie responsables de la catastrophe (en ayant refusé de vendre de l’hélium aux Allemands).

Et pourtant, Beyersdorf avait vu juste. L’incendie du Hindenburg n’était pas dû à une fuite d’hydrogène mais à la combustion de l’enveloppe externe, celle-là même qui donnait au dirigeable son bel aspect argenté. En effet, les flammes rouge vif qui avaient été observées dès l’embrasement du dirigeable (les toutes premières avaient une couleur argent-rose selon les témoins) indiquaient que la combustion provenait de toute autre chose que de l’hydrogène (qui brûle sans flammes visibles). D’autre part, aucun témoin n’avait mentionné la forte odeur d’ail qui aurait dû accompagner une fuite de gaz puisqu’un produit chimique nauséabond était mélangé à l’hydrogène pour pouvoir, précisément, détecter les fuites éventuelles.

C’est l’examen des échantillons de l’enveloppe qui fourniront la solution du problème. En examinant ces échantillons (obtenus auprès du constructeur), il apparut que l’enveloppe avait été recouverte de plusieurs couches de produits destinés à l’imperméabiliser, à la renforcer et à lui donner son aspect extérieur. L’un de ces produits contenait des quantités importantes de salpêtre, autrement dit de nitrate de potassium (NO3K). Or, il s’agit là d’un produit très inflammable, voire explosif, qui entrait jadis dans la composition de la poudre à canon. Sous l’effet de la chaleur, ce nitrate se transforme en nitrite puis libère son oxygène en donnant de l’oxyde potassique. L’oxygène ainsi libéré ne fait qu’accroître la vitesse de réaction et de combustion. Et circonstance aggravante, la peinture argentée qui recouvrait cet enduit état à base de poudre d’aluminium. L’enveloppe du dirigeable était donc susceptible de s’enflammer à la moindre étincelle.

Et c’est bel et bien ce qui se produisit le 6 mai 1937. Le temps orageux avait accru la différence de potentiel entre le sol et les nuages et, lorsque les amarres humides furent lancées vers le sol, elles permirent à la charge accumulée dans le sol de s’élever vers le ciel en passant, bien évidemment, par le dirigeable (c’est le principe de la foudre). Il n’en fallait pas plus pour qu’un arc électrique n’apparaissent au niveau de l’enveloppe. Vu sa chaleur (plus de 4.000°C), cet arc fut à l’origine de la réaction chimique qui entraîna la combustion de ladite enveloppe.

En 1997, un expert de la Nasa – Addison Bain – parvint à récupérer un morceau d’enveloppe provenant des ateliers qui avaient fabriqué le Hindenburg. Les tests qu’il fit effectuer sur cet échantillon lui permirent d’aboutir aux mêmes conclusions que Beyersdorf. Il n’empêche que la « version officielle » est demeurée inchangée. On continue à incriminer l’hydrogène alors qu’il est évident que c’est le revêtement de l’enveloppe qui a provoqué la catastrophe. On notera d’ailleurs qu’un accident à peu près similaire était survenu en 1935 avec un dirigeable gonflé à l’hélium (gaz ininflammable) et dont l’enveloppe avait été enduite avec un produit à base d’acétate et de poudre d’aluminium.

L’affaire du « Hindenburg » illustre bien la problématique des accidents et des catastrophes qui peuvent avoir des répercussions financières ou politiques (souvent les deux à la fois) et dont on s’efforce de dissimuler les causes réelles en recourant à des experts « conciliants » qui acceptent d’avaliser la version qui convient aux autorités politiques et autres instances compétentes. Dans le cas du Hindenburg, il faut considérer la situation politique de l’époque mais aussi la guerre commerciale à outrance que les compagnies maritimes aux compagnies exploitant des dirigeables et même aux compagnies aériennes qui commençaient à lorgner sur le marché des vols de longue durée. Les intérêts en jeu étaient considérables.

L’affaire du vol TWA 800 a amené la présidence du CEPHES à considérer qu’il y avait eu, là aussi, une tentative évidente de dissimulation des causes réelles de l’accident. Pour mémoire, l’explosion – au-dessus de Long Island – de ce vol Paris-New York ( le 17 juillet 1996) avait fait 230 victimes.

Ici encore, la « thèse officielle » n’est pas édifiante. Elle se fonde, certes, sur l’explosion de l’un des réservoirs du 747 mais elle ne permet pas d’expliquer valablement cette explosion. Beaucoup plus intéressante est la thèse qui fut défendue par le Pr Scarry (Université de Harvard) dans un article intitulé « La chute du TWA 800 : possibilité d’une interférence électromagnétique ». Elle sera appuyée par les déclarations de plusieurs autres experts américains et s’accorde assez bien avec celle qui fut proposée par Daniel DEPRIS. Il s’agit d’expliquer l’explosion du Boeing par un phénomène de type EED, autrement dit par une micro-étincelle survenant entre les pièces métalliques du réservoir. Une telle étincelle a fort bien pu être provoquée par les charges électromagnétiques auxquelles l’avion civil a été soumis tandis qu’il survolait, à environ 10.000 pieds, une zone de manœuvres de l’US Navy et des gardes côtes US (voir « Les ondes de la mort » de D. Depris).

Cette thèse est étayée par le fait que, moins de deux minutes avant l’explosion, des dysfonctionnements étaient apparus au niveau de l’équipement électrique de l’avion. Ils étaient vraisemblablement dus aux perturbations électromagnétiques qui feront exploser le gaz de kérosène dans l’un des réservoirs.

La commission d’enquête a cependant refusé de prendre cette hypothèse de travail en compte car elle aurait eu pour effet de mettre en cause les équipements des forces armées (déjà compromis dans l’affaire des radars « Pave Paws » de l’US Air Force). C’est pour les mêmes raisons que les autorités françaises ont refusé de prendre en compte la piste électromagnétique (avancée par Daniel Depris) lors du crash d’un Airbus A 320 sur le Mont Ste Odile.

Hindenburg, TWA 800, accident du Mont Ste Odile et catastrophe d’AZF mettent en évidence de graves dysfonctionnements dans les procédures d’enquête, le but des autorités étant d’orienter ces procédures dans une direction prédéter-minées en fonction de différents intérêts considérés comme « prioritaires ».


Mises à jour de février 2003 :

Dans son numéro 3452 du 24 janvier 2003, l’hebdomadaire « Valeurs actuelles » a publié un dossier complémentaire relatif à la catastrophe du 21 septembre. Il s’intitule : «AZF : le mensonge était presque parfait ».


Ce dossier bien documenté, démontre, une fois pour toutes, qu’il y a bien eu deux explosions distinctes séparées de quelques secondes. Il se fonde sur l’étude comparée des différents enregistrements sonores qui ont pu être consultés, notamment celui qui fut réalisé dans le cadre d’une réunion du comité d’entreprise du personnel d’Air France. Cette réunion se tenait dans les locaux de Montaudran à seulement quelques centaines de mètres du bureau occupé par le CEPHES. Comme Daniel DEPRIS l’avait affirmé dès le départ, on entend bel et bien deux explosions. La première a les caractéristiques d’un claquement sec d’assez faible amplitude que l’on peut prendre pour l’explosion d’un pneu ou le passage du mur du son par un avion (ce sera la réaction de plusieurs témoins chez Air France). Elle est suivie de la seconde explosion, plus sourde et beaucoup plus puissante. On retrouve ces caractéristiques dans d’autres enregistrements (Hôtel Dieu, Radio Présence,…) avec des intervalles de temps qui vont de 7 secondes à une dizaine de secondes.

Ces enregistrements sont connus depuis septembre 2001 mais ils n’avaient pas empêché les enquêteurs « officiels » de se ridiculiser en tentant d’accréditer, contre vents et marées, la thèse de l’explosion unique.

« Valeurs Actuelles » reproduit, par ailleurs, une lettre « confidentielle » émanant du département « Recherche et développement » du groupe Hutchinson. Daté du 14 février 2002, ce document établit que le CEA (Commissariat français à l’Energie Atomique) avait bien enregistré deux explosions distinctes sur ses sismographes. La localisation de la première explosion correspond au site SNPE, la seconde au site AZF (voir l’article pour pl us de détails).

Il est donc évident qu’il y a bien eu deux explosions et qu’il faut, de ce fait, déterminer leurs causes et leurs origines. C’est précisément ce que l’Etat français a toujours cherché à éviter car il est tout aussi évident que l’explosion initiale n’a pas eu lieu chez AZF mais sur le site voisin de la SNPE. Et comme le CEPHES l’a mentionné dans l’un de ses communiqués de presse, il est vraisemblable que l’Etat français, propriétaire de la SNPE, a tenté d’échapper à ses responsabilités en montant une énorme opération d’escroquerie à l’assurance.

Le dossier de « Valeurs actuelles » mentionne par ailleurs la tentative de reconstitution, en date des 9 et 11 octobre 2002) du dernier des « scénarii chimiques » (déversement accidentel de dérivés chlorés sur le tas de nitrate), laquelle s’est soldée par un échec retentissant (un de plus).


La seconde partie du dossier se fonde sur une analyse des photos aériennes du site toulousain. « Valeurs actuelles » publie côte à côte une photo prise avant la catastrophe (juillet 2001) et une autre prise le 28 septembre 2001, huit jours après le drame. Elles sont à la même échelle et montrent la partie du site A ZF qui jouxtait le hangar 221. On y relève plusieurs « anomalies intéressantes ». Même chose pour les vues aériennes du site SNPE qui sont reproduits ci-après telles qu’elles ont été publiées par la revue française.

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La première photo (ci-dessus) présente la section sud du site SNPE dans sa configuration d’avant l’explosion. On remarque le hangar marqué « C » qui va se « volatiliser » le 21 septembre 2001en détruisant le toit du bâtiment d371 dont il constitue l’annexe (ainsi que quelques petits bâtiments voisins).

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Sur la photo prise le 28 septembre, on voit que la toit du bâtiment 371 a complètement disparu tandis que son annexe n’existe plus. Et pourtant, si l’on persiste à prétendre que l’explosion s’est produite chez AZF (qui est hors cliché, vers la gauche), le bâtiment 371 aurait dû servir d’écran pour son annexe et celle-ci aurait subi moins de dégâts. On comprendra mieux cette remarque en jetant un coup d’œil sur la photo d’ensemble qui a été publiée par « Valeurs Actuelles » (page suivante). Cette vue aérienne montre la quasi totalité du site SNPE (sur l’île formée par la Garonne) et la partie nord du site AZF. Au-dessus du cratère formé par l’explosion du hall 221, on remarque les entrepôts dévastés de la SEMVAT (de l’autre côté de la route d’Espagne) et le poste EDF de Lafourguette.

On peut juger de l’alignement quasiment parfait qui existe entre le poste électrique de la SNPE, le hall 221 d’AZF et le poste EDF (ou encore entre la passerelle métallique, le hall 221 et le poste EDF). C’est le chemin de « moindre résistance électrique » qui fut emprunté par le « courant de défaut » généré par l’incident électrique.


Cet incident, dont nous avons toujours dit qu’il fut à l’origine de l’explosion du stock de nitrate d’ammonium, la rédaction de « Valeurs Actuelles » l’évoque encore dans son numéro 3453 du 31 janvier 2003. Dans un article intitula : « AZF-SNPE : Désormais Perben n’exclut plus rien… », Thierry Deransart revient une fois encore sur la suite des incidents qui confirment l’hypothèse que le CEPHES a défendue dès la fin de l’année 2001. Même la direction de la SNPE n’ose plus parler de l’ « accident d’AZF » et, avec beaucoup de prudence, fait savoir qu’elle « estime n’avoir pas à prendre parti en faveur de telle ou telle thèse ». Ce qui n’a pas empêché cette même direction de s’indigner, dans le même temps, de « …l’acharnement mis par l’hebdomadaire Valeurs Actuelles – dont les motivations réelles mériteraient analyse (sic) – à désigner le site industriel de la SNPE comme siège du fait générateur de l’explosion du hangar de l’usine AZF ».

La direction de la SNPE ne prend pas parti mais essaye quand même de noyer le poisson par des « effets de manches ». On notera, en passant, que cette direction ne s’est jamais « indignée » des thèses défendues par le CEPHES. Notre site Internet est pourtant très visité et l’on y trouve à peu près les mêmes arguments que dans les colonnes de « Valeurs Actuelles ». Mais voilà, on ne peut pas faire de procès d’intention au CEPHES (qui n’a pas de « motivations cachées »). La SNPE (autrement dit l’Etat français) préfère donc concentrer ses tirs contre « Valeurs Actuelles » mais, à vrai dire, sans guère de réussite.


La dernière « contre-enquête » de Thierry Deransart ne fait que confirmer la thèse de Daniel DEPRIS. On y apprend notamment, photo à l’appui, que le volet protégeant les bornes du transformateur électrique T 10 d’AZF a littéralement fondu sous l’effet d’un arc électrique qui s’est produit sur cette liaison de secours à 6,2 kV qui relie la SNPE à AZF en empruntant la passerelle métallique qui franchit le bras de la Garonne (et supporte plusieurs canalisations dont celle qui transportait le gaz phosgène). Le trou généré par l’arc électrique fait environ 60 cm de large pour 18 de haut. Si l’on sait que la tôle avait une épaisseur comprise entre 2 et 3 mm, on peut calculer qu’il a fallut un courant de l’ordre de 15.000 à 20.000 ampères pour générer l’énergie nécessaire à la fusion du métal. D’aucuns pensent que l’énergie ainsi dégagée a pu dépasser les 150 millions de joules.

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Sur cette photo (Valeurs Actuelles – n° 3453), on voit comment le volet métallique a fondu au niveau de l’arc qui s’est produit à hauteur des isolateurs de traversée du transformateur T10 d’AZF qui permet des échanges électriques de secours (sous 6,2 kV) entre la SNPE et AZF.



La liaison interne 6,2 kV entre la SNPE et AZF a donc pu constituer un axe privilégié pour le courant de défaut généré au départ du poste SNPE-Ramier. Mais il ne faut pas négliger, pour autant, le retour par la voie directe, c’est à dire par le sol très conducteur (voir ce qui a été dit par ailleurs à ce propos).


Le schéma publié par « Valeurs Actuelles » dans son n° 3453 (page 19) doit donc être corrigé en ce sens, le courant de défaut ayant certes emprunté la liaison de secours jusqu’au transformateur T10 mais ayant, dans le même temps, emprunté le trajet le plus court entre le poste SNPE et le poste EDF, lequel passe sous la Garonne et directement sous le site de production des ammonitrates (AZF). Nous l’avons visualisé par une flèche rouge sur le schéma de « Valeurs Actuelles » (voir page suivante).

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Ce dessin a été assorti d’une légende visant à reconstituer le timing de l’accident. En voici la reproduction.

Ce timing est corroboré par les enregistrements des défauts électriques qui sont détenus par EDF et RTE. Ce sont eux (ainsi que les enregistrements sismiques) qui permettent de préciser l’heure de l’incident initial : 10 heures 17 minutes et 55 secondes. La seconde explosion se produit à 10 heures 18 minutes et 5 secondes.


Une énigme demeure cependant dans ce dossier.

L’incident électrique a-t-il provoqué l’explosion primaire (avant de provoquer la seconde) ou serait-ce, à l’inverse, l’explosion primaire qui aurait été à l’origine de l’incident électrique et, par voie de conséquence, de l’explosion du site AZF ?

A ce stade de nos investigations, les deux solutions demeurent envisageables.

La première nous ramène à l’hypothèse du « faux couplage » qui a été longuement exposée dans le corps de notre étude. Le faux couplage aurait généré des contraintes énormes sur le transformateur de la SNPE avec pour effet de provoquer la chute d’une barre transportant le courant de l’une des phases du système triphasé. Le courant de défaut ainsi généré (défaut « phase-terre ») aurait fort bien pu provoquer l’explosion quasi immédiate de matière explosives stockées au sein même de la SNPE (première explosion) avant de provoquer l’explosion du nitrate d’ammonium stocké chez AZF.

La seconde postule que c’est l’explosion de produits stockés à la SNPE (on pense à du perchlorate d’ammonium utilisé pour la fabrication des carburants pour fusées) qui aurait engendré la chute d’une barre. Les deux incidents ayant été à peu près simultanés, il est difficile de déterminer avec certitude celui qui a précéder l’autre.

On peut cependant mentionner le fait que les directions d’EDF et de RTE ont fini par admettre, elles aussi, qu’il y aurait eu deux explosions distinctes (il n’y a plus que les imbéciles pour affirmer le contraire) cependant que le premier incident électrique (déclenchement du poste EDF) aurait été enregistré une seconde et 21 centièmes de seconde après la première explosion. EDF a aussi confirmé qu’un défaut « très énergétique » a affecté la liaison 6,2 kV (SNPE-AZF) pendant 900 millisecondes, générant un courant de défaut d’environ 18.000 ampères. Et les experts d’EDF de préciser que « L’expérience d’EDF de ce genre d’arcs triphasés et du rayonnement qu’ils produisent peut être rapprochée des témoignages recueillis et consignées (…) sous le titre « Observations visuelles : éclairs lumineux » (… ) les témoignages donnent des manifestations lumineuses avant l’explosion du 221 ; le défaut 6,2 kV de 900 ms a pu (ou a probablement dû) provoquer un arc très lumineux ; cet arc, s’il s’est produit avant l’explosion du 221, peut expliquer les témoignages… ». Et le document d’EDF de conclure que rien ne permet de dire que toute la chaîne d’incidents électriques survenus sur le site d’AZF serait la conséquence d’un souffle se propageant du nord vers le sud de l’usine.


EDF admet donc à demi mots (*) que les incidents électriques ne sont pas consécutifs à l’onde de choc résultant de l’explosion du hall 221. Il pourrait difficilement en être autrement puisque l’on sait que le défaut électrique primaire a eu lieu avant l’explosion du hall 221et que le souffle de l’explosion s’est essentiellement propagé vers le nord et le nord-est. Cet aveu est essentiel mais il ne permet pas de trancher entre les deux solutions de l’énigme.

Parmi les partisans de la solution n°2, on trouve des personnes qui demeurent persuadées que la première explosion aurait eu une origine criminelle, des terroristes ayant voulu s’en prendre aux intérêts français en visant la SNPE. Cette hypothèse ne peut pas être rejetée purement et simplement, d’autant qu’un attentat visant la SNPE paraît plus plausible qu’une action une fabrique d’engrais comme AZF. Il n’empêche que la thèse de l’action criminelle ne nous paraît pas la plus solide, même dans le contexte particulier de septembre 2001.


(*) Bien que le « dire d’experts » du 23 décembre 2002 (signé par Me Jean-Pierre Simon, avocat d’EDF) soit sans ambiguïté en ce qui concerne ce qui est énoncé ci-dessus, l’entreprise publique a tenté de se rétracter par le biais de déclarations qui ont notamment été répercutées par « La Dépêche du Midi » (édition du 31 janvier 2003), ce « journal de la démocratie » qui, depuis 1940, affiche une malencontreuse tendance à la « collaboration » et dont nous pensons qu’il conviendrait d’analyser les « motivations réelles » !


En cette mi-février 2003, on peut avancer ce qui suit :


  1. Un incident de départ (accident ou acte de malveillance) s’est produit à la SNPE le 21 septembre 2001 vers 10 heures et 17minutes.

  2. Cet incident a provoqué la chute d’une barre au niveau du transformateur du poste « Ramier-SNPE » avec production d’un très fort courant de défaut qui s’est répercuté dans le réseau triphasé de secours 6,2 kV reliant la SNPE à AZF mais aussi dans le sol (retour direct vers le poste EDF de Lafourguette).

  3. Ce courant de défaut a détruit le poste T10 d’AZF et il a fait déclencher le poste EDF de la Fourguette (premier incident enregistré par EDF et RTE). Il a aussi généré les « éclairs » qui ont été vus par différents témoins et chargé les masses métalliques à un potentiel électrique très élevé (ce qui explique également les « chocs électriques » ressentis par des membres du personnel d’AZF juste avant la seconde explosion). Il a aussi généré différents dysfonctionnements au niveau électrique et informatique.

  4. Cette mise au potentiel terre des masses métalliques, en générant des arcs électriques, est très vraisemblablement à l’origine de l’explosion du stock de nitrate d’ammonium qui se trouvait dans le hall 221 et ce, selon un processus de décomposition par la chaleur qui a été exposé, par Daniel DEPRIS, dans les documents et communiqués du CEPHES. Cette explosion a provoqué une seconde série d’incidents électriques (enregistrés par EDF et RTE).

  5. La catastrophe n’a donc pas une origine chimique. Il y a eu deux explosions distinctes et l’Etat français s’est rendu coupable de tentatives de désinformation et de manipulation afin d’échapper à ses responsabilités.

  6. La catastrophe aurait été évitée si les installations électriques du secteur incriminé avaient été sécurisées par des inductances de compensation (bobines de Petersen). Elle résulte donc d’une grave négligence industrielle qu’EDF, RTE et le ministère de l’Industrie s’efforcent d’occulter. Le dossier relève aussi de la tentative d’escroquerie aux assurances.


Il ne faut pas s’appeler Nostradamus pour prédire que le « dossier AZF », par ses implications et ses répercutions est appelé à devenir un scandale retentissant qui impliquera de nombreux dirigeants politiques et un très grand nombre de fonctionnaires

Mise à jour du 21 septembre 2003 :

Deux longues années se sont écoulées depuis la terrible catastrophe. Et pourtant, l’enquête « officielle » n’a toujours pas réussi à fournir une explication satisfaisante en ce qui concerne la cause de l’explosion qui a détruit AZF et une partie de la ville de Toulouse.

Les enquêteurs mandatés par les instances officielles persistent à s’enliser dans des théories biscornues visant à accréditer la thèse de l’accident chimique, celle qui convient le mieux à l’Etat français puisqu’elle permet de faire payer la facture (on parle aujourd’hui de près de 4 milliards d’euros) par les assureurs du groupe Total-Fina.

Et pourtant, c’est bel et bien l’hypothèse de l’incident électrique qui demeure la plus cohérente et la plus plausible. Mais elle a un grave défaut : elle implique la responsabilité de la SNPE !


En ce 21 septembre 2003, il est acquis qu’il y a bel et bien eu DEUX explosions distinctes, séparées entre elles par un intervalle de l’ordre de 8 à 9 secondes. Il est également acquis, documents à l’appui (on a fini par les « retrouver »), qu’un incident électrique a été enregistré par EDF AVANT que ne survienne l’explosion dévastatrice, celle du hall 221 de l’usine AZF.

Le fait que l’on soit à présent certain que l’incident électrique primaire a précédé la seconde explosion est un élément majeur qui accrédite l’hypothèse électrique. Il constitue aussi un démenti cinglant des affirmations émanant de la direction de le SNPE et selon lesquelles tous les incidents électriques auraient été la conséquence de l’explosion du hall 221. Il est d’ailleurs de plus en plus évident que les dirigeants et porte-parole de cette entreprise d’Etat n’ont pas cessé, depuis deux ans, de mentir effrontément. Et quand on ment à ce point là, c’est que l’on a quelque chose de grave à cacher !


L’hypothèse défendue par Daniel DEPRIS depuis le fin de l’année 2001 tend donc à se confirmer. C’est bel et bien la mise à la terre d’une phase du réseau 63.000 volts qui aurait, par voie de conséquence, généré les arcs électriques qui ont été vus par de nombreux témoins visuels, les incidents électriques divers qui ont précédé la catastrophe de quelques secondes et, bien entendu, l’explosion d’une partie des 300 tonnes de nitrate d’ammonium que contenait le hall 221.

Il a été confirmé que la dalle en béton de ce hall était fissurée en de nombreux endroits et la démonstration qui a été faite par le président du CEPHES continue à tenir la route. Un ou plusieurs arcs auraient été produits au sein même de la masse de nitrate, depuis les armatures métalliques de la dalle endommagée (les fissures étant bourrées de nitrate et les armatures en contact avec le sol mis au potentiel du réseau électrique). La suite du scénario est alors d’une banalité déconcertante sur le plan physico-chimique : les très hautes températures (plus de 4.000°C) générées par les arcs électriques enclenchent le processus de décomposition du nitrate et, en quelques secondes, il se forme une poche qui va se combiner à l’oxygène de l’air pour constituer le mélange gazeux détonant. C’est ce qui explique le délai de 8 à 9 secondes qui va s’écouler entre l’explosion primaire (à la SNPE) et l’explosion secondaire et dévastatrice (AZF).

C’est cette hypothèse qui était déjà avancée dans la toute première mouture du présent ouvrage.


Il demeure cependant que l’origine de la première explosion demeure inconnue. Que s’est-il passé à la SNPE dans la matinée du 21 septembre 2001 ?

Là, c’est l’omerta la plus complète. A la SNPE, on nie tout en bloc.

Et cependant, il apparaît aujourd’hui que la direction de la SNPE avait été informée de « graves menaces d’attentat » dés le début du mois de septembre.

On peut alors se demander si l’explosion primaire n’était pas due à un acte de malveillance visant, non pas AZF, mais la très « stratégique » SNPE.

On peut ainsi imaginer le scénario suivant :


Malgré les mesures de sécurité renforcées, un individu malveillant réussi à installer une charge explosive visant à détruire les installations de stockage du gaz phosgène, à la SNPE.

L’explosion est toutefois de trop faible puissance pour atteindre l’objectif visé, à savoir la destruction des enceintes de confinement et des cuves contenant le gaz mortel. Le but de l’attentat aurait été de « gazer » le centre de Toulouse en libérant une nappe de phosgène qui aurait été poussée vers le centre-ville par le vent venant du sud.

Toutefois, l’explosion est suffisamment puissante pour endommager le système d’alimentation électrique au niveau du poste de la SNPE (poste dit « Ramier »). Une phase de l’alimentation 63 kV est ainsi mise accidentellement à la terre, générant un fort courant de défaut qui va prendre la direction du poste EDF de Lafourguette en passant sous le hall 221 de l’usine AZF.

Cet incident, sans doute non prévu, aurait alors eu pour conséquence de détruire Toulouse, non par l’effet d’un gaz toxique, mais par l’explosion de l’usine qui jouxte la SNPE. Et il s’en fallut de peu que cette explosion n’entraîne à son tour la destruction des éléments et de transport de stockage du phosgène.


Il ne s’agit certes là que d’un scénario hypothétique. Mais il se fonde sur des éléments concrets, non sur de simples suppositions. Car il y a bien eu explosion sur le site de la SNPE quelques secondes avant la catastrophe proprement dite. Et les enceintes de confinement du gaz phosgène ont bel et bien été endommagées (ce qu’avait tenté de cacher la direction de la SNPE).

On pourrait sans doute penser que l’explosion primaire aurait pu être elle-même la conséquence de l’incident électrique. Mais l’inverse est tout aussi plausible et l’on ne peut pas éliminer d’office la possibilité d’un attentat commis sur le site de la SNPE. Car si un attentat avait été préparé, la seule « cible » intéressante était, non pas AZF, mais le stock de phosgène de la SNPE. C’est lui qui, depuis des années, était montré du doigt et désigné comme le seul véritable risque potentiel pour Toulouse. Il était donc logique que des terroristes se soient focalisés sur cette cible toute désignée.


En ce 21 septembre 2003, on peut donc penser que la piste terroriste n’est pas aussi invraisemblable qu’il n’y paraît. Mais à la condition de la resituer dans le contexte qui lui convient, celui de la SNPE. Elle permettrait d’expliquer le mutisme persistant des dirigeants de cette entreprise ainsi que leur volonté de désinformer la presse, les médias et l’opinion publique. Elle permettrait surtout d’expliquer comment l’incident électrique a pu se produire puisque, à ce jour, l’hypothèse du faux couplage n’a pas pu être prouvée. Car comme Daniel DEPRIS l’a bien précisé dès le départ, la mise à la terre d’une phase d’un réseau triphasé est un accident rarissime qui doit avoir des causes précises, soit l’ébranlement d’un transformateur soumis à de très fortes contraintes magnétiques (générant elles mêmes des contraintes mécaniques), soit une explosion qui ébranle les jeux de barres ou provoque la rupture d’un câble.

Qu’un acte terroriste ait été commis en France dix jours après les attentats de New-York et Washington n’a rien d’invraisemblable. D’autant que la France héberge un nombre important d’activistes musulmans qui n’attendaient qu’un signal pour passer à l’acte. Et ce signal, ce fut celui du 11 septembre 2001.

Pour peu que la SNPE ait été « infiltrée » depuis un certain temps, l’organisation d’un attentat pouvait se faire en quelques jours seulement. New-York n’était pas la capitale des USA mais elle fut choisie par les terroristes en tant que symbole du capitalisme américain. Toulouse n’est pas la capitale de la France mais c’est le symbole de la réussite française et européenne dans plusieurs domaines et notamment dans le domaine spatial. Détruire Toulouse en gazant son centre vital pouvait être perçu de la même manière que la destruction des tours jumelles de New-York. Aux Etats-Unis, ce sont des avions américains qui servirent de bombes. A Toulouse, c’est le gaz produit par une usine d’Etat qui aurait servi à annihiler la ville et principalement ses « ressources humaines ». En y réfléchissant bien, il y a là de très nombreux points de concordance. Assez, en tous cas, pour que l’hypothèse de l’attentat ne soit pas écartée.


Quant à l’hypothèse électrique, qu’elle soit ou non la conséquence d’un attentat, elle ne fait plus guère de doute. Et l’avenir finira par nous donner raison. Ce jour-là, il faudra que des tas de personnes viennent s’expliquer devant la justice et devant les citoyens. Du premier ministre aux dirigeants des entreprises concernées en passant par les fonctionnaires de tous niveaux, ils devront dire pourquoi ils ont menti. Ce sera sans doute l'un des plus grands scandales de l’histoire de France contemporaine.

A propos de l'explosion d'AZF...
Voir aussi :

couverture USINES DE MORT

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